Vénus a froid

Chapitre 37

Elle ne le repousse pas.
Elle ne peut pas le repousser.
Il y a dans ce geste de Faolàn quelque chose d'intense, un mélange de rage et de désespoir que Freyja n'arrive pas à saisir dans sa totalité.

Inconsciemment, elle se penche un peu plus vers lui, elle met ses mains dans ses cheveux étonnamment doux. Faolàn grogne un peu, ses mains à lui se perdent dans le dos de Freyja.

Elle le pousse un peu en arrière, il s'allonge au sol, la tire avec lui, la neige leur caressant bras et jambes. Les cheveux de Freyja lui chatouille la nuque, Faolàn sourit...

"Qu'est-ce que vous fichez !?", s'écrit une voix hargneuse et les deux se figent. Erohel.

Lentement, Freyja se relève. Elle a les joues en feu, les lèvres gonflées. Elle remet ses cheveux en place d'une main tremblante. Faolàn s'appuie sur ses coudes et fixe l'homme en face dont les yeux lui lancent des coups de foudre. Il lui lance un demi-sourire lascif en retour.

"Je ne répéterai pas ma question une troisième fois. Vous êtes chez moi, en train de vous... Lécher dans la neige comme des chiens, pourquoi ?"
"Comme des chiens?", Faolàn hausse un sourcil de manière hautaine "J'étais pourtant persuadé que le chien, c'était toi."

Le visage d'Erohel se crispe.
"Fais attention à ta langue", siffle-t-il "Il se pourrait que ça se retourne contre toi."
Faolàn rit durement.
"Quoi? Tu veux me trancher la gorge? Te venger pas derrière, mettre le feu à ma tunique, un serpent dans mon cou ? Je n'ai pas peur de toi, Erohel, crois-moi, c'est toi qui devrait faire attention, car quand il s'agit d'éliminer certaines personnes, je n'ai aucuns remords."

Erohel ne se démonte pas, au contraire, son visage semble s'illuminer. Freyja, qui a reculé d'un pas, frissonne et se demande où est passé l'autre Erohel. L'homme doux et attentionné, présent quelques heures auparavant. L'homme sans cette lueur de folie dans les yeux.

"Tu n'as peut-être pas peur de moi, mais moi je sais de qui tu as peur. Charmante, ta petite histoire: tu as des talents de conteur. Je suis sûr que ton maître prendra plaisir à les entendre lorsqu'il t'apprendras les bonnes manières."

Le sourire sur le visage de Faolàn disparaît tandis qu'il se relève d'un bond et se jette sur Erohel. Celui-ci fait un bond de côté, Faolàn raté sa cible et l'autre homme ricane.
"Non, non, louveteau, on n'aggresse pas les autres!"

Freyja fait un pas en avant.
"Ça suffit, Erohel !"
"Traînée.", l'insulte ce dernier "Tu couches avec moi et quelques heures plus tard tu te roules par terre avec ce sauvage."
La jeune fille grogne.
"Comment oses-tu !"
Erohel lui jette seulement un regard dédaigneux et se tourne vers Faolàn.
"Je sais que vous avez fui. Je sais tout ce que vous avez fait. Je connais très bien ton maître et si je le veux, il est ici, à l'aube et tu te retrouves pendu à un arbre avec ta petite catin, étant donné qu'elle t'as permis de fuir. Ou peut-être pire", il rit "Mais seulement parler n'est d'aucun intérêt pour moi. Voyez-vous, j'aime beaucoup jouer. J'ai donc une proposition à vous faire en échange de mon silence."
Il se racle la gorge de manière théâtrale et lève sa voix d'un ton.

"Je veux que toi", il montre Freyja du doigt "Tu deviennes ma femme, tandis que je souhaite que toi", il montre Faolàn "Tu travailles pour moi. C'est à prendre ou à laisser: c'est ou ça ou la mort et la torture."

Les mains de Freyja se mettent à trembler. Elle ne veut pas mourir: mais elle préfère mourir que d'épouser ce monstre. Mais... Elle a peur de la torture. Elle a peur de la souffrance. Elle lance un regard affolé à Faolàn qui a serré les dents.

Il ne veut pas se soumettre: il a été soumis toute sa vie, durant des années. La mort et la souffrance, qu'est-ce qu'il en a à faire, de toute façon on l'a déjà brisé. Mais Freyja, Freyja qui s'est occupé de lui jour et nuit et qui avant qu'il ne dévaste sa vie n'avait jamais connu la vraie violence. Il grimace, un goût amer sur la langue.

L'idée qu'elle épouse un autre homme, surtout Erohel, le révulse et Faolàn s'approche un peu plus d'elle. Il est aussi certain que le chantage ne s'arrêterait pas là.

"Alors?"

Faolàn veut refuser net.
Freyja est incertaine tandis qu'une idée se met à germer dans sa tête.
Du temps: c'est tout ce qui leur fallait. Jouer le jeu pour ensuite pouvoir fuir. Elle lance un regard désolée à Faolàn. 'Je t'expliquerai', lui murmure-t-elle.

"J'accepte", dit-elle "À condition que tu jures de ne pas parler."

À côté d'elle, Faolàn la regarde ahuri.
"Et toi, Faolàn?"
Le jeune homme grogne. Il veut dire non, mais il sait qu'il n'a plus le choix, ne serais-ce que pour faire attention à Freyja. Il lui doit la vie, après tout. Il déglutit.
"Bien.", siffle-t-il et Erohel rit à gorge déployée en tapant dans ses mains.

"Merveilleux, c'est tout simplement fantastique! Je n'ai plus qu'à prévenir ma mère - nous célébrons un mariage dans peu de temps, et je dois amener de la paille pour la grange, histoire de loger mon nouveau travailleur."

Freyja lève les yeux au ciel, ses mains tremblant toujours. Où le destin pouvait-il bien être en train de les mener ?

Bonjour, bonjour!
Encore un nouveau chapitre pour vous! Mais où cette histoire va-t-elle se finir? Zut de zut, même moi ça me dépasse, je n'avais prévu aucun de ces développements.

Comme je ne prévois jamais rien, en fait.
Bref, j'espère que ça vous a plu, la suite pour bientôt!

Bisous, bisous - et si vous avez quelques minutes à perdre, passez faire un tour sur ma nouvelle histoire, ça me ferait plaisir de savoir ce que vous en pensez.

Je vous aime ❤
Blondilein.