Retrouvailles entre amis

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Alors que le premier ministre Canadien était pris le lendemain matin par ses obligations diplomatiques, Maud retrouva ses amis parisiens dans un bistrot place de la République. Paris s'était arrêtée de vivre. Paris s'était figée. Les passants revêtaient une mine sombre. Les rues demeuraient quasi désertes. Le dernier forcené avait été retrouvé et livré à la police. La France se réveillait, toujours en deuil.

Même si la rencontre se déroula dans une ambiance douloureuse, le simple fait de se voir leur fit un bien fou. Chacun pu parler de son ressentis et ils rendirent un dernier hommage à leur ami, Pierrick, dans les larmes et les accolades amicales. Bientôt, comme pour adoucir et apaiser les esprits, les amis de la jeune femme lui demandèrent comment se passait son stage. Mathilde, fan inconsidérée de Justin Trudeau lui dit, les yeux malicieux :

« D'ailleurs, c'est quoi cette photo de toi et Justin la, sur internet ? Tu m'explique ? Il me trompe avec toi ou quoi ? » Les autres rirent de bon cœur, mais Maud senti qu'ils attendaient une explication de sa part et des détails croustillants. Elle rit, troublée.

« Non, rassure toi, il est fidèle » elle sentit son cœur se serrer. Non, en réalité il est ultra cool. On a eu l'occasion d'échanger quelques fois, et c'est vraiment un chic type ». Pierre, un très bon ami de la jeune femme la regardait, l'air narquois.

« Dommage qu'il soit maqué » lança-t-il. Elle passa la main dans sa crinière.

« Oui bon, les gars. On parle quand même du premier ministre Canadien. C'est beau de fantasmer, mais ça n'arrivera jamais ». L'assemblée s'esclaffa et elle réussit à clore la conversation qui la déprimait plus qu'autre chose.

Ils passèrent le reste de la matinée et le début de l'après-midi ensemble et Maud les quitta le Coeur lourd. Elle devait retrouver le premier ministre et la délégation canadienne à l'hôtel à 15 heures.
Dans le taxi, elle eu une pensée pour sa famille. Sa mère qu'elle aimait tant, son petit frère adoré... Et son père, avec qui elle entretenait une relation plutôt... Conflictuelle. Elle avait été soulagée de les avoir au téléphone.
La tristesse l'envahit à nouveau. Elle suffoquait dans ce taxi qui sentait le cuir neuf. Etant donné qu'elle n'était plus qu'a quelques rues de l'hôtel, elle décida de descendre pour marcher un peu. Elle avait besoin de se vider l'esprit, de se défouler et surtout, de respirer. Tout s'était enchaîner si vite depuis son départ pour Ottawa, et à peine quelques semaines plus tard, elle était de retour en France pour des événements auxquelles elle n'aurait jamais pensé qu'ils se soient reproduits, si vite. Et cette perte la rongeait. Elle aurait tellement aimé le revoir... Lui parler, rire avec lui...

La pluie s'abattit sur la capitale. Bien sur, elle n'avait pas prévu la pluie. Son trench fut trempé en cinq minutes. Les gouttes ruisselaient sur son front, son nez, sa bouche. Elle pressa le pas en pestant. Puis elle ralentit. Elle leva la tête vers le ciel pour accueillir les larmes du ciel. En réalité, la pluie lui faisait un grand bien. Elle se fichait du reste. Elle souffla en grand coup et repris la direction de l'hôtel.

La délégation Canadienne se trouvait déjà dans le hall de l'hôtel. Bien sur il y avait des photographes et journalistes, qui rôdaient devant le bâtiment. Maud accéléra le pas et s'engouffra dans l'immeuble, de peur qu'on ne la reconnaisse et qu'on ne lui pose des questions.
Elle aperçut David. Alors qu'elle allait à sa rencontre, elle passa devant un miroir. Son reflet l'effraya. Sa peau était pâle, ses cheveux dégoulinants collaient à son visage et son mascara avait légèrement coulé. Elle l'essuya d'un revers de la main, tenta de remettre de l'ordre dans ses cheveux, puis continua son chemin. David l'accueilli avec un grand sourire, une lueur de surprise dans les yeux. « Eh bien, je vois qu'on a pris la saucée ». La jeune femme lui rendit son sourire et chercha des yeux le premier ministre. Elle l'aperçu un peu plus loin, il discutait avec Judith. Son élégance contrastait avec le reste de son équipe. Plus grand, élancé, on pouvait distinguer ses épaules carrés et son corps athlétique, sous sa veste de costume. Elle l'observa rire. Puis, il dirigea ses yeux vers elle et afficha un air contrarié. Il s'excusa auprès de Judith et avança à la rencontre de Maud.

« Qu'est-ce qui t'es arrivée ? Tu es trempée ? », Il avorta le geste qu'il avait ébauché dans sa direction.

« Pour une fois j'ai voulu marcher... J'aurais dû m'abstenir!» Il la considéra, interdit.

« Allé, tout le monde, on se met en route » scanda David. Le premier ministre plaça une main dans le dos de la jeune femme pour qu'elle le précède.

Le retour en avion se fit dans le silence. La plupart des membres de la délégation somnolaient sur leurs sièges ou regardaient un film sur leur PC. Maud s'était isolée au fond, et contemplait la nuit noire, à travers le hublot. Justin Trudeau se trouvait sur la rangée opposée. Lorsque Judith, qui était assise à ses côtés, se leva pour aller confirmer son emploi du temps avec David, il observa Maud. Il se leva et alla s'installer près d'elle.

« Tu tiens le coup ?» Surprise, la jeune femme se redressa.

« Ca va » répondit-elle, un faible sourire aux lèvres. Le premier ministre remarqua que ses yeux brillaient.

« Tu sais, quand j'ai perdu mon père, ça a été très dur.. » Il coupa la jeune femme qui allait protester.

« Je sais que ce n'est pas pareil, mais quand même, ça reste la perte d'un être cher. Et bien au bout d'un moment, j'ai trouvé une technique pour avancer, et éviter de ressasser. Je me suis dit qu'il fallait que j'honore sa mémoire en faisant ce que je pouvais de bien, dans ma vie. Certes, je me suis lancé en politique, parce que j'en avais envie, mais aussi pour lui. Parce qu'il avait compris que la politique pouvait aider, changer les choses. C'est ce que je m'évertue à faire. Son regard était perdu dans le vide. Et ce n'est pas facile tous les jours. » Il changea de position et leurs épaules se touchaient désormais.

« Souviens toi de lui, penses à lui, mais ne reste pas bloquée. Agis, continues de vivre pour toi, pour lui. Elle était honorée que le premier ministre se confie à elle. Je sais que c'est plus facile à dire, qu'à faire. Mais je pense que tu en es capable, je pense que tu es quelqu'un de fort ». Si il n'avait pas fait nuit, l'homme l'aurait vu rougir.

« Oui, tu as raison, je sais que c'est ce qu'il faut que je fasse. Et ça ne me donne que plus envie de continuer de m'engager en politique ». Il se souvint qu'elle lui avait confié qu'elle souhaitait exercer dans la diplomatie.

« Je pense que tu ferais une excellente diplomate ». Elle leva les yeux vers lui pour lui sourire franchement, reconnaissante. Leurs visages étaient si près. Ils se regardèrent quelques instants. Ils ne parlèrent pas, contrairement à leurs yeux...





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Tome 1. Un stage avec Justin TrudeauWhere stories live. Discover now