La femme

797 35 3
                                    




Sophie s'assit à la table de la cuisine et intima à la jeune fille de la rejoindre. Elle croisa les bras sur la surface en bois. Elle portait un trench beige clair et ses cheveux étaient relevés en queue de cheval.

« Il a du vous dire qu'entre nous... Ce n'était plus... ça. Ce n'est jamais facile de sauvegarder un mariage. Et nous avons essayé. Elle marqua une pause et soupira. On a vraiment essayé ». Maud remua sur son siège, mal à l'aise, attendant de voir où elle voulait aller, redoutant son gourou.

« Et je crois que je dois me rendre à l'évidence... Notre histoire est finie. Nous serons toujours les parents de nos enfants. Mais... » Sa voix se cassa. La culpabilité envahit la jeune femme.

« Je sais que vous vous voyez. Je sais aussi que ce n'est pas de votre faute, réellement. C'est la vie. Et je sais également que depuis quelques jours, il n'est vraiment pas bien. Tout ce déchaînement médiatique, le mécontentement des Canadiens la pression internationale... Et vous qui vous êtes détournée ».

« Je... »

« Je sais, ce qu'a fait Tom. Et je n'en suis pas fière. Je me doutais que ce soit vous. Jeune, pétillante, courageuse, intelligente et charmante... Je connais mon mari. J'ai également vu le regard qu'il portait sur vous. Je voulais en avoir le cœur net et j'ai été... Je regrette. Je regrette parce que maintenant, il est malheureux. Je ne vois plus cette lueur qu'il a dans les yeux, lorsqu'il joue avec nos enfants. En fait, si je suis venue vous voir, et j'ai pris sur moi, croyez-moi... C'est parce que... Qu'il a besoin de vous. Ca me tu de devoir vous dire ça. Mais parce que je l'aime et que je pense qu'il se perd, je vous demande, pour moi, pour lui et pour le Canada, de mettre votre rancœur de côté, et d'être là pour lui. Il a besoin de tous ses soutiens. Et je crois que le votre... Lui est cher ». La femme se leva.

« Voilà, je vous ai tout dit. Réfléchissez-y, s'il vous plaît. Bonne soirée Maud ». La jeune femme, tellement abasourdie, resta plantée sur sa chaise. Elle n'avait pas prononcé un seul mot, et l'avait juste écouté parler. Elle l'admira. Cette femme au cœur brisé, si courageuse. Il fallait l'être, pour aller supplier sa rivale, la maîtresse de son mari, de retourner dans ses bras. Il fallait avoir beaucoup d'amour, également.

Bouleversée, elle attrapa son portable et composa le numéro de Justin Trudeau.

Elle pensa au premier ministre, qui devait vivre une situation désastreuse. Et elle, égoïste, elle avait préféré l'ignorer et le fuir... « Quelle conne ».

« Allo, Maud ? » Sa voix cassée emplit son cœur de tendresse.

« Justin, on peut se voir ? Tu es à Ottawa ? »

« Je peux venir dans un quart d'heure »

« Je t'attends » Souffla-t-elle.

Maud se glissa sous la douche et enfila à la suite une robe kaki, celle qu'elle portait le jour de leur première rencontre.

C'est le cœur tambourinant contre sa poitrine qu'elle alla ouvrir. Il était si attendrissant. Ses boucles brunes ébouriffées, le regard terne, il se mordait l'intérieur de la bouche. Vêtu d'une chemise en jean bleue claire et d'un pantalon noir, il était toujours aussi sexy et elle fondit sous son regard délavé.

« Entre, je t'en prie ». Il entra et s'assit à moitié sur la table, les bras croisés sur sa poitrine.

« Je voulais te parler... » Commença-t-elle, se retenant de se jeter à son cou et de l'embrasser passionnément.

« Je t'écoute » Dit-il, calmement, ses yeux perçants plantés dans ceux de la jeune femme.

« Je suis désolée de ne pas avoir répondu... Je... J'étais très énervée. Je sais que tu n'y peux rien, que ce n'était pas de ta faute. Mais j'ai eu peur, aussi. J'ai eu peur de me brûler ». Il détourna le regard, sinistre. Elle se rapprocha un peu.

« J'ai été égoïste. Je suis désolée ».

« Tu as eu sûrement raison, c'est compréhensible. On aurait peut-être jamais du... »

« Arrêtes, ne dit pas ça. Il plongea à nouveau son regard bleu dans le sien. Sophie est venue me voir ». Il se redressa, inquiet.

« Elle a été très courageuse. Elle m'a demandé d'être là pour toi ».

« AH ! S'exclama-t-il. Alors c'est pour ça que tu m'as appelé ? Parce que ma femme t'as dit de le faire ?! ». Il se tenait maintenant debout, devant elle, les traits durs et le ton emprunt de rancœur.

« Non ! Enfin, j'allais le faire de toute façon, je... »

« Epargnes moi ta pitié, Maud. Je ne sais pas ce qu'a crût faire Sophie, mais elle s'est trompée ». Il se dirigea vers la porte, mais elle le retint fermement par le bras. Son muscle, sous sa main, tressaillit.

« Justin, attends ! S'il te plaît, ne le prends pas comme ça, je voulais juste m'excuser. Je ne pouvais pas rester indéfiniment sans te parler, il fallait qu'on discute ».

« Non, Maud, tu as attendu des semaines. Tu m'as royalement ignoré. Tu n'étais pas là, quand j'avais besoin de toi. ». Des larmes chaudes coulèrent sur les joues de la jeune femme.

« Je suis tellement désolée... » Murmura-t-elle, la voix entrecoupée de sanglots.

« Tu sais ce que ça fait ? D'être rejeté et ignoré après t'avoir dit ce que je ressentais ? Et quand tout se casse la gueule autour de toi je peux te dire que ça fait très mal ». Il se retourna lorsque sa voix se brisa et passa une main dans ses cheveux.

« J'ai flippé. J'ai préféré me protéger. Je sais que c'est nul, et que c'est pas toujours la bonne chose à faire. Mais... ». Maud alla se placer devant lui. Les yeux rougis, et les sourcils froncés, il serrait les lèvres et semblait lutter.

« Je t'aime » murmura-t-elle, pleine d'affection pour lui. Il la regarda confondu. Elle frôla son visage de ses doigts.

« Je t'aime » répéta-t-elle en se rapprochant. Elle lu dans son regard son hésitation. Une larme coula de sa joue et elle l'arrêta avec son doigt. La jeune femme l'enlaça et elle sentit les mains du premier ministre lui répondre. Il les plaça sur sa nuque qu'il inclina vers lui, puis il déposa ses lèvres sur les siennes. Le baiser humide les fit frémir.

« Tu en as mis, du temps» Chuchota-t-il, son front reposant contre celui de la Française.

Tome 1. Un stage avec Justin TrudeauOnde as histórias ganham vida. Descobre agora