Chapitre 2

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Deux semaines s'écoulent

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Deux semaines s'écoulent. Deux semaines, durant lesquelles les villageois vivent dans l'incertitude : l'histoire des Winterschlächter est murmurée derrière les mains levées, amplifiée, empirée. La nouvelle de la mort de Solvejg, que le chef du village avait pourtant voulu secrète pour ne pas semer la panique, s'est répandue comme un feu de forêt et à chaque coin de rue on murmure, on complote, se demandant si le village va être attaqué, quand, si ce qu'on raconte est vrai. Certains sont partis se réfugier dans d'autres villages, d'autres se sont barricadés. On ne sait jamais, disent-ils, on ne sait jamais. Une atmosphère lourde et étouffante règne au village.

Au soir de la fin de la deuxième semaine, le chef se décide à réunir le village, au coucher du soleil. Lorsque Freyja voit la boule de feu disparaître lentement à l'horizon, elle soupire et s'emmitoufle dans son manteau, grelottant à l'avance du froid qui l'attend devant sa porte. Inspirant profondément, elle sort et traverse les quelques mètres qui la sépare de la place centrale où quelques personnes se sont réunies. Il n'y a pas tout le monde : dès qu'il fait nuit, les villageois ont peur. Freyja aperçoit Humia et s'avance vers elle, la vieille femme lui offrant un sourire rassurant.

« Petite. », dit-elle doucement. La jeune femme ne sait pas quoi dire, elle baisse un peu les yeux.

« Est-ce que... », finit-elle par demander lentement, « Est-ce que tu penses qu'ils vont réellement venir ? Ça fait déjà deux semaines et aucun guerrier sanguinaire ne s'est pointé à l'horizon. Peut-être qu'ils ne viendront pas. Peut-être qu'ils n'existent pas. Aucune nouvelle ne nous a été transmise, aucun autre village n'a été attaqué. »

Humia secoue la tête, irritée.

« Ne te fais pas d'illusion, Freyja. C'est exactement ce qu'ils veulent. Ils attendent – jusqu'à ce que règne une peur confuse. On ne pense plus qu'ils vont venir mais de temps à autre, en se remémorant la menace, on a peur. Et un jour, sans qu'on ne soit préparé, ils attaquent. Mais peut-être que tu as raison. Peut-être que ce ne sont que des histoires séniles conjurés par ma mémoire trop vieille. Mais plus le temps passe et plus j'y réfléchis, plus je suis persuadée qu'ils vont apparaître un beau jour et que personne n'y sera préparé. »

La jeune femme grimace un peu et tortille ses doigts entre eux, incertaine de ce qu'elle doit croire, si elle doit réellement avoir peur ou non. Les chuchotements confus et les discussions autour cessent brusquement et le chef du village arrive, un air grave sur le visage sage et ancien. Il monte sur la culbute de pierre qui lui serre d'estrade et se racle la gorge, regardant chacun tour à tour dans les yeux.

« Mes amis ! », s'exclame-t-il, « L'heure est grave. Comme vous savez, le village de derrière la forêt, celui de nos voisins, de nos frères, a été attaqué et détruit par des hommes - non, des bêtes ! – que nous pensions depuis longtemps disparu. Hors, ceux qui pour nous n'étaient qu'une vulgaire légende pour effrayer les enfants ont pris chair et sont devenu brutalement réalité. Nous sommes à notre tour en danger : peut-être ne vont-ils rien nous faire, cependant les chances qu'ils nous agressent sont bien plus fortes. C'est pourquoi, mes amis, je suis ici ce soir. Soyez sur vos gardes, soyez préparés. Si vous le pouvez, mettez-vous en sécurité. Mais par-dessus tout, soyez courageux. Les dieux sont avec nous et ne vont pas laisser vaincre des animaux pareils. »

Vénus a froidOù les histoires vivent. Découvrez maintenant