La cigarette

932 38 2
                                    




La réunion avec le principal et ses différents délégués aux relations internationales et administratifs s'éternisa jusqu'à la fin de l'après-midi. Beaucoup de bonnes choses en sortirent, et des avancées significatives furent établies sur le dossier. Mais il fallait encore s'entretenir avec les autres principales universités du pays et les hauts fonctionnaires. Le lendemain, un second rendez-vous était programmé dans une autre grande université de la région. Aussi, l'équipe devrait passer une nuit à l'hôtel. Un chalet avait été réservé, dans les hauteurs de Vancouver dans la mesure où le premier ministre avait également une visite de prévue le lendemain matin dans une entreprise d'une station de ski.

Le chalet en bois massif surplombait une forêt de sapins. Il était plus de 19 heures lorsqu'ils arrivèrent et la nuit venait de tomber. Quelques guirlandes lumineuses éclairaient l'entrée du chalet et les immenses fenêtres des chambres. L'endroit avait été entièrement réservé pour l'équipe, ce qui était courant lorsqu'il s'agissait du premier ministre. De la fenêtre de la voiture, Maud regarda les deux imposants gardes du corps descendre de voiture. Ils vérifièrent le périmètre et firent un signe de tête vers la première voiture garée en face de la porte d'entrée. De la fumée s'échappait de leurs bouches lorsqu'ils parlaient. Puis la grande silhouette élancée de Justin Trudeau apparut dans le champ de vision de la jeune femme. Il le vit gagner l'hôtel de ses grands pas assurés.
Le sol était couvert de glace. Il lui fallut une profonde concentration pour réussir à gagner le ponton d'accueil. L'intérieur du chalet était chaleureux et contemporain. Les chambres furent réparties et l'équipe se sépara quelques temps pour s'installer et se reposer avant de se retrouver pour dîner dans le salon.

Une grande table en bois trônait au centre de la salle de réception, en face d'une immense baie vitrée qui donnait sur la vaste étendue de la forêt saupoudrée de neige. De grands chandeliers étaient disposés entre les couverts et les plats de viandes et de légumes qu'avait pris le soin de déposer le service de l'hôtel. Maud se retrouva assise en face du premier ministre pour le dîner. Ses yeux étaient irrités de fatigue, le décalage horaire n'était toujours pas dissipé. Elle commença à perdre son anglais. Alors qu'elle racontait son parcours universitaire à Claire pour répondre à sa question, des mots de français venaient combler des oublis anglophones. La fatigue prenait le dessus. « Je suis désolée, je commence à fatiguer je crois » glissa-t-elle dans un sourire gêné. Elle leva les yeux et croisa le regard de l'homme en face d'elle. Une flamme du chandelier dansait devant ses pupilles qui avaient pris la couleur de la braise. « Aucun problème, ça doit être beaucoup de choses à assumer en peu de temps. Vous n'avez pas vraiment eu le temps de vous reposer non plus depuis votre, arrivée, mais rassurez-vous, vous êtes à la hauteur », avait-il dit en français, le coin de sa bouche relevé en un léger sourire, bienveillant.

La fin du dîner se passa dans une ambiance reposée, détendue. Le vin rouge réchauffait les joues des attablés. Maud s'excusa et sortie sur la terrasse s'allumer une cigarette. Elle s'appuya contre la large barrière en bois lisse et contempla la vue.

« Je peux vous en emprunter une ? ». Maud se retourna surprise. Le premier ministre lui faisait face. Elle réalisa alors à quel point elle était petite. Il la dominait de sa hauteur, mais sa posture était chaleureuse et aimable. La jeune femme lui tendit son paquet d'où il tira une cigarette. Il la porta à sa bouche et l'alluma. Il tira une longue bouffée et la fumée se dispersa dans la nuit noire. Il s'adossa à la barrière à côté d'elle. « Alors, qu'elle est votre première impression de ce pays et de ce stage ? ». La jeune femme était reconnaissante qu'il lui parle en français, mais elle ne pu réprimer un petit rire. L'accent québécois était réellement drôle. Il souleva un sourcil visiblement amusé, « Je suis désolée, c'est juste que je ne suis pas habituée à entendre l'accent québécois, ça fait toujours drôle ». Cette fois, il laissa échapper un rire franc. Il se tourna vers elle. « C'est plutôt vous, Français, qui avez un accent ». Ils rigolèrent tous les deux quelques instants. « Je suis ravie d'être ici. Au Canada déjà, et puis de pouvoir effectuer ce stage. Je pense que c'est une réelle opportunité pour moi, professionnellement parlant. J'espère que je serai à la hauteur de la tâche, et n'hésitez pas à me dire si je fais les choses mal », rajouta-t-elle en plantant son regard dans celui du premier ministre. Ses yeux lui sourirent. « Ne vous en faites pas, je suis sûr que tout se passera bien pour vous ». La baie vitrée s'ouvrit et Claire apparut sur le porche. « Justin, un coup de fil pour toi ». L'intéressé offrit un dernier sourire à la jeune femme, s'empara du téléphone et entra dans le salon.

Tome 1. Un stage avec Justin TrudeauWhere stories live. Discover now