Tome 1. Un stage avec Justin Trudeau

Petit nuage

Maud lui rendit son baiser et il l'étreignit. Elle enfouit son visage dans le creux de son cou et lâcha un petit soupir d'aise. Quelle odeur divine. Un mélange de notes musquées et sucrées. Le premier ministre passa sa main dans ses boucles.

« J'aime beaucoup tes cheveux » lui murmura-t-il, en les faisant glisser entre ses doigts.

« On en parle des tiens qui font fureur sur internet ? », Il rit, amusé.

« Ce qui m'importe c'est ce que toi, tu en penses ». Elle se redressa, pour lui faire face.

« Qu'est-ce qu'il va se passer, maintenant ? », demanda-t-elle d'une petite voix. Il détourna la tête, le regard mélancolique et inspira, profondément.

« Je suggère qu'on profite du moment présent. Il vit le regard perplexe de la jeune femme. Et qu'on voit où ça nous mène. On n'a pas choisit la facilité». Son sourire taquin la détendit. Elle lui demanda comment s'était passé le vote. Puis la conversation s'envola, comme à son habitude. Justin lui parla de son enfance, de son père premier ministre. De ses doutes, ses craintes de mal faire, de se tromper. C'était captivant pour Maud de pouvoir connaître l'envers du décor, les failles, le dessous des façades. Pendant qu'il se dévoilait, ses mains caressaient machinalement celles de la jeune femme.

« Et toi, qu'est –ce que tu penses de ma politique ? » lui avait-il demandé. La française lui avait alors exposé son point de vue. Les atouts, faiblesses et améliorations qu'elle estimait possibles. Bien sûr, elle n'était pas experte. Mais le premier ministre semblait reconnaissant d'entendre un point de vue franc.

Ils débâtèrent, rirent, se taquinèrent et surtout, se regardèrent. Ils ne pouvaient s'empêcher de sourire, radieux. Les heures passèrent, et ils ne les virent pas défiler.

« Je devrais peut-être te ramener chez toi », finit-il par dire. Elle acquiesça, une moue de déception pendue aux lèvres. Justin Trudeau prit délicatement le visage de la jeune femme entre ses mains et pressa ses lèvres contre les siennes. La pression se fit plus forte et Maud passa ses mains dans les cheveux ébène du premier ministre. Il l'agrippa et l'attira contre lui. Ils s'embrassèrent comme si c'était la dernière fois qu'ils se voyaient. L'homme finit par la relâcher et ils restèrent tous deux à bout de souffle quelques instants, une lueur d'envie éclairant leurs yeux.

« Allé, on y va » lâcha-t-il, en se levant et en tendant la main à la jeune femme pour l'aider à se relever. Ils reprirent la route. Lorsqu'il la déposa, Justin l'embrassa affectueusement sur le front.

« A bientôt ».

Maud était sur un petit nuage. Les jours suivants, elle les passa dans une espèce de brouillard rose, où tout était beau, tout était bien, et rien ne pouvait l'atteindre. Elle avait la sensation que chacun de ses sentiments s'étaient amplifiés. La vie était belle.

Ses amis semblèrent remarquer son changement d'attitude et lui demandèrent quelle mouche l'avait piqué. Elle resta évasive. Elle n'avait qu'une hâte, le revoir. Ses souhaits allaient être rapidement exaucés puisque le week-end suivant avait lieu la journée mondiale de la femme. A cette occasion, une soirée de concert était programmée. Le Premier ministre devait donner un discours d'ouverture, ainsi que sa femme, Sophie, connue pour être engagée dans de nombreuses causes féministes. Et tout le monde savait que Justin Trudeau était féministe.

Claire avait réussit à dégotter des places pour les trois stagiaires, dans le carré «  VIP » avec ses homologues politiques. Et le chef d'Etat.

Entre temps, Maud, qui travaillait également en partie à l'ambassade de France à Ottawa avec Claire lorsqu'elles n'étaient pas au parlement, apprit que la France, suite aux récents attentats, avait redoublé d'efforts et de frappes en Irak et en Syrie. L'ambassadeur avait souligné une probable et possible riposte de la part des terroristes, partout dans le monde. Jamais la France ne s'était autant engagée auprès de la Russie et de l'Iran.

La jeune femme travaillait actuellement sur le sommet des universités qui avait lieu à la fin du mois, en Inde. L'équipe du projet d'association universitaire devait s'y rendre pour élargir leurs partenariats au monde et tenter de diffuser leurs propositions.

Le jour de la femme et du concert arriva. Diane et Maud se préparèrent ensemble et en musique pour se mettre dans l'ambiance. Elle était devenue complice avec la jeune Suisse et aurait tant aimé lui raconter ce qu'il se passait dans sa vie, avec Justin Trudeau. Mais elle ne savait pas si elle pouvait réellement se fier à elle. Maud opta pour un jean slim noir qui épousait ses formes et un croc-top bordeaux assez large qui lui tombait d'une épaule. Elle lâcha sa crinière et se maquilla uniquement les yeux avec un trait d'eye-liner et du mascara qui faisaient ressortit la couleur de ses prunelles. Diane avait choisit une petite robe noire et des boots camel. La tenue de travail n'était pas de mise pour le soir.

Claire passa les chercher à 20 heures dans un gros van noir. Le concert avait lieu au centre des Congrès d'Ottawa. Une foule se massait déjà devant les portes. Ils gagnèrent le balcon réservé sur le côté est de la scène et s'installèrent, attendant le début des festivités.