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Le jet personnel du premier ministre éclairait de ses vaisseaux le bitume du terminal. Maud respira profondément l'air frais d'Ottawa. Il était 5 heures du matin lorsqu'ils décollèrent du Canada. 9 heures de vol les attendaient. Le programme était simple, ils devaient arriver en début d'après midi et la cérémonie d'hommage se déroulerait fin de journée, dans la cour de l'Elysée.

Cela faisait trois jours que les attentats avaient eus lieu. Trois jours que la jeune femme était partagée entre la douleur, la colère, la haine et la compassion envers la France et ses victimes. Tous ces sentiments la submergeaient. Elle avait beaucoup de chance d'avoir John et Diane pour l'occuper et la soutenir. La rédaction du discours qu'elle devait prononcer à Paris lui avait pris des heures. Elle voulait qu'il soit parfait. Ni trop pathétique, ni trop léger. Mais vrai. Elle s'évertuait à essayer de repousser sa souffrance dans ses retranchements, et d'éviter d'y penser.

« Comment vas-tu ? »  S'enquerra Justin Trudeau qui venait d'embarquer, posant une main attentionnée sur l'épaule de la jeune femme. Elle tressaillit sous le contact du Canadien.

« Bien, j'irai bien », répondit-elle, la voix cassée et intimidée. Il s'assit en face d'elle et s'appuya sur ses coudes en se penchant vers elle. Ils étaient seuls à leur table. Ses conseillers et ministres concernés par la visite diplomatique étaient réunis par petits groupes, dispersés sur les deux postes de travail du fond. L'homme la regardait, démunit. Maud senti qu'il cherchait ses mots et qu'il ne savait pas quelle position adopter. Elle décida de prendre l'initiative.

-        Je n'arrive pas à réaliser que je vais parler devant la France entière. Je suis légèrement stressé, là, tout de suite. Il plissa son œil droit et remonta le coin de sa bouche en même temps. Elle avait remarqué ce tic de parole depuis quelques temps déjà, et il apparaissait toutes les fois où le premier ministre était gêné. Mais en réalité, il le rendait encore plus séduisant.

-        Oh je suis sûr que tout va bien se passer. Tu as ton discours ? Si tu le souhaite, tu peux le donner à lire à Judith, c'est ma plume. Elle pourrait te donner son avis. La jeune femme acquiesça, reconnaissante.

Elle sorti son texte, le lui tendit et il alla le transmettre à Judith. Il revint après lui avoir donné les instructions.

« Alors, tu aimes Paris ? » Il grimaça légèrement quand il réalisa que la question n'était pas la plus judicieuse  compte tenu des événements. Maud lui sourit pour le rassurer.

« Oui, j'adore cette ville. Elle a un charme fou d'ordinaire, tu ne trouve pas ? » Il lui sourit en retour, reconnaissant et ils commencèrent à discuter de la France. Il réussit à lui faire oublier un court instant la situation. Ses yeux bleus charmeurs connectés aux siens, lui faisaient oublier où elle se trouvait, ce qu'il se passait. A chaque fois, leurs conversations étaient animée, faciles. En outre, ils s'entendaient bien. Mais le premier ministre était connu pour être quelqu'un de très amical et chaleureux. Maud ne faisait pas exception.

Il fut interpellé par ses collègues qui avaient besoin de le briefer pour la visite officielle.

« Sophie ne vient pas avec toi ? ». C'était la fameuse Judith qui avait posé la question à l'homme d'Etat. Celui-ci s'appuya contre le dossier d'un siège et croisa les bras. Il était dos à la française.

« Non, elle a préféré rester à Ottawa avec les enfants. Je... Nous... On prend un peu de distance », il avait prononcé les derniers mots en baissant la voix. Judith hocha de la tête, l'air grave, et tapota l'épaule du premier ministre.

C'est un Paris gris qui accueillit la délégation Canadienne. Le vent soufflait fort sur le tarmac. Une horde de journaliste s'était massée au pied de l'escalier du jet, encadrée par des vigiles. Justin Trudeau sorti et salua officiellement la foule. Il serra quelques mains à sa descente, et nous montâmes dans les berlines fumées. Direction, l'Elysée.

16 heures : l'arrivée à l'Elysée se fit en grandes pompes. Le protocole Français, mondialement connu, était impeccable. Maud ressentie de la fierté et beaucoup d'émotion en rencontrant le président de la République Française, au visage grave. Tout ce temps où elle avait parcourut les rues parisiennes pour arriver jusqu'ici, elle avait retenue sa peine. Le chef d'Etat Canadien s'en sortait merveilleusement bien dans le jeu diplomatique. Le visage sombre et compatissant, il avait donné ses hommages au président Français, qu'il dépassait d'au moins deux bonnes têtes.

Les deux chefs d'Etat s'entretinrent en privée pour discuter des événements. Le fait qu'une équipe nationale de Volley-ball avait été tuée, renforçait le lien entre les deux pays et rendait légitime une cérémonie conjointe.

Pendant ce temps, Judith revint vers Maud, son texte à la main. « Je n'ai rien changé. Bravo, c'est un très beau texte. Je suis sûre qu'il parlera à beaucoup de monde ». Le cœur de la jeune femme se crispa d'anxiété.

La cérémonie débuta à 18 heures.

Tome 1. Un stage avec Justin TrudeauWhere stories live. Discover now