Chapitre XXV

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XXV

– Messieurs, la séance est levée, conclut S. M., toujours dans la salle d'intercommunication du palais. Le courrier nous apportera la réponse demain ; un nouveau Conseil sera donc bientôt tenu en attendant les prochaines batailles qui auront sûrement lieu – ou les suites de celle-ci. Vous pouvez disposer.

S. M. se leva avec grâce ; les diplomates firent de même et quittèrent poliment la pièce en une file indienne des plus ordonnées. Varvadon s'approcha.

– Je serai dans ma salle du trône, Chancelier.

– Et moi à l'entière disposition de Votre Majesté. N'hésitez pas à me faire appeler.

– Je n'hésite jamais. Allez, filez, Varvadon.

Le Chancelier sortit, suivi peu après par S. M., qui se rendit donc dans sa salle d'audience, prit place relativement confortablement sur son trône démesurément grand et exagérément doré, tout en laissant aller et venir ses pensées.

Elle eut une petite dizaine de minutes de tranquillité à peine, et puis on frappa, interrompant net le cours de ses réflexions. Elle tressauta, et l'instant d'après un des messagers qui parcouraient constamment le palais entra par la porte de côté la plus proche de la Reine.

– Majesté, nous avons un petit problème, dit-il en s'inclinant au plus bas.

– Qu'est-ce donc, Wallas ?

– Eh bien... Il s'agit de votre prisonnière spéciale, la XXI.

– Quoi donc avec elle ? Dépêche-toi, tu me fais perdre mon temps.

– Elle a réussi à sortir de sa cellule... Elle est dans le couloir, juste ici devant.

– Pardon ? Mes gardes l'ont laissée s'échapper ?

– Elle hurle qu'elle veut vous parler.

– Me parler ?

Pendant de courtes secondes de silence, la reine analysa à toute vitesse la situation. Peu importe comment elle avait réussi à gagner la salle d'audience depuis les cachots, la prisonnière ne parviendrait pas à sortir du palais, c'était impossible. Elle voulait probablement demander grâce, ce que S. M. n'accorderait jamais étant donné qu'elle avait prévu de s'amuser à nouveau le soir venu. Cela dit, elle n'était pas contre l'idée d'avancer le peloton d'exécution au lendemain ou surlendemain. Dans tous les cas, il s'agissait très probablement de requêtes qui seraient à la fois soumises et montreraient une certaine rébellion qui illuminerait la journée royale... et si vraiment Hannah dépassait trop les bornes, elle en paierait le prix le soir venu.

Elle conclut :

– Bon. Faites entrer !

***

Hannah avait mis ses deux gardes définitivement hors d'état de nuire. Elle s'était vengée sur eux des mains baladeuses de Hutt et des souffrances qu'on lui avait infligées. Une fois sortie, elle avait eu beaucoup de mal à marcher, pouvant à peine se tenir sur ses pieds détruits. Elle était tout de même parvenue à sortir du couloir des cachots, et à remonter jusqu'à l'étage principal en tâtonnant. Elle avait pour but premier de s'enfuir, mais elle avait ressentit soudain un nouvel accès de sa haine pour les Fuyards. Elle devait les mener à leur perte. Alors elle s'était orientée vers la Salle du Trône. Pour tenter une dernière option. Elle avait mis la main sur un valet, et en l'étranglant à moitié, elle avait obtenu qu'il le mène à bon port. Cependant le valet ne s'était exécuté que pour donner l'alarme à la bonne garde et à ses supérieurs qu'il était certain de trouver devant la pièce occupée par la reine. Elle n'avait pas tardé à sentir toute une compagne de gardes, venus spécialement pour escorter le conseil de guerre, lui tomber dessus pour la maintenir au sol. Mais comme elle hurlait à plein poumons, mordait violemment et s'agrippait au plancher comme une furie, on avait décider d'accéder à sa requête – ainsi on aurait les ordres royaux quant à où on devait la placer puisqu'elle avait arraché les chaînes de son cachot.

Les Gardiens de l'Œil (Les XXIs, livre II)Where stories live. Discover now