Dérapage

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Elle noya sa frustration et sa colère dans l'alcool ce soir là. Déchaînée, elle se laissa draguer par des hommes de son âge. Et les trouva tous aussi inintéressants les uns que les autres. Personne n'était à la hauteur de Justin Trudeau, c'était une évidence effroyable pour la jeune femme. Lorsqu'elle le réalisa, elle sentit la détresse l'envelopper. C'était comme si elle avait eut une vie avant de rencontrer le premier ministre Canadien, et que celle-ci ne serait plus jamais la même à présent.
Bien sûr, son discours à Paris, lors des attentats, et les rumeurs des petites villes firent que beaucoup de monde vinrent lui parler, lorsqu'elle sortit avec ses amis dans ce bar qu'ils avaient l'habitude de fréquenter. Tout le monde se connaissait à Niort. Maud était vue comme l'enfant qui avait réussi, et chacun lui jetait des fleurs. Un garçon qui lui avait plu quelques mois auparavant, avant qu'elle ne parte pour Ottawa, se rapprocha d'elle, durant la soirée. Elle avait perdu tout contrôle et ne vivait que pour le moment présent, essayant d'oublier la situation dans laquelle elle s'était mise. Sa stupidité et le fait qu'elle l'avait peut-être perdu l'a rendait inconsolable.

Il s'appelait Maxime. Et elle se réveilla à ses côtés, le lendemain matin.

Alors qu'il faisait courir sa main sur le reste des longues balafres rosées que la peau de Maud portait encore, symboles de ses mésaventures, la jeune femme se réveilla, horrifiée. Un mal de crâne assorti à une violente douleur à sa propre estime la clouèrent aux draps. « Décidemment, tu les enchaine... ». Elle repoussa mécaniquement les mains du jeune homme et se leva pour se rhabiller.

« Il y a un numéro inconnu qui t'appelle, ça doit être un fake... Allo ? »

La jeune femme fit volte face et lui arracha le portable des mains. Pour qui se prenait-il? Son cœur battait la chamade. Elle porta le téléphone à son oreille, redoutant le pire.

« Allo » répéta-t-elle la voix tremblante.

« ...».

« Allo ? »

« Maud, c'est John. J'appelais pour avoir des nouvelles un peu, voir comment ça allait. Je vois que tu es en bonne compagnie ! ». La jeune femme se laissa tomber, soulagée sur le lit. Ce n'était pas Justin Trudeau. En même temps elle pouvait toujours rêver, après ce qu'il lui avait dit. Elle donna brièvement de ses nouvelles et écourta l'appel car elle n'avait qu'une hâte, partir de chez cet inconnu. Il voulu avoir son numéro, elle lui nota un faux.

Les remords l'envahirent, une fois arrivée chez elle. Pourquoi avait-elle fait ça ? N'avait-elle donc aucun respect, pour elle, comme pour lui ? Quelle faiblesse. Quelle futilité aussi. Sa nuit avec le premier ministre était de loin la plus inoubliable des nuits qu'elle avait pu avoir. La nuit dernière n'en était qu'une pâle, très pâle et amère copie. Rien à voir. Le jour et la nuit. Le jeune homme et l'homme. Le désir et l'amour. Maud porta ses mains à sa tête, écœurée. « Il a raison, je ne suis pas sérieuse, je suis une gamine qui fait n'importe quoi ». Elle se sentait tellement mal qu'il lui traversa l'esprit de démissionner, d'abandonner son stage. Une chose était sûre : être loin de lui, ne lui réussissait pas. Mais être près de lui, était un véritable danger.

Elle s'informa des actualités Canadiennes. Une vague de protestations sans précédents s'était levée la veille, suite au discours du premier ministre sur l'accueil des réfugiés. Il y avait eu du grabuge. Une partie du peuple manifestait sa colère et con mécontentement, remettant en cause les capacités de l'homme d'Etat.

Rongée d'inquiétude et de remords, Maud attrapa son portable et relut sa conversation avec le Canadien. Ses doigts composèrent.

« Je suis désolée. Tu me manques beaucoup ». Pour elle, c'était lui avouer sa faiblesse, c'était se mettre à nu, et lui laisser la possibilité de la renvoyer paître. Mais il l'avait déjà fait, lui, se mettre à nu. Elle appuya sur le bouton « envoyer ». Elle jeta son portable plus loin sur son lit, comme s'il avait été une boule de braise brûlante et détourna le regard. Puis resta la journée entière sur son lit, à attendre une réponse de sa part, se rongeant les ongles. Elle s'endormie le soir même, le portable dans la main.

Pas de réponse au réveil. L'angoisse l'envahit la rendant irascible avec ses proches. Elle aurait eu envie d'entendre sa voix, d'être près de lui, contre lui.

Alors qu'elle regardait un film avec une amie, dans la soirée, son portable vibra. Désabusée, elle crut encore à un faux espoir. La simple vision des Lettres majuscules J et T l'embrasa toute entière.

« Je pense à toi, reviens vite ». Elle eut envie d'hurler de joie et de prendre son amie dans ses bras. Mais elle se contint. Un deuxième message la combla encore plus de bonheur.

« Je suis désolé. Je suis jaloux de tes proches qui peuvent profiter de toi, alors que moi je ne peux pas. C'est vraiment frustrant, et je n'ai pas envie que tu m'oublies. Parce que moi je ne t'oublie pas. ».

Tome 1. Un stage avec Justin TrudeauDär berättelser lever. Upptäck nu