Chapitre 9

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Il tire Freyja d'un geste violent dans sa tente et celle-ci se met à hurler et à se débattre, tentant de lui assener coup de pieds et coup de poings où elle le peut. Ses mains n'arrivent pas à l'atteindre, un bruit de désespoir échappe à ses lèvres gercées par le froid, tandis qu'elle continue ses gestes de défense.
« Lâche-moi, sale... Brute! Meurtrier! Ordure! Laisse-moi tranquille ! Je ne t'ai rien fait, monstre !»
Elle arrive à lui donner des coups dans les jambes, ses pieds cognant contre un genou qui ne flanche pas, contre le ventre qui ne bouge pas non plus et toute partie dont elle trouve l'accès. Mais le jeune homme semble être fait de pierre et aucun coup ne semble lui provoquer de douleur. Faolàn, ennuyé et en colère, tente d'abord de lui tenir les mains, puis les pieds, mais la rage de la jeune femme est telle qu'il n'arrive pas à la maintenir en place debout. Décidé, il grogne et d'une poignée ferme et brutale, la plaque sur le lit recouvert de fourrures dont elle avait essayé de fuir auparavant. Gamine idiote. Il se penche en avant, un air malsain dans les yeux bleus, qui ne semble pas cligner une seule fois.

« Écoute-moi bien », lui susurre-t-il à l'oreille en lui collant sa main libre sur la bouche, un grognement dans la voix rauque, presque animal, « Je t'ai ramenée ici et en faisant ça, j'ai sauvé ta petite vie minable de paysanne infantile et inutile. Je ne pensais le faire que pour m'amuser un peu avec toi et puis me débarrasser. Tu sembles faire plus de problèmes que prévu mais je compte toujours faire ce que j'ai prévu, inutile de te défendre comme tu le fais, mais avant, j'ai bien envie d'essayer le mariage, gamine. Tu seras donc bientôt ma femme, petite traînée, et vois-tu, ici, une femme ça obéit à son mari. »
La jeune fille se fige sous son poids et dans les yeux de son agresseur, elle voit que Faolàn rit intérieurement, un rire cruel et méchant. La peur et la haine sont des sentiments délectables pour lui, il en boit chaque goutte avec délice. Freyja sent ses mains trembler de rage, d'indignation et d'humiliation. Elle sert les dents, cligne plusieurs fois des yeux. Il enlève doucement sa main, presque tendrement de la bouche où une marque rougeâtre apparaît et s'estompe peu à peu.

Freyja lui lance un sourire mauvais qui lui tire sur les joues douloureuses et fait luire ses dents blanches et d'une expression grimaçante, lui crache au visage avec toute la colère dont elle est capable.
« Crève ! », siffle-t-elle et tente à nouveau de bouger, presque désespérément, tentant de bouger ses membres sous le poids du jeune homme.

Faolàn la bloque d'un geste rapide et efficace, le geste d'un homme qui a l'habitude d'arrêter son adversaire. Ses pupilles ont une lumière meurtrière tandis qu'elles sont posées sur elle. Sans la quitter des yeux, il s'essuie la salive d'un geste lent du visage, ses tatouages bleus ressortant à la lumière.

« Tu ne m'as pas compris, petite chienne? Tu ne sembles toujours pas connaître ta place. Je fais avec toi ce que je veux. Si je veux te tuer, je le fais maintenant, à la seconde. Si je veux te prendre, tu ne me résiste pas. Tu n'es rien ici, et tu m'appartiens. Un objet du butin. Tu n'as aucune valeur. »

Elle le hait comme jamais elle n'a haït personne. Elle a envie de le frapper, de lui cracher encore et encore à la figure, de lui hurler ce qu'elle pense de lui. Qu'il n'est qu'un être abjecte, qu'il la dégoûte jusqu'au plus profond de son être. Elle sait qu'il fait exprès de la traiter d'objet, qu'il prend un malin plaisir à l'humilier. Ce monstre, détestable, hideusement détestable. Reprends-toi, Freyja, reprends-toi, c'est ce qu'il veut. Elle sait pertinemment que son comportement l'amuse, qu'il la trouve pathétique, une petite femme en détresse incapable de se défendre contre le grand méchant loup. Freyja grogne rageusement. Qu'il l'insulte, qu'il la violente, qu'il pense avoir la main sur elle. S'il veut jouer à ses dégradations malsaines, s'il cherche une victime à son sadisme récurrent, pour s'amuser au jeu du chat et de la souris...il s'est trompé de personne. Elle n'allait pas se laisser faire comme ça, n'aller pas crever dans un camp de barbare pour l'ennui d'un monstre, n'allait pas se laisser traiter comme la dernière des choses, même si elle a peur, même si son cœur tremble dans sa poitrine. Elle sert les poings.

Freyja n'est ni une victime, ni une soumise. Ne l'a jamais été et ne le sera jamais.

Plutôt mourir que de ne se laisser faire par cette brute.

Elle effectue un petit mouvement du bras et Faolàn, grognant, se penche en avant pour chercher à la bloquer à nouveau, ennuyé qu'elle ne cesse de bouger et ne comprenne pas qu'elle n'arrivera pas à se défaire de son emprise. Un léger sourire de victoire caresse ses lèvres. Freyja le regarde un instant dans les yeux, le défiant de ses prunelles marrons puis, sans prévenir, pousse un hurlement de rage et pousse avec tout son poids, sa force et sa rage sur le corps de Faolàn qui chancelle un peu en arrière, surpris, relâchant pour quelques secondes son emprise sur son corps.

Quelques secondes qui lui permettent de défaire ses poignets de son emprise et de lui asséner un deuxième coup violent pour mettre encore plus de distance entre eux.

Quelques centimètres de distance et de surprise qui lui permettent de bondir du lit, de le pousser de côté et de courir jusqu'à la sortie de la tente, courir à l'extérieur. Freyja ne jette pas un regard en arrière, pas le temps, ni un regard aux alentours. Sans prendre le temps de réfléchir ne serait-ce qu'une seule seconde de plus, elle se met à courir aussi vite qu'elle peut, sans se demander où ses pieds la mènent, sans observer ce qui l'entoure.

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Vénus a froidOù les histoires vivent. Découvrez maintenant