Chapitre 19

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Faolàn voit arriver Pranan: il n'a pas bougé du rocher, perdu dans ses pensées.
"Fao."
La voix de son ami le tire de son état de transe et il tourne la tête, légèrement surpris.
"C'est bon, elle dort comme un bébé."
Faolàn se passe une main fatiguée sur le visage.
"Finalement, elle sait écouter quand elle veut."
Pranan rit, puis son visage redevient sérieux lorsqu'il repense à l'histoire du pari.
"D'ailleurs, tu te souviens de ce que tu as dit? La séduire en un mois ou elle crève?"
Faolàn se fige. Il regarde quelques instants devant soi.
"J'avais complètement oublié...", murmure-t-il et pousse un rire froid "On dirait qu'elle va mourir alors. Parce qu'il me faudrait au moins dix fois le temps qu'il me reste pour qu'elle daigne au moins me parler."

Pranan secoue la tête.
"Et ça ne te fais rien?"
Faolàn fronce les sourcils.
"Ça devrait?"
Son ami ne répond rien. Il lui lance seulement un regard dédaigneux. Faolàn grogne avant de parler: il n'a pas l'habitude de justifier ses paroles et ses actes.
"Elle m'énerve, Pranan, elle m'énerve à ne jamais obéir, à me provoquer, à m'humilier, à tout remettre en cause. Tout m'énerve, même sa façon de regarder, lorsqu'elle ouvre la bouche et que je sais qu'elle va me contredire encore et encore!"
Pranan secoue la tête.
"Tu ne te rends même pas compte, Fao, peut-être qu'elle t'énerves, peut-être qu'elle est pour toi l'être le plus énervant du monde, mais en attendant, tu te préoccupe d'elle, tu la laisse dormir dans tes fourrures et sous ta tente. Depuis qu'elle est là, elle est ce qui préoccupe toutes tes pensées. Alors raconte ce que tu veux mais je pense que l'idée qu'elle meurt ne te laisse pas insensible."

La peur prend Faolàn au ventre. Est-ce qu'il... Pranan dit la vérité ?... Non... Non! Il était un guerrier sans sentiments et sans coeurs, il ne se préoccupe de personne et encore moins d'une petite villageoise.

"Je m'en fous d'elle Pranan! Qu'elle meurt dans une seconde, qu'elle disparaisse demain, je n'en ai strictement rien à faire!"
Sa voix est remplie de colère. Pranan pousse un rire dur.
"Ah ouais? Tu t'en fiches? C'est pour ça que t'as passé la nuit à chialer dans ses bras? Que tu es devenu fou lorsqu'elle a tenté de partir? Quand -"
La main de Faolàn part toute seule et frappe Pranan au visage.

Avant même qu'il n'est le temps de réagir, Faolàn s'en va et se dirige vers les autres tentes. Il entre chez Vam qui est penché sur des écrits, ses longs cheveux sales couvrant son visage strié de cicatrices violettes. Il lève la tête et voit dans quel état est son jeune guerrier.
"Toi, tu ne viens pas juste me faire la morale parce que j'ai... Goûté ta délicieuse petite prisonnière.", dit le chef. Faolàn serre les dents quelques instants. Tu me le paieras. Lorsqu'il est à nouveau en état de parler, il dit d'une voix tendue et tremblante de rage:
"Vam, je veux venir ce soir, pour détruire ce camp dans la forêt."
Vam le regarde de haut en bas puis hoche la tête.
"Ça sent le désir de violence, gamin.", il lui sourit "On part dans peu de temps. Prépare toi."
Faolàn tape son poing droit sur l'épaule opposée et sort de la tente avec des pas décidés.

~***~

Le combat avait été sanglant.
Faolàn ne s'était pas retenu et des têtes étaient tombées en masse. Il avait bu, il avait couché avec les quelques femmes sur place.
Lorsqu'ils rentrent au camp, la nuit n'est même pas encore passé et il a la tête embrumée d'alcool et il est recouvert de sang. Il rentre dans sa tente.

Dans son lit, il voit une jeune femme qu'il ne reconnaît pas dans son brouillard alcoolisé.
Elle est dans ses fourrures.
Elle prend sa place.
Dans un accès de colère, il la pousse brutalement à même le sol. Le choc la réveille et elle le regarde avec des yeux à moitié endormis et apeurés.

Il ricane et lui donne un coup de pied, elle gémit, il lui donne un deuxième coup violent.
"Tu t'es vu? À quatre pattes et tremblante, on dirait une chienne! Et tu sais où elle est la place des chiens? Dehors! Les chiens, ça va dehors! Alors tu dégages!"
Sans se faire prier plus longtemps, des larmes pleins les yeux, la jeune femme sort.

À l'intérieur de la tente, Faolàn se dénude et jette un regard dédaigneux à la sortie de sa tente avant de s'allonger dans ses fourrures. En quelques secondes seulement, il s'endort et se perd dans ses rêves.

"Alors comme ça, on a faim? On a froid? On a peur?"
L'homme ricane et fait siffler le fouet. Faolàn, recroquevillé, remonte un peu plus les épaules. Le coup va tomber et il le sait. En plus d'avoir faim, froid et peur, il aura mal. Faolàn se met à pleurer. Il ne peut rien faire contre cet homme. Il ne peut rien...
Dans un élan de désespoir, il se jette à ses pieds, sa voix est brisée lorsqu'il parle.
"Pitié... Pitié..."
Le premier coup s'abat sur son dos et la lanière grave sa peau déjà marquée.
"Pitié!", hurle-t-il avant que sa voix ne se casse et se perde dans des cris de douleur.
Finalement, ça s'arrête et Faolàn reste au sol, le corps recouvert de sueur, la respiration sifflante.
L'homme lui met un coup de pied et il pousse un gémissement sourd.
"Tu es un chien, Faolàn, et la place des chiens, c'est dehors!"

Faolàn se réveille brusquement, en sueur.
Freyja.
Il lui avait dit la même chose. Il l'avait mise dehors alors qu'elle pouvait à peine marcher... Un élan de culpabilité lui serre le coeur tandis qu'il se lève. Finalement, Pranan n'avait pas si tort: l'idée que Freyja meurt et qu'elle soit blessé ne le laisse pas indifférent.
Bordel.
Il sort de la tente: elle est introuvable.
Elle n'a pas pu aller bien loin, dans son état. Il fait quelques pas et l'aperçoit, roulée en boule au sol, secouée de sanglots.
Il s'approche et s'accroupit à côté d'elle.
"Freyja?"
"Dégage!", hurle-t-elle, " Je te hais! Je te déteste espèce de monstre! Laisse-moi enfin mourir que je sois débarrassée!"
Elle hoquette et tourne la tête vers le ciel.
"Par tout les dieux, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça!"
Faolàn déglutit. Il veut être en colère mais il n'y arrive pas. Il sait qu'elle a raison: à ce moment là, il se dégoûte lui-même au plus profond. Il inspire profondément.

"Freyja, laisse-moi te porter jusqu'au lit. S'il-te-plaît. Après je sortirai, je ne... Je ne te ferai rien et je ne m'approcherai pas de toi. Je te le promets."
"Je ne veux pas dormir dans tes couches! Tout ce qui t'as touché me révulse, te voir m'est une torture!"
Faolàn ferme les yeux.
"S'il-te-plaît.", finit-il par demander. Une simple supplication. Freyja se remet à pleurer et ne répond rien, alors il la prend dans les bras. Elle se débat au début mais elle n'a pas la force de continuer. Elle n'a plus de force du tout.

Il l'allonge dans les fourrures, doucement, et avec un dernier regard douloureux sur elle, il sort de la tente.

Bonjour, bonjour!Alors oui, cette histoire est pour l'instant très violente, mais je tiens à préciser que ça se déroule dans d'autres conditions que le monde des bisounours

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Bonjour, bonjour!
Alors oui, cette histoire est pour l'instant très violente, mais je tiens à préciser que ça se déroule dans d'autres conditions que le monde des bisounours.

J'espère que ça vous plaît malgré tout, je fais de mon mieux

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J'espère que ça vous plaît malgré tout, je fais de mon mieux.
En tout les cas, n'oubliez pas que je suis ouverte à toute critique et qu'un petit commentaire me fait toujours plaisir.
Bisous les choupinets
La blonde

Vénus a froidWhere stories live. Discover now