tête à tête avec le premier ministre 1

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Diane, John et Maud avaient pris l'habitude d'aller boire un verre après leur journée de travail. Ils se retrouvaient au pub irlandais à proximité du parlement et profitaient du happy hours plutôt avantageux et attractif. La pinte de bière était devenue un rituel. C'était l'occasion pour eux de discuter de leurs journées respectives. John était affecté au service de sécurité et défense en lien avec le ministère de la défense Canadienne et Diane au service traduction du parlement et dépendant du ministère des affaires étrangères, comme Maud. Même s'ils n'étaient pas dans la même équipe lorsqu'ils ne travaillaient pas sur le projet du premier ministre, ils se retrouvaient régulièrement lors de séances au parlement. Et le soir, au bar.

Le premier ministre avait pris une semaine de vacances avec sa femme et ses enfants et devait se trouver sur une île d'un riche milliardaire ou dans leur résidence secondaire à la campagne. « Il a une femme et des enfants. Il a une famille ». Un sentiment de frustration envahissait la jeune femme chaque fois qu'elle y pensait. De toute façon, comment pouvait-elle penser que quelque chose était possible entre eux ? La question ne se posait pas. Elle était bien plus jeune que lui- même si l'homme ne faisait pas son âge- puis ce n'était qu'une simple stagiaire, il ne se rabaisserait jamais à elle. Il pouvait avoir bien mieux. Sa femme, était mieux. Elle était tombée sur des photos du couple, très complices et amoureux. Au fur et à mesure que la semaine s'écoulait, elle abandonna petit à petit l'idée, le fantasme qui l'avait habité pour le premier ministre. « C'est beau de rêver, mais à un moment donné, il faut être réaliste », s'était-elle dit. Et plus le temps passait, plus elle trouvait du charme à John, l'américain.

Le départ pour le Québec était prévu pour le mercredi suivant. Les jours précédents, Maud potassa les différents dossiers et essaya de trouver des alternatives. Ils passèrent en un coup de vent. La voiture aux vitres teintées devenue familière attendait la jeune femme de l'autre côté de la rue. Il s'était remis à Neiger à Ottawa. Le ciel gris menaçant obscurcissait la ville.

Le jet du Premier ministre trônait une fois encore sur le terminal entouré de voitures blindées et de gardes du corps. A mesure qu'elle montait les escaliers de l'appareil, elle ne pouvait s'empêcher de sentir les battements de son cœur s'accélérer. Maud respira un grand coup avant d'entrer dans l'avion. « Professionnalisme ». Le grand sourire de John l'accueillit à l'entrée du cockpit, ils se firent une accolade affectueuse, « prête pour une nouvelle mission diplomatique madame la diplomate ? » lui avait-il dit en relâchant leur étreinte. Ils s'installèrent et attendirent le premier ministre encore absent.

Alors que Claire briefait l'équipe sur l'université de la journée à Québec city, Justin Trudeau apparut sur le seuil de la porte, la mine sombre et un pli inhabituel venait ombrager son front. Il salua la troupe en arborant un sourire faible. Il s'installa à côté de Maud, retira sa veste noire et replia sur ses avant-bras sa chemise blanche, comme il avait l'habitude de faire. Claire comprit rapidement que l'homme d'Etat n'était pas dans un état habituel aussi elle relança la conversation sur le pacte d'association pour tenter de briser la glace. Maud surprit le regard de Diane interrogateur auquel elle répondit par un léger soulèvement d'épaules. Le comportement d'habitude si chaleureux de l'homme avait disparut et laissait désormais place à une façade froide et lisse.

La journée se déroula sans trop d'accrocs cette fois-ci, et l'université paraissait plutôt encline au projet du premier ministre. Cependant, cet air soucieux et grave ne l'avait pas quitté. Maud se demandait ce qui pouvait bien l'importuner et le chiffonner de la sorte. John avait pour hypothèse que la source de son comportement était due à une embrouille conjugale. Diane semblait penser que le problème était plutôt d'ordre politique.

Les stagiaires dînèrent entre eux ce soir là, à l'hôtel. John et Diane avaient des rapports à finir, aussi ils montèrent relativement tôt dans leurs chambres respectives pour s'y atteler. Maud, n'ayant pas de devoirs à terminer, et s'ennuyant fermement, prit l'initiative de descendre boire un verre au bar de l'hôtel. C'est un salon vide qu'elle trouva à la descente des escaliers. Il avait été alloué pour le déplacement du premier ministre. Elle commanda un verre de vin blanc au barman et pivota vers les grandes fenêtres pour admirer la vue sur la ville. C'est alors qu'elle l'aperçu, presque caché, retranché dans un coin du salon. Justin Trudeau buvait un verre, seul, le regard dans le vide. Elle se retourna, le phare aux joues et commença à siroter son verre. Une musique lancinante de blues rendait l'ambiance encore plus palpable. Pendant qu'elle dégustait son vin, la jeune femme lisait les actualités de France sur son portable. Accaparée par une affaire de corruption concernant un célèbre homme politique français, elle n'avait pas vu que l'homme d'Etat Canadien s'était assis à ses côtés. Le son de sa voix l'a fit sursauter.

« Pas de doutes, vous êtes bien Française ». La jeune femme écarquilla les yeux, montrant qu'elle ne comprenait pas. L'homme lui désigna des yeux le verre de vin.

-        Ah, oui... C'est vrai que je remplis plutôt bien les critères, lui répondit-elle, intimidée. Il lui sourit, la ride sur son front s'était envolée. Il commanda un autre scotch et regarda le portable posé sur la table et un sourire s'esquissa sur le coin de ses lèvres.

-        Ah ! Ces affaires politiques Françaises, vous êtes plutôt surprenants. Une histoire nouvelle sort chaque semaine. Elle eut la sensation que c'était l'occasion d'avoir une conversation avec lui. Accoudé au bar, sa chemise éternellement retroussée sur ses avant-bras, il était dans une position d'accessibilité voir de confidence.  Il dégageait toujours cet aura, cette posture chaleureuse et disponible.

-        C'est vrai, reconnu avec dépit la jeune femme. J'ai honte parfois de mon pays... dit-elle avec un rictus de déception qui déclencha le rire du premier ministre.

-        Vous savez pour qui vous allez voter pour les prochaines élections ? C'est vraiment palpitant, vos histoires ! Il bu une gorgée de son scotch et plissa légèrement les yeux en regardant sa voisine.

-        Ah ! Je ne sais pas encore, c'est compliqué. Mon avis n'est pas arrêté. Elle préféra garder une part de mystère sur ses opinions politiques, du moins, tant qu'elle ne l'avait pas amené sur le terrain. Et vous, que pensez-vous de la politique Française ?

- Vous ne voulez pas qu'on aille s'installer là-bas, il montra du doigt le renfoncement où elle l'avait vu lorsqu'elle était arrivée. C'est une question qui mérite une bonne discussion. La jeune femme acquiesça et ils allèrent s'asseoir dans un canapé en cuir, près de la fenêtre, leurs verres à la main.






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Tome 1. Un stage avec Justin TrudeauWhere stories live. Discover now