Tome 1. Un stage avec Justin Trudeau

Tête à tête avec le premier ministre 2

Le temps filait dans ce salon aux couleurs chaudes. Les verres vidés et remplacés. Maud se sentait désormais totalement à l'aise. Elle avait repliée une de ses jambes sous elle sur le canapé et Justin Trudeau, semblait détendu, un bras reposant sur le dossier du sofa en direction de la jeune femme . Celle-ci constatait les yeux devenus brillants du Premier ministre à mesure que l'alcool faisait effet. La posture d'usage avait laissé place à la familiarité et par deux fois il l'avait tutoyé et s'était rattrapé, légèrement gêné. Débutée sur la politique française, la conversation avait bifurquée sur leurs vies personnelles et leurs voyages. Alors qu'il l'a tutoya une troisième fois, la jeune femme s'exclama : « Vous pouvez me tutoyer, vous savez, ça ne me dérange absolument pas, je préférerais, d'ailleurs ». L'homme d'Etat ouvrit la bouche, la referma, fronça les sourcils et sourit : « D'accord, très bien. Mais à la condition que tu me tutoies également ». Maud tendit spontanément la main à ce dernier qui la lui serra. « Deal ».

La française n'avait aucune idée de l'heure qu'il était. Elle appréciait la moindre minute passée aux côtés de Justin Trudeau qui était réellement d'une très agréable compagnie et de bonne discussion.  Un bâillement s'échappa de sa bouche. Il la regarda, compréhensif et jeta un coup d'œil à sa montre.

-        Ah, oui, effectivement. Je n'ai pas vu le temps passé, il est déjà 1 heure du matin. On devrait aller se coucher, dit-il en se redressant. Maud opina de la tête et se leva.

-        -Effectivement, ce ne serait pas raisonnable, glissa-t-elle, quelque peu embarrassée.

Il lui sourit et tous deux se dirigèrent vers l'escalier et montèrent à leurs chambres. Arrivée devant la porte de sa chambre, Maud se retourna légèrement et chuchota espiègle: « Bonne nuit, Monsieur le premier ministre ». Celui-ci la contempla amusé : « Ah non, appelles moi Justin. Bonne nuit, Maud, merci pour la conversation » et ses yeux rieurs la quittèrent alors qu'il se dirigeait vers sa suite, un peu plus loin dans le couloir. La jeune femme entra dans sa chambre, se déshabilla et se mit au lit avec la sensation qu'elle venait de passer un moment privilégié avec le premier ministre du Canada. Cependant, la conversation qu'ils avaient eu avait participé à rendre leurs rapports plus familiers.

Ils atteignirent Montréal après trois heures de route. Cette deuxième journée fut également un succès. L'équipe arriva à l'hôtel de bonne humeur. Ils reprendraient le chemin d'Ottawa le lendemain matin.  Installés dans le salon pour débriefer la journée, le portable personnel de Justin Trudeau sonna. Il regarda l'appelant en fronçant les sourcils, se leva précipitamment, s'excusa et décrocha. Alors qu'il s'éloignait, Maud cru entendre le prénom de Sophie, sa femme. Claire s'était remise à parler, mais la jeune femme ne pouvait s'empêcher de laisser son oreille traîner. Le ton du chef d'Etat semblait cassant et sec. « Non, non, on en a déjà parlé. On a essayé... Ce n'est pas le moment Sophie je suis en déplacement ». Il revint au bout de quelques minutes visiblement tendu. Claire prit la parole la première:

-        Etant donné que c'est le dernier soir et que je pense qu'on a fait du bon travail et qu'on est en bonne voie, que diriez-vous de fêter ça ce soir. On pourrait faire un petit apéro dans ma suite. Quelques collaborateurs seront également présents ce soir pour préparer le discours de Justin sur sa politique d'immigration. Mais vous pourriez nous rejoindre ensuite ?

Elle avait prononcé la dernière phrase en lançant au premier ministre un regard interrogateur. Ce dernier acquiesça et les stagiaires s'échangèrent des regards réjouis. « On l'a bien mérité » avait-il soufflé.

Toute l'équipe était présente le soir même dans la suite de Claire. David et Xavier, les collaborateurs du Premier ministre sur le projet d'association universitaire, les trois stagiaires et un groupe de femmes de la mairie de Montréal, déléguées universitaires. Tous avaient commencé sans attendre l'homme d'Etat à boire leurs coupes de champagne. L'ambiance y était conviviale, décontractée. Maud avait voulu s'apprêter plus qu'à l'ordinaire, et revêtait une robe noire qui soulignait sa taille. Elle avait relevé ses cheveux bouclés en un chignon négligé et de grosses boucles d'oreilles en poires vertes soulignaient son port de tête. Sa tenue lui avait value un regard appuyé de la part de John et un compliment de Claire.

Claire était une très belle femme de 50 ans. Ses cheveux poivres et sel coupés à la garçonne la rajeunissait. Elle possédait encore un corps svelte et tonique. La robe à fourreau rouge qu'elle arborait faisait ressortir ses yeux bruns en amande. Sa posture respirait la grâce et c'était une femme avec un fort tempérament. Ses adversaires politiques le savaient bien. Il ne fallait pas lui chercher des noises. Maud était fière qu'elle soit sa tutrice et elle admirait son engagement et sa façon d'être en politique.

« Mettez-nous donc vos musiques de jeunes, les jeunes » avait-elle scandé tout en finissant sa troisième coupe de champagne. Diana rigola de bon cœur et endossa la casquette de DJ. Elle passa tous les classiques du moment : The Chainsmokers, Ed Sheeran, Justin Bieber (en référence au chanteur canadien).

« C'est une blague, c'est ça ? »

Maud se retourna en reconnaissant la voix du premier ministre. Il trônait là, au milieu de la pièce, une main dans la poche de son jean, un air désabusé. Sa chemise blanche était légèrement entrouverte et laissait paraître sa peau claire et lisse. Une mèche de ses cheveux de geai reposait sur son front marqué par l'expression interrogatrice et narquoise qu'il arborait.

« C'est une petite dédicace » renchérit Diane.  La salle se mit à rire et lui aussi. « Je sais bien qu'il s'appelle Justin et qu'il est cool. Mais quand même... ». Il prit une coupe de champagne et trinqua avec les hommes qui étaient arrivés en sa compagnie. « A ce projet d'association, et... Au Canada !, Lâcha-t-il en levant son verre.

La soirée battait son plein. L'alcool facilitait les discussions entre les différentes hiérarchies et les stagiaires se mêlaient naturellement aux autres.  John et Maud échangeaient passionnément leurs points de vue géopolitiques sur l'Europe, assis dans un coin de la suite. Leur discussion était très animée, ponctuée d'éclats de rire et d'haussements de voix. Alors que John plaisantait sur le rôle de la France au sein de l'OTAN, Maud tourna instinctivement le regard vers l'autre côté de la pièce. Elle croisa celui du premier ministre. Adossé à la cheminée, un verre dans la main et l'autre, toujours dans sa poche, il observait le couple d'amis, le sourcil légèrement relevé. Quand il s'aperçut que la jeune femme le regardait, il détourna les yeux et bu une gorgée de champagne.

A la fin d'une de leur conversation, Maud checka son portable. Il était environs 22 heures. 10 appels manqués, et de nombreux messages mélangés aux notifications des journaux auxquels elle était abonnée. Les notifications étaient plutôt récentes, tout avait été émis dans l'heure. Son cœur s'emballa lorsqu'il vit les mots "attentats, morts, Paris". Elle ouvrit le message de Damien, son meilleur ami. Sa coupe de champagne lui échappa des mains...

Alors?? Quels avis? ;)