Chapitre 17

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À l'extérieur de la tente, Faolàn ferme les yeux quelque instants. Ses sentiments lui font ressentir un ascenseur émotionnel incroyablement dérangeant.
Il n'est pas habitué aux sentiments et encore moins à des ressentis tel que la culpabilité. Il tue des hommes sans même ressentir un pincement au coeur mais il est maintenant là à se sentir coupable d'avoir fait mal à une pauvre gamine? Quel incroyable paradoxe. Faolàn rit doucement mais durement.

Qu'est-ce qu'elle l'énerve en plus, à ne pas obéir une seule fois. Qu'a-t-il donc fait pour écoper d'une mule pareille?Lorsqu'il se sent plus calme, il rentre dans la tente à nouveau. Freyja n'a pas bougé et est dans la même position, ses cheveux emmêlés se mêlent à la fourrure qui la recouvre.
Il s'approche d'elle et s'assoit à côté du lit.
Réfléchit à ce qu'il va dire et se racle la gorge.
"Avant... Je ne t'ai pas donné ça pour te faire du mal mais... " il baisse la voix, extrêmement mal à te l'aise " ...je voulais que tu te reposes pour faire baisser ta fièvre."
Cette fois-ci, Freyja bouge et l'observe longuement avant de dire d'une voix éraillée:
"On dirait une excuse."
Faolàn reste muet et la jeune femme continue sa tirade, sa colère prenant le dessus.
"Et bien, juste pour que tu le saches: je me fiche de tes raisons. Je me fiche de toi et je ne te pardonnerai jamais. Ce que tu m'as obligé à subir n'est digne d'aucun homme et c'est pourquoi, dorénavant, je ne te considérerai même plus en tant que tel. Au début, je te détestais et j'avais peur de toi: maintenant, tout ce que tu m'inspire, c'est le dégoût."
Elle se tait et une larme amère roule sur sa joue.

Faolàn sent à nouveau son agressivité remonter en lui mais cette fois, il ne se met pas à hurler. Quelque part, il sait qu'elle a raison et ses mots touchent en lui quelque chose qu'il avait profondément enfoui. Son coeur. Il se relève.
"Pourrais-tu au moins boire ce que je te donne?"
Freyja soulève le menton et prend un air hautain.
"Pas de ta main.", siffle-t-elle et Faolàn grogne.
"Très bien.", rétorque-t-il d'une voix montrant sa colère intérieure. Il fait une courbette exagérée et sort pour chercher Pranan.

~***~

"Pranan!", crie-t-il à un homme occupé à regarder le vide, assis sur un rocher. Il se retourne et soupire.
"Fao. C'est pour hier soir ?"
Faolàn secoue la tête, quelques secondes abasourdi.
"Non... Du moins pas jusqu'à maintenant...", les sentiments de la veille remonte en lui. "Mais... Qu'est-ce qui t'as pris? Je pensais qu'on était amis, Pran, et tu me... Jettes toute cette merde à la tête en sachant pertinemment l'effet qu'a l'évocation de ces choses sur moi!"
Pranan secoue la tête.
"Je ne m'excuserai pas. Cela fait des années que je ne te reconnais plus, tu prends un plaisir sadique dans la douleur des autres qui me révulse. Et ce que t'as fait à la petite, c'était la goutte de trop. Tu aurais pu la punir par toi-même, pas la laisser aux mains des hommes et Vam, alors que toi tu sais ce qu'il fait aux femmes."
Faolàn fait la moue et puis brusquement, sourit tristement.
"Tu as raison. Bordel, je ne sais même plus qui je suis en dehors d'être une brute. Je ne sais même plus exister sans la violence."

Pranan se lève et lui tape sur l'épaule.
"Je ne sais pas d'où te viens cette illumination soudaine mais il semblerait que la gamine exerce un effet positif sur toi.", les deux pousse un rire fort, Pranan continue:
"D'ailleurs, tu voulais me voir pour quoi?"

Faolàn grogne.
"Faire avaler à cette fichue mule une boisson pour la calmer, histoire qu'elle ferme sa bouche insolente, dorme un coup et qu'ainsi sa fièvre baisse d'un cran. Mais elle refuse de prendre quoi que ce soit venant de moi et toi étant le seul homme sur place ayant un minimum de vertu et de tact,... Tu pourrais t'en occuper?"
Pranan le regarde abasourdi quelques secondes avant de pousser un rire tonitruant.
"Toi, Faolàn le loup sanguinaire, terreur du pays, me demande de donner à boire à une petite fille parce que tu t'inquiète de sa santé? Décidément, tout est possible!"
Faolàn grogne à nouveau.
"Ça va, ça va... "
Il s'assoit ensuite sur le rocher de son ami tandis que celui-ci se dirige en ricanant vers la tente.

Vénus a froidWhere stories live. Discover now