Chapitre 39

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Faolàn berce doucement Freyja, tandis que des larmes continuent à dévaler ses joues pâles. Il a fermé les yeux et posé sa tête sur la sienne. La jeune femme renifle un peu, replie ses jambes et se rapproche encore plus de lui, comme si elle cherchait à disparaître dans son corps. Il sourit un peu devant l'ironie de la situation.

Elle qui ne voulait même pas qu'il ne l'a touche.

"Je ne veux pas l'épouser, Faolàn. Je ne veux plus qu'il me touche... Je..."
Le jeune homme déglutit. Lui-même sent la rage lui monter la rage au ventre à l'idée des mains et des lèvres mesquines d'Erohel sur le corps de Freyja. Il sait qu'il n'a toujours aucun droit d'être jaloux, surtout qu'il ne s'agit pas de prendre du plaisir avec un autre. Faolàn la tire un peu plus contre son torse et inspire profondément son odeur.

"Faolàn...?"

Il ne répond rien.
La porte qui mène à la pièce s'ouvre en grinçant. Freyja déglutit, Erohel entre. Il leur jette un mauvais regard.
«

Je propose que tu enlèves tes sales pattes de ma femme, Faolàn. », grince-t-il entre ses dents serrées. Faolàn grogne et tient Freyja fermement contre son torse.
« Elle n'est pas encore ta femme, à ce que je sache, Erohel. »
L'autre ricane.
« Elle m'a offerte sa virginité et n'a pas de parents à qui il faudrait encore demander sa main : elle est donc officiellement ma femme. » Freyja ferme les yeux et se fige. Pourquoi avait-elle été assez stupide pour se laisser toucher par cet être abjecte ? Comment avait-il pu la tromper à ce point ? Mais il est maintenant trop tard pour se poser ces questions. La jeune femme se racle la gorge.

« Que veux-tu, Erohel ? »
L'homme debout la regarde froidement.
« Toi, ma chère, tu vas rester la journée dans cette pièce et ce soir... Et bien tu me rejoindras dans mon lit pour effectuer ton devoir d'épouse. Et toi Faolàn, petit louveteau, tu vas m'accompagner à l'extérieur. Nous avons du pain sur la planche et si je me rappelle bien, tu as accepté de travailler pour moi. »

Erohel ricane et Faolàn s'écarte lentement de Freyja avant de se lever, les yeux posés sur l'autre homme. Ils sortent de la pièce puis de la maison qu'il contourne. Des troncs d'arbre y sont entassés et les deux hommes s'arrêtent devant. Erohel se tourne vers Faolàn.

« Enlève ta chemise. », ordonne-t-il. Faolàn se fige, hébété.
« Pardon ? », balbutie-t-il.
« J'ai dit : enlève ta chemise, combien de fois faut-il que je me répète ? »
« Nous avons convenu que je travaille pour toi, pas que je me déshabille. », rétorque Faolàn d'un ton dédaigneux. Erohel se rapproche d'un pas.

« Ton maître serait ravi de savoir où se trouve son petit fuyard. », siffle-t-il et esquisse un sourire machiavélique lorsque le visage de Faolàn se vide de toute couleur. Lentement, il déboutonne et enlève l'habit protégeant son torse, se retrouvant ainsi exposé, ses tatouages et ses cicatrices à l'air libre. A côté de lui, Erohel pousse un bruit de dégoût.

« Ton corps est si laid... Un bout de chair en lambeau, rien de plus ! Même ton visage est défiguré... Je ne comprends pas comment ma femme a pu se laisser toucher par une bête comme toi. »

Le corps de Faolàn est secoué de rage mais il se retient. Il sait très bien que c'est cette colère qu'Erohel cherche, il veut une réaction violente de sa part pour pouvoir mettre ses plans à exécution.

« Tu m'as l'ai près à travailler : je souhaite que tu t'occupes de tout ce bois, après tout, il faut bien alimenter le feu par cette température ! », Erohel ricane tandis que Faolàn s'approche du tas de tronc où est disposé une hache. Un seul coup avec celle-ci sur la tête d'Erohel... Il sent que quelque chose est accroché à ses pieds et se ferme avec un léger clic. Faolàn se retourne, trébuche, tombant au sol, se rendant compte qu'on lui a menotté les chevilles. Il se relève en grognant, fusillant l'autre du regard.

« Tu ne croyais quand même pas réellement que j'allais te laisser manier une arme sans me protéger ? Tu es si prévisible Faolàn, mais ce n'est pas aujourd'hui que tu me trancheras la gorge. D'ailleurs, donne-moi tes poignets que je m'assure de ma sécurité. »

Faolàn grogne et finit par tendre les mains, par manque de choix. Erohel les lui attache, juste assez librement pour qu'il puisse couper le bois mais pas assez pour faire de très large geste. Il le pousse en avant et Faolàn attrape la hache en titubant. Il commence à travailler : bientôt, la sueur lui coule le long du dos et ses mains brûle. Il s'arrête quelques instants, quelque chose heurte son dos et il pousse un cri étouffé. Erohel rit, encore et encore.
« Pas de pause, louveteau, au travail, ou ton dos risque de souffrir ! »

Faolàn déglutit et assène à nouveau des coups de hache sur le bois, rassemblant toutes ses forces, ignorant la douleur dans ses mains. Il allait y arriver. Il allait y arriver.

Derrière lui, Erohel l'insulte et de temps à autre lui met des petits coups mais Faolàn l'ignore. Un jour où l'autre, Erohel paierait pour ses actes, paierait cher et la seule raison qui pousse le jeune homme à ne pas se retourner et lui lancer la hache dans la figure, c'est l'idée de Freyja, enfermée dans une pièce sombre. Elle avait dit qu'ils trouveraient une solution et il a confiance en elle. En attendant, il devait juste tenir le coup pour quelques temps, et il ne laisserait pas les humiliations d'Erohel le toucher. Le chien n'arriverait pas à le détruire.

Faolàn n'est plus ce gamin effrayé et torturé et il a déjà vécu bien pire que quelques coups de fouet et insultes idiotes.

~***~

F

reyja est assise en tailleur dans la pièce. Dehors, elle entend les mots crus d'Erohel et plus les minutes passent, plus elle le déteste. Elle se lève. Elle doit réfléchir. Il doit bien y avoir une solution pour sortir de cette stupide situation. Elle grogne. Elle n'avait jamais été une femme qui se laissait maltraiter, se laissait marcher sur les pieds, elle n'avait pas survécu jusqu'ici pour finir marier à cet abruti qui se ferait un plaisir de lui faire du mal !

Elle ne veut pas finir sa vie à avoir enfant après enfant.
Elle ne veut pas finir sa vie à s'occuper du ménage d'un homme qui la révulse.

Freyja se met à tourner en rond. La seule solution semble de se débarrasser d'Erohel, mais à l'idée de tuer un être vivant, son estomac se révulse. Comment en était-elle arrivée à ce niveau de cruauté ? Il doit pourtant bien exister un autre moyen.

Mais les mots sont inutiles et il est peu probable qu'Erohel perde la mémoire.
Elle se gratte la tête. De plus, il semble animer d'une haine personnelle à l'égard de Faolàn. Elle inspire profondément et s'assoit à nouveau en sol.
Si tel est le cas, il s'agit de découvrir le lien qui les lie : et peut-être qu'ainsi, Erohel serait battu par ses propres armes. Elle sourit : il pense pouvoir profiter d'elle en raison de son sexe qu'il perçoit comme faible. Mais la séduction peut servir comme arme fatale et il est bien connu que les secrets se révèlent bien plus facilement dans un lit chaud.

Vénus a froidWhere stories live. Discover now