Retrouvailles

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Ses messages lui firent oublier un temps soit peu ses préoccupations. Elle était bien consciente de la délicatesse de la situation. De l'interdit. Du risque. Mais c'était simple : elle ne pouvait pas reculer. Maud avait toujours eu ce credo : carpe diem. Toute expérience était bonne à prendre, les risques souvent nécessaires et le jeu en valait la chandelle. Elle ne savait pas réellement si ses sentiments étaient déjà amoureux, mais une chose restait sûre : elle l'avait dans la peau. Même si elle ne connaissait pas de quoi le lendemain serait fait, elle ne voulut pas abandonner.

Surtout que le premier ministre était en train de vivre un moment difficile, le plus tendu depuis le début de son mandat. Une récente manifestation à Ottawa avait fait une dizaine de blessés et de gros dégâts dans l'une des artères principales de la ville. Il y avait les pros Trudeau, et maintenant, les haters inondaient la toile de slogans assassins envers lui. Il fallait qu'il tienne bon, pour elle, il avait prit la bonne décision.

La veille de repartir pour le Canada, Maud reçu un long mail de Claire. Sa tutrice lui annonça qu'elle se retirait de la course quelques temps -elle ne savait pas encore jusque quand exactement – et qu'elle allait lui désigner un nouveau tuteur pour prendre le relais auprès de la jeune femme. Elle avait choisit judicieusement, et d'après ses compétences, un homologue à elle qui jusque là, avait travaillé à Montréal. Le hasard voulut qu'il soit également un très bon ami de Justin Trudeau et le parrain de sa fille de neuf ans. Tom Dolan. Dans son mail, Claire s'excusait auprès de Maud et lui souhaitait bon courage. La prise d'otage avait eut un impact beaucoup plus grand sur elle, elle l'avait sous-estimé. Elle ajouta également qu'elle ne devait pas hésiter à la joindre à tout moment, si elle avait besoin de ses conseils ou de lui parler.

La jeune Française ressentit un vif pincement au cœur lorsqu'elle quitta ses amis et sa famille. Ces deux semaines l'avaient reboosté et donné de l'énergie. Pendant le vol retour vers Ottawa, la jeune femme redouta son retour. Vis-à-vis de du premier ministre mais aussi vis-à-vis du climat politique ambiant. Maud hésita à envoyer un message au premier ministre. Il savait qu'elle rentrait ce jour-là, mais elle pensa qu'il devait être occupé. Ou, avec sa femme. Ou les deux. Elle se força à ne pas aller dormir tout de suite. Le décalage horaire lui jouait des tours, elle demeurait réglée sur la France où il était presque minuit. Elle se posa devant une série après avoir prit une douche. L'erreur. Son esprit commençait à partir quand son portable se mit à sonner.

« Allo ? »

« Tu es chez toi ? » Elle reconnu la voix de Justin Trudeau, mais pas le numéro.

« Oui »

« Je peux passer ? Je suis en bas ». Sa voix semblait pressée, nerveuse. Elle acquiesça. Cinq minutes plus tard, il frappa. La jeune femme découvrit un Justin Trudeau éreinté sur le seuil de sa porte. L'épaule appuyée contre le chambranle de la porte, des traces bleues sous les yeux, une barbe mal rasée et une mine tendue. Son regard terne s'illumina perceptiblement lorsqu'il la vit. Il entra d'abord dans l'appartement, ferma la porte à clef et étreignit la Française, longuement.

« Ca fait du bien » Souffla-t-il. Elle se dégagea légèrement pour l'examiner.

« Tu vas bien ? Tu tiens le coup ? » Lui demanda-t-elle, inquiète. Il s'éloigna et alla s'asseoir sur son siège en vieux cuir. Il lui fit un faible signe de la main et elle s'installa sur ses genoux. Elle se laissa aller contre son torse, et enfouit son visage dans son cou.

« N'en parlons pas, pour le moment, s'il te plaît ». Il fit glisser ses doigts sur la peau de la jeune femme en lui embrassant le front. Le contact de ses doigts tièdes sur sa peau la fit frémir.

« Je suis juste content que tu sois rentrée ». Le premier ministre lui releva délicatement le menton et pressa ses lèvres contre les siennes. Ses mains devinrent plus entreprenantes, et leurs baisers plus fougueux. Leurs corps s'embrasèrent. Justin Trudeau se jeta à corps perdu dans leur étreinte, les yeux avides, la respiration saccadée, les mains tremblantes de désir. Il lâcha un long soupir de satisfaction lorsque leurs peaux nues se rencontrèrent.

« Tu m'avais manqué aussi » souffla Maud, en admirant le premier ministre se mordre les lèvres. Leurs retrouvailles fut un véritable feu d'artifice, de tendresse, d'exaltation et de plaisir. Alors qu'ils faisaient l'amour, le regard brûlant de l'homme ne la quittait pas. Ses prunelles bleues, rivées sur son visage l'excitaient énormément. C'était elle qu'il voulait, il n'y avait d'yeux que pour elle et il se livrait, intimement à elle. La façon dont il murmurait son prénom, la virilité qu'il dégageait, la douceur de sa peau et l'intensité de ses gestes et regards... Elle voulut lui hurler qu'elle l'aimait, droit dans les yeux. Mais elle se retint. Ils attinrent l'apothéose ensemble, dans un même soupir. Il se laissa retomber près d'elle, sur le lit et écarta les bras pour accueillir la jeune femme qu'il serra contre son corps haletant et bouillant. Ils restèrent là, quelques minutes, à reprendre leurs souffles, sans dire un mot. Maud passa sa main dans ses cheveux de geai, humides de l'effort qu'il venait de faire. Il tourna la tête, vers elle, les yeux pétillants et son sourire charmeur au coin des lèvres.

« Je pourrais faire ça toute la journée », murmura-t-il, encore essoufflé. Elle l'embrassa tendrement en souriant et laissa ses lèvres contre les siennes, comme pour absorber une partie de lui, se fondre avec son être, respirer à l'unisson.

Leurs caresses les apaisèrent, et ils s'endormirent, front contre front, inséparables.

Les bruits de pas du premier ministre sur son plancher réveillèrent Maud. Elle se redressa sur un coude, le regard encore ensommeillé.

« Tu pars déjà ? ». Il se retourna, les traits irrités.

« Oui, je ne voulais pas te réveillé, je suis désolé ». Il se pencha sur la jeune femme et l'embrassa.

« On n'a pas vraiment eu le temps de parler hier soir, j'aurais voulu que tu me racontes les nouvelles » dit-elle, déçue.

« Je sais, j'avais prévu de te parler, mais... Il lui lança un regard malicieux. Je n'ai pas pu résister longtemps ». Elle lui sourit, complice.

« Mais ça va ? ». Il s'assit sur le bord du lit, boutonnant sa chemise. Son regard se durcit.

« J'ai connu mieux... Mais s'il n'y avait que cette foutue loi... Sophie se doute de quelque chose. ». La jeune femme se redressa, affolée. Elle croisa son regard esquinté.

« Elle est allée fouiller dans mon téléphone. C'est pour ça que je t'ai appelé avec un autre numéro. J'ai beau lui dire qu'entre elle et moi c'est fini, et le pire c'est que elle le sait également, elle reste profondément possessive. Dans le contrôle ».

« Et tu ne me le dit que maintenant ?! S'écria-t-elle. Elle... Elle sait pour moi ? »

« Non, je ne pense pas. Mais c'est devenu plus compliqué de parler avec elle depuis. Même pour les enfants. Je croyais qu'elle était dans la même optique que moi... Mais visiblement non. Ses yeux se perdirent dans le vide puis il sembla remarquer sa présence à nouveau. J'ai pris un appartement à côté. Elle n'a pas apprécié. D'ailleurs elle croit que j'y ai dormi, cette nuit. J'ai du mal à m'en sortir, à devoir faire la comédie devant les enfants, devant le monde... Mais je pense que c'est la meilleure chose à faire, pour le moment, comme le dit mon conseiller en communication. Annoncer un divorce alors qu'une partie du Canada ne veut que ma démission... Et puis je n'ai pas envie de faire de la peine à mes enfants. ». La jeune femme posa sa tête sur son épaule.

« Je comprends... Mais je ne m'inquiète pas pour toi, tu vas réussir à réunir les Canadiens, je crois en toi ». Elle était sincère.

Il serra sa main et frotta sa joue contre le front de la Française et se leva, prêt à partir.

« Je te vois au parlement toute à l'heure ? Tu vas rencontrer Tom Dolan ! C'est un très bon ami à moi qui a bien voulu remplacer Claire pour quelques temps... Tu vas voir il est formidable. ». Il enfila sa veste de costard, se pencha pour l'embrasser une dernière fois tendrement et lui intima avant de partir :

« Ne pars plus aussi longtemps, maintenant ».

Tome 1. Un stage avec Justin TrudeauWhere stories live. Discover now