Le pacte d'association universitaire

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Il était plus de minuit quand Maud atteignit son lit. Épuisée par le décalage horaire et le protocole d'accueil, elle avait dû, en plus de cela, commencer à potasser les dossiers concernant le partenariat universitaire pour lequel elle avait été embauchée. A peine s'était elle allongée que le sommeil l'avait gagné.

Le cri strident du réveil l'arracha de ses songes aux intrigantes lueurs bleus. La jeune femme passa la main sur son visage et dans ses cheveux, s'étira et tressaillit. Elle n'avait pas rêvé. Elle se trouvait bien au Canada, avait bien obtenu le stage qu'elle souhaitait et surtout, elle avait fait la connaissance de Justin Trudeau. C'est alors qu'elle se rappela qu'elle devait être prête pour 8 heures. Elle sauta du lit et entreprit de se préparer. Elle opta pour une robe à motif anglais ajustée près du corps et un blazer noir avec... des escarpins. A son grand dam, sa tutrice lui avait vivement conseillé de porter des talons, soit disant que, dans le milieu politique, ça avait sa signification. Un voile de mascara et une touche de rouge à lèvres, ni trop sophistiqué, ni trop négligé, à la française, et Maud s'engouffrait dans la berline noire qui l'attendait au pied de son immeuble.

Le vent soufflait violemment sur le terminal d'Ottawa. La chaleur de l'intérieur du jet où l'équipe du projet se trouvait déjà, détendit les muscles de la jeune femme. Elle salua chaleureusement Claire et les deux autres stagiaires John et Diane puis leur emboîta le pas pour aller s'installer autour de la table de travail au fond de l'appareil. Le premier ministre y était installé, décontracté, et parlait de façon animé avec un de ses collaborateurs. Il avait retroussé sa chemise blanche sur ses avant-bras musclés et sa cravate noire était quelque peu lâche autour de son col. Il leva les yeux vers Diane et John qui s'était déjà installés en face de lui et les accueillit avec un grand sourire. Son regard bifurqua vers Maud et le ventre de cette dernière se noua aussitôt. « Il faut que j'apprenne à me contrôler, ce n'est pas sérieux, c'est le premier ministre et je vais devoir travailler avec lui régulièrement » se dit-elle alors qu'elle s'asseyait à son tour.

Pendant près de deux heures ils discutèrent de l'état du projet actuel contenu dans le dossier qu'on leur avait donné la veille. « N'hésitez pas à nous donner vos avis, et vos propositions, avait glissé Claire, vous êtes nos collaborateurs à part entière sur le sujet".

C'était l'occasion où jamais. Maud se racla la gorge. « Je pense qu'il était très important de souligner dans un premier temps le principal défaut des accords entre universités étrangères avec le Canada. Du moins, je parle pour la France. La partie administrative est tout simplement incroyablement compliqué, et source de stress pour les étudiants. Il faut postuler des mois à l'avance, pouvoir fournir des preuves d'une possession de 10 000 euros sur son compte et j'en passe... Je pense qu'il serait judicieux de simplifier les démarches. Parce que croyez-moi, et je peux prendre mon cas comme exemple, ça décourage beaucoup de personnes ». Le premier ministre le menton entre ses doigts regardait attentivement la jeune femme. Il trouva qu'elle avait de l'ardeur et du tempérament.

« Oui, vous avez surement raison. Comment pourrions-nous faire évoluer ce constat, Claire ? Dans tous les cas, il s'agit d'en discuter avec les équipes universitaires que nous allons rencontrer». L'équipe passa la suite du voyage jusqu'à Vancouver à débattre et à proposer des solutions qui conduiraient à une simplification.

A la descente de l'avion, ils furent accueillis par quelques journalistes alertés de leur arrivée à Vancouver. La température n'avait rien à voir avec celle d'Ottawa. Claire avait prévu le coup. Elle avait acheté pour l'équipe de stagiaires de gros blousons Canadiens connus pour résister au froid et à toutes épreuves. L'épaisse parka enfilée, Maud sortit de l'avion. Le froid s'engouffra par le col qu'elle n'avait pas bien fermé. Elle remonta le zip jusque sous son cou. Deux grosses voitures les attendaient en bas de l'escalier. Tous s'y engouffrèrent sans perdre de temps.

Partout, la neige recouvrait les trottoirs, les toits des maisons et les arbres nus semblaient habillés de leurs manteaux blancs d'hiver. Arrivés à l'université, la première voiture déposa Justin Trudeau, son collaborateur et Claire et la deuxième, les trois stagiaires. Les gardes du corps de Justin s'étaient positionnés en cercle autour du petit groupe alors qu'ils attendaient sur le pas de la porte, pour éviter que les quelques badauds présents et curieux ne s'approchent de trop près. Le vent glacial giflait les joues de la jeune française alors qu'elle parcourait les quelques mètres qui la séparaient du groupe du premier ministre. Celui-ci s'adressa à elle en souriant « Voilà ce qu'est un hiver Canadien, essayez de ne pas mourir de froid ». Quelque peu déstabilisée Maud lui rendit son sourire et ils pénétrèrent dans l'antre universitaire.

Tome 1. Un stage avec Justin TrudeauWhere stories live. Discover now