Tome 1. Un stage avec Justin Trudeau

La rencontre

L'hôtel dans lequel la réception avait lieu n'était pas bien loin de chez elle. Un air de jazz virevoltait à travers les portes battantes de la salle de bal. Claire lui ouvrit et un monde s'offrit alors à elle. Un nouveau monde. Chaque invité rivalisait de classe les uns avec les autres. Les petits fours et les coupes de champagnes animaient les invités. Les ténors du parti libéral s'étaient donnés rendez-vous pour accueillir les stagiaires ou bien avaient-ils trouvé une bonne occasion pour boire un ou deux verres ?

Claire présenta la jeune femme aux autres stagiaires, un américain de 25 ans et une Suisse de 26 ans. Maud restait la cadette avec ses 24 années. Ils s'entendirent tout de suite bien. La condition de stagiaire partagée, diront –nous.

  Après deux coupes de champagnes et de multiples présentations, et avec le décalage horaire, la fatigue et l'enivrement montaient peu à peu. Maud trouvait ses compagnons de fortunes de plus en plus sympathiques et les langues se déliaient. 

Alors qu'ils parlaient de la politique étrangère désastreuse de Donald Trump, nouveau président plus vicieux que vertueux des Etats-Unis, le regard de Maud aperçut subrepticement deux grands yeux bleus aux longs cils. Ses joues s'enflammèrent instantanément. C'était Justin Trudeau. Le premier ministre. Son cœur s'était mit à tambouriner contre sa poitrine, comme si elle venait de sprinter sur 500 mètres. Elle risqua à deuxième coup d'œil rapide. Le premier ministre s'était détourné et parlait avec animation à un vieil homme en costume gris. Elle n'en croyait pas ses yeux. Elle l'avait si souvent vu à la télévision et sur internet, suivis sur les réseaux sociaux. Et voilà enfin qu'il se trouvait à quelques mètres d'elle...

« Est-ce qu'il n'est pas trop hot le premier ministre ? », Lui avait soufflé Diane, la Suisse, un regard espiègle en direction de Justin Trudeau. La jeune femme l'observa de nouveau. Ses cheveux bruns parfaitement coiffés, ses grand yeux bleus, son nez droit, le creux de son menton... Il ressemblait vraiment à un prince Disney. Elle avait pu voir sur internet cette comparaison. Et elle ne pouvait qu'approuver. Sa taille, sa carrure, son port de tête et sa petite mèche rebelle qui lui tombait sur le front le rendait particulièrement attirant. Maud lâcha un petit soupir : Mais il est marié et à des gosses. Diana haussa les épaules : « Rien est éternel, tu sais » avait-elle dit avec un sourire narquois.

Claire fit irruption dans la conversation, « Bon il faut que je vous présente au big boss maintenant. John est rentré chez lui, il ne se sentait pas très bien, mais il sera là demain». Elle prit alors les épaules des filles dans ses mains et les dirigea vers le prince Premier ministre. Il se retourna en entendant son nom et Maud décela une lueur de surprise dans ses yeux lorsqu'il les posa sur elle.

« Voilà Justin, je te présente les stagiaires pour ces mois à venir, et qui vont t'épauler dans ton projet. Voici Diane ». Il lui sera la main, un grand sourire aux lèvres : D'où venez-vous Diane ? Sa voix était telle que Maud se l'était imaginé : douce et feutrée. « Suisse ! ». « Et voilà Maud », la jeune femme avança sa main vers le Premier ministre qui lui serra chaleureusement. « Et vous, d'où venez vous ? Attendez, laissez-moi deviner... Il observa son visage puis parcourut de ses  yeux la silhouette de la jeune femme. Française ? déclara-t-il, le sourire au coin des lèvres.

- Et bien, je dois dire que vous êtes très fort. Qu'est-ce qui m'a trahit ?

- Vous faites très parisienne, une sorte de classe à la française, dit-il les yeux malicieux.

La jeune femme rougit mais sa tutrice ne lui laissa pas le temps de surenchérir.

- Je leur ai expliqué à peu près quelles seront leurs missions, surtout en ce qui concerne notre projet d'association. Ah oui, j'ai oublié de vous dire, demain, nous partons en déplacement à Vancouver. Nous avons un avion à 9 heures, on passera vous prendre. On se rend dans une université dont le directeur serait intéressé par notre projet. Vous potasserez les documents explicatifs dans l'avion.

« Très bien, dans ce cas, j'espère que vous allez vous plaire ici, vous verrez c'est pas si terrible que ça, et puis on a une bonne équipe, renchérit-il en posant une main amicale sur l'épaule de Claire. Celle-ci ne semblait pas insensible au charme réputé du premier ministre. « Je dois vous laisser, j'ai d'autres rendez-vous, mais en tout cas, soyez les bienvenues, c'est un plaisir de vous avoir ici », il lança un dernier regard à Maud, se détourna et continua sa salve de salutations.