Chapitre 6

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Freyja se réveille lentement. Incertaine. Suis-je encore en vie? Elle se passe une main sur le visage et le cou. Sa peau est chaude, sa main, rugueuse. Elle déglutit. Sa main descend et elle fronce les sourcils, baissant ses yeux encore fatigués sur le lit dans lequel elle est allongée. Elle lève ensuite les yeux vers le haut, surprise qu'il n'y ait ni vent, ni neige. Elle est bien vivante, allongée dans des fourrures dans une tente qui la protège du froid. Où suis-je ? Freyja grimace un peu, son corps est douloureux, elle a des courbatures aux jambes et du sang a séché sur ses mains blanches. Elle se racle la gorge.

Freyja tente de s'asseoir. Elle pousse sur ses paumes. Quelque chose la retient. De chaud. De dur. Elle fronce les sourcils et lentement, lentement, tourne la tête et baisse les yeux. Deux bras entourent sa taille encore habillée de la tunique qu'elle avait portée auparavant. Deux bras dénudés, sur lesquels des tatouages bleus s'enroulent en de mystérieuses formes et d'étranges symboles dont elle ne connaît pas la signification. Elle déglutit. Freyja tourne lentement les yeux. Un frisson d'appréhension traverse son corps affaibli.

Un homme aux cheveux couleur blé dort paisiblement à côté d'elle, le visage détendu, la bouche entrouverte, avec un air enfantin. Freyja a un moment de stupeur, n'arrivant pas à placer ce visage sur une personne qu'elle connaît, n'arrivant pas à déterminer de qui il s'agit. Elle tente de se reculer, tandis que ses pensées tourbillonnent pour placer un nom sur la tête.

Le jeune homme semble brusquement sentir le mouvement, ses cils papillonnent, sa respiration change et perd le calme régulier d'un homme qui dort. Ses yeux s'ouvrent brusquement. Freyja comprend brusquement qui elle a en face d'elle et son corps se tend.

L'homme aux cheveux couleur blé et aux yeux bleus la regarde un peu sonné, encore un peu endormi, clignant plusieurs fois des yeux et resserrant son emprise sur elle.

Freyja hurle.

« Lâche-moi ! Lâche-moi ! Monstre ! Bête ! », crie-t-elle de toutes ses forces, paniquée, décidée à se libérer des bras de l'homme. L'expression de ce dernier change lentement, se durcit au fur et à mesure qu'il reprend ses esprits pour redevenir le masque de cruauté et fureur auquel elle avait eu affaire auparavant, le même visage bestial. Un rictus froid déforme ses traits.

« Mais lâche-moi ! », répète Freyja, encore plus fort, désespérée.

« Non. », crache l'homme en la tirant un peu plus contre son torse ; la jeune femme a l'impression qu'il lui broie tous les os du corps et un bruit de douleur échappe à ses lèvres. Freyja tente de se débattre, tire avec ses bras, son dos, donnant des coups de pieds de ses jambes aussi fort qu'elle le peut. Mais brusquement, l'homme s'assoit et la serre contre lui en bloquant ses bras. Ses traits glacés semblent en colère et Freyja sent son cœur accélérer un petit peu. Elle serre les dents, décidée à ne pas céder à la peur, décidée de ne pas se soumettre au monstre qui la maintient en place. Il se penche à son oreille.

« Calme-toi petite sauvage, ni toi ni moi ne voulant que tu meurs dans les prochaines minutes. », susurre-t-il de sa voix rauque, presque arrogante. Freyja serre les poings.

« Sauvage ? », crache-t-elle, « Je ne pense pas être la sauvage d'entre nous deux ! »

Le visage de l'homme se durcit un peu plus et tout d'un coup, la jeune femme sent sa main se resserrer sur sa gorge. Sa respiration devient erratique, son cœur bat rapidement, tandis qu'elle tente désespérément d'inspirer. L'homme se penche à nouveau en avant.

« Je ne me répèterai pas, gamine. Ou t'arrête ton cinéma, ou on en finit à la minute. C'est ce que tu veux ? »

Freyja secoue la tête et la main quitte sa gorge, laissant l'air circuler à nouveau dans ses poumons en feu. Figée, sa lèvre se met un peu à trembler.

« Qui es-tu? Que me veux-tu? Pourquoi... Pourquoi est-ce que je suis ici? Et suis-je exactement? », balbutie-t-elle d'une voix cassée, les yeux grands ouverts. L'homme ricane et fait un geste de la tête moqueur.

« Je m'appelle Faolàn. Je suis un... Je pense que tu sais ce que je suis », il ricane à nouveau et Freyja pâlit, « Et pour ce qui est de ta présence, petit oiseau : tu es ici pour moi. C'est tout ce que tu dois savoir. Et si tu essaies de fuir, je te coupe ta jolie petite tête et je m'en fais un collier. »

Quoi?

Freyja sent son estomac se retourner à l'image qu'évoque Faolàn. Etonnant qu'un monstre ait un prénom. Il n'en mérite pas un. Elle se retient pour pousser un rire dégoûtée et ironique.

Brusquement, il la lâche. Elle manque tomber, mais il la laisse tomber sur le lit, Freyja se relevant rapidement, abasourdie. Sans un regard en arrière, il sort des fourrures, se recouvre d'un manteau et sort de la tente, sans lui jeter un seul regard.


Freyja reste assise sans bouger. Elle tente de comprendre ce qui vient de lui arriver. Tout se passe trop vite, elle est passée de sa maison paisible à une tente, allongée à côté d'un meurtrier qui la traite comme... comme... Ses sentiments hésitent entre colère et peur. Peur de cet homme violent et sanguinaire mais colère contre ses actes et ses meurtres. Colère, parce qu'il la traite comme... Un vulgaire... Objet. Elle sert les poings. Comment osait-il. Elle n'était ni faible, ni objet, et si cette brute pensait pouvoir agir avec elle tel bon lui semble, elle s'était trompée tout du long. Freyja grogne et d'un geste enragée, remet ses cheveux en place et se passe une main sur le visage, les yeux lançant des éclairs.

Je ne me laisserai pas faire comme ça.

Je ne me laisserai pas faire comme ça

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Vénus a froidWhere stories live. Discover now