Une bien triste nouvelle

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Maud raccrocha.

Elle aurait voulu se réveiller. Elle aurait préféré se réveiller. Sans le vouloir, elle refreinait ses sanglots qui s'étaient coincés quelque part, au fond de sa gorge. Elle considéra la pièce, machinalement. Des hommes s'attelaient à pianoter sur leurs ordinateurs. Claire paraissait en grande discussion avec des collaborateurs et autres conseillers sécurité. Diane avait les yeux rivés sur l'écran de la télévision, comme la plupart des personnes restantes, présentes.

Elle avait envie de crier. Mais rien ne sortait, elle était incapable de bouger ou d'émettre un son. Comment avait-il pu se trouver là ? Par quel malheureux hasard ou coup du destin ? Lui qui ne sortait que rarement en club. Pourquoi avait-il choisi ce soir-ci pour le faire, finalement ? Ravagé par une tristesse abyssale, la jeune femme se glissa à l'extérieur du bureau, dans la pénombre du long couloir froid. Elle aurait voulu atteindre une autre pièce et s'y faufiler mais la douleur l'empêcha d'avancer davantage. Elle éclata en sanglots silencieux contre les pierres lisses du mur. La tête enfouie dans son bras appuyé contre le mur, Maud se laissa aller.

Aveuglée par ses torrents de larmes et la douleur, elle eut du mal à distinguer la personne qui l'avait rejointe et qui l'enlaçait, maintenant. La silhouette essuya ses larmes et la française reconnu les yeux bruns de son ami John. Elle se laissa aller contre lui. « Pierrick, un ami à moi... était dans le club... », Gémit-elle. John comprit, resserra son étreinte et caressa doucement le dos de sa partenaire. « Putain... Je suis tellement désolé, Maud... ». Ils restèrent ainsi un long moment.

La porte du bureau s'ouvrit à la volée, laissant s'échapper une trainée de lumière. Le premier ministre s'arrêta net dans son élan lorsqu'il vit les deux stagiaires.  John s'écarta légèrement de la jeune femme et son visage endolori apparut aux yeux de Justin Trudeau. L'expression de surprise qu'il revêtait au premier abord laissa place à une profonde inquiétude. Il hésita, le front soucieux puis se hâta de la rejoindre. « Que se passe-t-il, Maud ? » demanda-t-il, tout en redoutant la réponse. La dernière relâcha l'étreinte de John et tenta de faire face au premier ministre avec le peu de contenance qu'il lui restait. Sa voix tremblait. « Un ami à moi n'a pas réussit à s'échapper de ce club » elle leva les mains devant ses yeux, comme pour tenter de cacher un sanglot. Justin, complètement désemparé, l'étreignit. Il l'a serra fort, comme pour combler l'absence de ses mots. Il ne pouvait avoir de mots à la hauteur de sa peine. « C'est fini... Les assaillants de la prise d'otage ont été neutralisés... Les périmètres ont été bouclés, il n'y a qu'un terroriste en fuite de connu pour le moment ». Il se redressa et dévisagea la jeune femme. Son visage, baigné de larmes, resplendissait dans la douleur. Le vert de ses yeux ressortait plus que jamais, éclairé par la lumière du bureau et le liquide salé de ses larmes. Sa bouche était rouge de trop avoir tenté de contrôler ses pleurs. Quelques boucles de ses cheveux rebelles encadraient son front et ses tempes blanches.

« Maud, qu'est ce qu'il se passe ? » Claire, suivit de Diane arrivèrent bientôt, le regard soucieux. Le premier ministre s'écarta de la jeune femme.

Il fut conclu que Diane rentre avec Maud, et qu'elle veille sur elle jusqu'au lendemain. Des décisions importantes seraient prises. Il fallait laisser les événements se tasser pour y voir plus clair. Les larmes séchèrent peu à peu, mais la tristesse resta ancrée dans le cœur de la Française. Elle dormi jusqu'à 17 heures, le lendemain.

La situation était plus claire mais également plus sombre. 207 morts. Un véritable carnage. L'équipe canadienne de Volley-Ball était décimée. Elle avait reçu des réponses rassurantes de ses autres amis Parisiens... Mais son cœur se serrait à la moindre pensée pour son ami, qui lui, n'avait pas eu cette chance.

Son téléphone sonna alors que Diane et elle regardaient, sidérées, les informations.

-Allo ? Sa voix demeurait rauque.

-Maud, le cœur de cette dernière fit un bond dans sa poitrine, c'est Justin. J'espère que je ne te dérange pas... Et que tu tiens le coup... Son ton était hésitant. Surprise, elle répondit que non, il ne la dérangeait pas.

- Voilà, je voulais t'avoir directement parce que je vais devoir me rendre en France et rencontrer le président Hollande. Est-ce que tu voudrais m'accompagner ? Il y a une cérémonie de prévue dans deux jours. Je lui ai parlé de toi, et de ta situation et il a proposé que tu fasses un discours... et il rajouta précipitamment,  si tu le souhaite, bien sûr, rien ne t'est imposé. Et si tu n'es pas prête, je comprendrais totalement ».

La jeune femme ressenti alors une immense reconnaissance envers le premier ministre. Son cœur se réchauffa instantanément. Elle aurait eu envie de le serrer dans ses bras. Il lui donnait l'occasion de rendre hommage à son ami, de la meilleure façon qu'il soit.

-Bien sûr, que j'accepte.





Encore une fois, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, vos conseils et retours me sont précieux :)

Tome 1. Un stage avec Justin TrudeauWhere stories live. Discover now