Tome 1. Un stage avec Justin Trudeau

Eloignement et doutes

Revenir à Niort lui fit un bien fou. Revoir ses parents, son frère, ses amis d'enfance et son chat Malo l'apaisèrent énormément. Retrouver une vie à peu près normale, sans voyages (bien qu'elle adorait ça ), sans pression, sans talons, sans anglais, sans être entouré de médias et de politique, sans Justin Trudeau...

La nourriture française lui avait affreusement manqué. Les deux semaines que lui avait accordées Claire furent une véritable bénédiction. Sa jambe s'était rétablie assez vite et ses nombreuses griffures commençaient à s'estomper. Maud prit du temps pour elle. Elle lu, regarda des films, sortit avec ses amis, alla se balader avec sa mère, discuta des heures avec son frère. A qui elle avoua tout.

La relation que la jeune femme entretenait avec son frère était très fusionnelle. Elle possédait une confiance aveugle en lui. Choqué au premier abord, son frère fit tout pour la conseiller intelligemment, après qu'elle lui eut révélé sa relation avec le premier ministre du Canada.

« Toi alors... S'était-il exclamé. Tu fais jamais les choses à moitié ! J'arrive pas à y croire... T'es géniale ! ».

Maud n'avait pas contacté Justin Trudeau depuis qu'elle avait quitté l'hôtel. Elle avait acheté un nouveau portable dès qu'elle était rentrée, mais n'avait également pas répondu à ses textos. Elle voulait d'abord se remettre et réfléchir. Pourtant, toutes ses pensées, du lever au coucher, lui étaient destinées. Mais une peur irrationnelle s'était emparée d'elle. Ses sentiments étaient tellement forts, et la situation tellement compliquée, et dangereuse, que la jeune femme ne savait pas comment y faire face. Elle le voulait, sans aucuns doutes. Mais était-elle prête à accepter le revers de la médaille : sa femme, ses enfants, sa vie de premier ministre... Plus elle y pensait, moins elle voyait la solution. Devait-elle prendre ses distances ? Devait-elle continuer et vivre au jour le jour, comme elle avait l'habitude de faire, mais risquer de blesser beaucoup de gens, la carrière de Justin Trudeau et la sienne si jamais leur relation était découverte ? Surtout, n'allait-il pas se lasser d'elle, du fait de sa jeunesse ?

En activant son nouveau portable, elle avait reçu le message que le premier ministre lui avait envoyé pendant son vol.

« Je viens d'apprendre que tu rentrais chez toi pendant quelques temps... Tu as raison. Reposes toi bien, et reviens nous vite ».

Impersonnel, formel et froid. Voilà l'effet que ce message eut sur elle. Blessée, elle décida de ne pas lui répondre. Il avait d'autres chats à fouetter et puis, des milliers de femmes à ses pieds. En quoi sortait-elle du lot ?

Quelques jours plus tard elle avait reçu un nouveau message qui lui donna du baume au cœur, la rassurant quelque peu. Elle comprit que son premier texto reflétait sa déception qu'elle ne l'ait pas prévenu de son départ. Compréhensible.

« J'ai fait quelque chose de mal ? Je ne comprends pas ton mutisme... ». Maud avait sourit, satisfaite. Il avait réagit comme elle voulait qu'il le fasse. Il s'inquiétait, c'était bon signe. Elle le voyait sur les réseaux sociaux, sur des photos, serrant les mains de ses homologues, des citoyens Canadiens, posant sur des selfies avec eux, son grand sourire charmeur collé aux lèvres, sa coiffure de prince et sa classe envoûtante... Lorsqu'elle regardait ces clichés, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir une sorte de fierté. C'était à elle qu'il s'était donné, elle qu'il avait choisi... Elle était devenue, sans le vouloir, accro à ses baisers, ses caresses, sa peau, son odeur, sa présence... Sa voix, et même son accent lui manquaient.

Un soir où elle buvait l'apéro avec ses amis, elle reçu un autre message de lui. Il était 23h30 en France, mais 17 heures au Canada.

« Maud, réponds moi s'il te plaît, je m'inquiète ». L'ivresse conduisit son action.

« Non, rien de ma :;l, je prends juste un peu de recuk » Elle l'envoya du tac au tac, mais aperçu l'instant d'après les fautes de frappe que ses mains, dictées par l'alcool avaient produite. « Merde, pensa-t-elle, c'est pas sérieux ! ». Sa réaction fusa, il l'appela. Le sang de la jeune femme lui monta aux joues. Elle se trouvait entourée de ses amis, à qui elle n'avait strictement rien dit. Titubant, elle se leva et s'écarta du groupe.

« Aaallo », lâcha-t-elle, la voix grave à cause des nombreuses cigarettes qu'elle avait fumées.

« Maud ? Tu vas bien ?» Interrogea la voix méfiante au bout du fil.

« Oui très bien et toi ?»

« Je m'inquiétais vu que tu ne me répondais pas, j'ai la sensation que tu prends tes distances... Tu m'en veux pour quelque chose ? » Demanda-t-il, sensiblement contrarié. La jeune femme prit appuis sur l'évier en bousculant une bouteille de jus d'orange qui termina sa course sur le carrelage.

« Merde » Pesta-t-elle. Justin Trudeau dû entendre le bruit puisqu'il reprit :

« Maud, tu es où là ? ».

« A une soirée »

« Tu as bu ? »

« Un peu, comme une française quoi » Dit-elle, en essayant de faire de l'humour. Derrière elle, son ami Julien l'appela un criant. Le ton froid du premier ministre effaça le sourire narquois du visage de la jeune femme.

« Ecoutes, si tu ne peux pas être sérieuse deux minutes, ça ne sert à rien. Je ne sais pas à quoi tu joues, mais les gamineries, j'ai passé l'âge. Bonne soirée, Maud ». Il raccrocha. Un puissant sentiment de honte envahit alors la jeune femme. « Mais quelle conne, putain ». A force de trop jouer on se brûle.