Chapitre 10

14.4K 1.2K 40
                                    


Elle l'avait eu par surprise. Il ne s'était pas attendu à autant de force venant de la gamine.
La garce.

Petite, avec cet air inoffensif accroché au visage, avec ces grands yeux de biche affolée, comme on en voit que dans les histoires stupides. Quelle apparence trompeuse. Cette petite garce stupide. D'abord, elle le mord et l'humilie devant Prarr, la brute la plus stupide et méchante du camp qui allait lui ressortir cette histoire jusqu'à la fin de ses jours avec sa voix geignarde. Ensuite, elle lui crache au visage – à lui ! Personne ne l'avait traité de telle sorte depuis une éternité et ce sera bien la dernière fois. Faolàn serre les poings. La gamine allait le lui payer ! Et puis finalement, elle s'était enfuie comme un animal affolé. Le visage de Faolàn se tord en un rictus cruel et il ricane. Pense-t-elle réellement pouvoir fuir ? Pense-t-elle pouvoir lui échapper ? Idiote. Elle ne va pas s'en sortir comme ça, il allait la chasser et lui faire regretter chaque petit acte de rébellion qu'elle avait osé commettre. Il avance jusqu'à la sortie.

Elle n'a aucune chance. Il lui était presque impossible de fuir le camp même et même si elle y parvenait, elle mourrait de froid et de faim, déchirée par les bêtes sauvages en forêt. D'une manière ou une autre, elle allait y passer. Le jeune homme frotte ses mains l'une contre l'autre puis sort de sa tente à grand pas. Quelle gamine stupide – si elle s'était comportée autrement, il l'aurait mieux traitée, elle aurait eu son lit et sa tente et il lui aurait même accordé quelques cadeaux –

« Fao ! », s'exclame une voix, interrompant son flot de pensées. Il tourne la tête et voit Pranan qui s'approche de lui. Il s'arrête quelques instants. La gamine n'ira pas loin de toute façon. Faolàn se passe une main dans la tignasse blonde et son ami se racle la gorge.

« T'as fait quoi à la gamine ? Elle est sortie de ta tente comme une sauvage, elle a failli me renverser tellement qu'elle avait l'air pressé de partir, le visage blanc comme le cul d'une oie. »

Faolàn grogne.

« Mêle-toi de tes affaires, Pran. », maugrée-t-il. Pranan lève un sourcil amusé.

« Elle a pas aimé ton lit ? Ou elle ne t'a pas trouvé à ton goût ? Faut dire que tu t'es pas beaucoup lavé ses derniers temps. », dit-il en riant. Faolàn lève les yeux au ciel.

« Ferme-la, c'est pas comme si t'avais plus de succès. »

Autour d'eux, des hommes approchent, se mettent en cercle. Certains ricanent en écoutant la conversation.

« Ouais, Fao, c'est pas avec ta face d'ours mal léché qu'elle va v'nir t'embrasser ! », lui crie un des hommes.

« T'arrives pas à contrôler ta propre femme ? », braille un autre au même moment tandis qu'un se rapproche vers Faolàn et lui pose une main boueuse sur l'épaule.

« Si tu la veux pas, tu peux me la passer, les p'tites rebelles en son genre ça me connaît et puis ça fait trop longtemps que –»

Faolàn se retourne d'un coup brusque et arrache la main sale à son épaule, lançant un regard meurtrier à l'homme qui recule d'un pas incertain.

« Vous allez-vous la fermer, oui, bande d'idiots ! Cette femme est peut-être rebelle mais ce n'est qu'une femme et elle ne va pas me résister longtemps. Jusqu'à ce jour, rien ni personne ne m'a jamais résisté ! »

« Ainsi parla l'homme déjà tenu en laisse ! », hurla quelqu'un en riant, « Te laisse pas faire comme ça ou bientôt on te retrouve à quatre pattes en train d'aboyer pour qu'elle t'offre son attention ! »

La masse d'hommes rit et Faolàn serre les poings, se retient de ne pas les mettre dans la face arrogante de l'homme qui vient de parler. Fils de chien.

Vénus a froidWhere stories live. Discover now