Chapitre 11

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Le corps de Freyja est secoué de spasmes et des larmes salées lui tombent des joues. Elle est penchée en avant, bras et jambes tremblants doucement tandis qu'un air à la fois perdu et en colère éclaire son visage innocent.

« Pourquoi...moi. », répète-t-elle en boucle, les mots peu articulés, la voix brisée.

Faolàn sert les poings et s'arrête, le corps tendu. Il déglutit, hésite. Il sait gérer la haine, la colère, la peur, les hurlements et les insultes. Il sait comment réagir si quelqu'un l'agresse, sait se défendre contre la violence. Il n'a cependant aucune idée comment réagir en face d'une gamine en pleurs et c'est exactement ce qu'il a devant ses yeux. Il déglutit à nouveau. Il ne s'était pas attendu à une réaction pareil, il pensait voir une jeune femme prête à mettre la forêt en feu ou à moitié morte par le froid. Il grogne. Il n'a pas de questions à se poser, elle l'avait bien cherché en l'humiliant devant les autres hommes. Mais tu l'as bien cherché, imbécile. Il se mord la lèvre et se donne une gifle intérieurement pour sa dernière pensée, se redressant. Il allait prendre la gamine et la ramener au village où il tâchera de lui faire comprendre sa place.

Décidé, il desserre ses mains et avance jusqu'à la jeune femme qui finit par se retourner en entendant le bruit de ses pas peu discrets. Ils se retrouvent brusquement face à face. Elle a les yeux rougis et les joues humides, mais ce n'est pas de la faiblesse que Faolàn aperçoit dans les grandes prunelles marron qui le fixent. Elle a dans son regard de la haine et de la furie, un peu de peur et de désespoir.

« Qu'est-ce que tu veux ! », lance-t-elle d'un ton accusateur. Elle redresse son dos courbé et réajuste sa chevelure en désordre, fièrement.

Faolàn grogne, ses yeux lui lançant un regard meurtrier.

« Ce que je veux ? Ne me parle pas sur ce ton ! », crache-t-il, « Ou faut-il que je te rappelle pourquoi ? »

Freyja s'essuie le visage du revers de sa main et pousse un rire dur et dénué de toute chaleur.

« Et pourquoi pas ? Comment veux-tu m'en empêcher ? Allez, dis-moi, je suis curieuse ! Tu vas me couper la langue comme on faisait à l'ancien temps ? Me trancher la tête comme tu l'as fait aux gens de mon village ? Me pendre par les pieds, me faire avaler de la neige ? Ou bien as-tu des idées plus créatives ? Mais écoute-moi bien, monstre, je n'en ai rien à faire ! Tu ne me fais pas peur, toi et ta... ta stupidité bestiale ! »

Faolàn la fixe pendant quelques secondes d'un regard abasourdi, incertain d'avoir bien tendu ce que ses oreilles avaient pu comprendre. Cette garce !

Comment pouvait-elle...

Comment osait-elle...

De que droit...

Son visage se déforme brusquement en un rictus grimaçant et cruel. Il fait un bond vers Freyja qui, surprise, n'a pas le temps de reculer. Il l'empoigne violemment par les cheveux et, rouge de colère, les yeux foudroyant, attire son visage près du sien.

« Ecoute-moi bien, catin. Je ne supporte pas qu'on me traite comme ça, je ne supporte pas qu'on m'insulte. Alors tu vas immédiatement arrêter de me parler sur ce ton, tout simplement parce que je le dis, non, parce que je l'ordonne et je te le répète, mon cœur, tu m'appartiens. A ta place, je ne me donnerais pas d'idées de comment empêcher ta bouche fourbe de s'ouvrir trop vite parce que cela risquerait de prendre une mauvaise tournure pour toi et tes idées joliment imagées risqueraient bien de devenir réalité. Maintenant, tu vas gentiment la fermer et tu vas me suivre jusqu'au camp. Et arrête de chialer, je ne veux pas d'une femme laide dans mon lit, déjà que t'es pas gâtée par la nature. »

Ses derniers mots lui brûlent la langue, tandis qu'il observe le visage de la gamine qui dans sa furie et ses yeux grands ouverts, le corps tremblant de colère et tout sauf laide. Freyja le fixe alors droit dans les yeux avant de sourire froidement. A nouveau, elle lui crache au visage, brutalement, rageusement.

« S'il suffit que je ne sois pas belle pour éviter ta couche sale, je m'enlaidirai moi-même volontairement et avec plaisir ! », rétorque-t-elle avant d'essayer de se défaire de l'étreinte du jeune homme.

Faolàn ne la laisse pas faire et tire d'un coup sec et violent sur sa chevelure pour la maintenir en place. Freyja pousse un grognement sourd de douleur, ayant l'impression qu'il lui arrache la totalité des cheveux. Son cœur bat la chamade. Il faut que je me libère ! Il faut qu'il me lâche ! Le jeune homme pousse un rire rauque et s'essuie la salive d'un mouvement rapide de sa main, la colère pulsant à travers chacune de ses veines. D'un mouvement rapide, il balance la jeune fille sur son épaule qui à nouveau pousse un bruit sourd.

« Où est-ce que tu m'emmènes ! », s'exclame-t-elle d'une voix cassée, fatiguée, « Lâche-moi ! Lâche-moi ! » Ses derniers mots sont presque hystériques, tandis que des larmes de désespoir lui maculent les joues. Faolàn lui donne une tape pour la faire taire et à nouveau, un ricanement lugubre sort de sa bouche.

« On repart au village, ma belle, et cette fois, tu ne vas vraiment pas t'en sortir aussi simplement. »

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Vénus a froidWhere stories live. Discover now