Chapitre 4

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Freyja déglutit. Elle le regarde dans les yeux, haletante, paralysée. L'homme a les yeux bleus. Bleus comme l'eau claire qui coule dans les montagnes, plus clairs que le ciel en été. Il a les cheveux clairs, presque plus clairs que la neige qui recouvre le sol et le reste du paysage, comme la lumière de la lune qui l'éclaire de son halo fantomatique. Il est jeune. Une vingtaine d'année, tout au plus. Son visage est déformé par la violence et la haine, un sourire carnassier entoure ses lèvres, leurs prenant toute douceur.

L'homme a l'air monstrueux.

Un être tout droit sorti d'une histoire d'horreur, dénué d'émotions et d'âme, guidé seulement par une folie sanguinaire. Il tire un peu plus sur les cheveux de Freyja, presque délicatement, comme pour lui faire encore plus peur. Il tient une arme dans son autre main et la jeune femme la fixe du coin de l'œil.

C'est fini. C'est fini.

Lentement, il lève son arme à la gorge de la jeune femme. Il lui caresse la joue du métal froid et sourit un peu plus.

« Tu as froid ? », demande-t-il, la voix rauque et profonde aux accents cruels. A nouveau, Freyja déglutit, incapable de dire un mot, incapable de seulement hocher ou secouer la tête. L'homme cesse de sourire et grogne.

« Répond ! », ordonne-t-il. Freyja ne dit toujours rien et ferme les yeux, attendant le coup fatal qui ne vient toujours pas. Elle sent l'arme lui caresser l'autre joue, presque tendrement, avant de la lui passer juste en-dessous du menton. Elle sent les lèvres de l'homme s'approcher de son oreille et un frisson de dégoût la secoue.

« Ne t'inquiète pas, mon amour. », susurre-t-il, « Tu vas voir, ça ne fait pas très mal. Je ne ferai pas mal à une petite gamine aussi pathétique que toi. Je vais seulement te couper ta petite gorge, lentement, et quand j'aurais fini, je t'allongerai ici et la neige recouvrira joliment ton petit corps. Mais vois-tu, il va falloir que tu me regardes dans les yeux. Si tu ne le fais pas... Je risque de devoir te forcer et ça pourrait picoter un peu. Ce serait dommage, n'est-ce pas ? Tu ne veux pas que ça pique, non ? »

Freyja avale le sanglot hystérique sur le point de quitter ses lèvres et secoue désespérément sa tête. Elle ne sait pas exactement à quoi elle dit non, les mots de l'homme se perdent dans un brouillard de peur, elle tente de bouger ses bras, de se défendre, mais la lame de larme s'enfonce un peu dans sa peau et elle arrête tout mouvement. Tétanisée. Je ne veux pas mourir ! Le visage de l'homme devient un peu plus dur.

« Ben tiens, c'est qu'elle se débat, la gamine ! »

Freyja secoue à nouveau la tête. Laisse-moi ! Laisse-moi ! L'homme éclate d'un rire brutal, et brusquement, une lueur lubrique éclaire ses yeux glacés. Il lui passe deux doigts sur le visage, caresse la courbe de son cou et lentement, très lentement, caresse sa poitrine de ses doigts froids et cruels. Freyja sent son estomac se retourner.

« Je pensais avoir affaire à une petite fille, mais j'ai affaire à une petite femme ! », grogne-t-il en riant toujours et Freyja à un haut le cœur tandis que sa main est toujours sur sa poitrine qui se lève et s'abaisse au rythme de son cœur qui bat à un rythme saccadé. Elle voit le désir fou dans les paupières inhumaines. Elle sent la main qui descend un peu plus, lui caressant le ventre.

« Non ! », souffle-t-elle d'une voix éteinte, tentant encore une fois de se débattre faiblement. L'homme la maintient en place et un sanglot désespéré quitte ses lèvres, un sanglot de rage et de dégoût, impuissant et révulsé. Freyja sent son cœur se glacer et se briser en mille morceaux, pendant qu'elle s'imagine ce qui va suivre, pendant qu'elle n'arrive pas encore totalement à comprendre ce qui lui arrive. Il va d'abord me violer, puis m'assassiner comme une bête.

Elle entend l'homme rire, les odeurs de sang et de feu lui coupent la respiration, la tête lui tourne et elle ne sait pas quoi faire, ne sait pas quoi faire pour partir, pour survivre, pour échapper. Tout ça ne peut pas être réel, la mort présente dans l'air, cet homme devant elle, son arme contre sa gorge et sa main contre son corps. Tout tourne, tout tourne ; des petits points noirs valsent devant ses yeux exorbités, elle entend la voix de l'homme dire quelque chose, les points noirs ne partent pas ; tout tourne ; elle ne comprend pas ce qu'il dit, secoue la tête. Laisse-moi, dit-elle sans un son, laisse-moi.

Il tire plus fort sur ses cheveux, elle a mal, et puis sa tête qui tourne sans cesse et ses pieds qu'elle ne sent plus, ses mains qui ne servent à rien et celle de l'homme sur son corps, il la touche, elle ne veut pas, il n'a pas le droit de la toucher ! Les points noirs s'accentuent, elle a l'impression de mourir et vomir en même temps, elle ne contrôle plus rien ; tout tourne. Un sanglot violent lui échappe, elle secoue à nouveau la tête, encore et encore, pourquoi ne comprend-t-il pas qu'elle ne veut pas ? Les points noirs envahissent sa vision, le monde semble se figer et se faire envahir par les ténèbres. Freyja ne voit plus la lune, ne voit plus les flammes qui déchirent les murs des maisons, n'entend plus les cris qui secouent le sol et les quelques murs restant, faisant vibrer les corps en souffrance.

Elle ouvre la bouche, un cri silencieux en sort.

Sa tête tombant faiblement en arrière et sans un bruit de plus, des larmes sur le visage et les cheveux en bataille, Freyja perd brutalement conscience.

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Vénus a froidWhere stories live. Discover now