Chapitre 4

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Le tourbillon de ma récente vie d'aventurière m'a fait remettre en questions beaucoup de choses. Hier, lorsque la maison fut vidée et après le départ des équipes policières, il a fallu faire face au néant. A l'attente. Attendre quoi ? Un autre drame ? Un soulagement ?

Jamie et moi avons passé notre soirée à discuter et sommes parvenus à la conclusion qu'on devait quitter cette maison. Elle portait désormais l'empreinte d'une période de notre vie qu'on veut oublier et on ne se sentira plus jamais en sécurité dans ce lieu qui, malgré alarmes et équipements, a laissé pénétrer un fou pour kidnapper notre enfant. Et puis Samantha Finley habite dans le coin, on ne sait pas vraiment si elle est dangereuse ou pas mais je n'ai pas envie de prendre le risque. Anders nous a confirmé qu'ils ne pouvaient rien faire de plus et qu'en gros, tant qu'elle ne commettait pas de délit ou de crime, elle resterait en liberté. C'est donc nous qui quitterons Londres. Reste à savoir où nous pourrions nous installer. C'est fou comme j'ai l'impression que toutes les villes qui m'accueillent me font vivre leurs lots de malheurs : Paris, Los Angeles, Londres... Faut-il qu'on déménage à Tombouctou pour que tous les tarés faisant une fixette sur mon compagnon nous laissent tranquilles ?

Les parents de Jamie sont partis dans l'après-midi, nous laissant encore plus seuls que nous ne l'étions. Ils nous ont promis de revenir vite mais surtout nous proposer de nous accueillir dans leur maison en Irlande. J'avoue que l'idée de passer quelques temps au vert m'a séduite et nous ferait le plus grand bien, nous irons donc sûrement quand l'enquête sera résolue. Pour le moment nous sommes contraints de rester à Londres le temps que les recherches se terminent (si ça arrive un jour!), ce qui nous enchante guère Jamie et moi. Heureusement, Anna est avec nous et a repris son travail à la perfection ce qui nous laisse du temps libre pour profiter d'Adam.

Anders nous a indiqué que les recherches sur le listing des salariés ou relations de l'entreprise ou l'utilitaire a été volé n'avaient pour le moment rien donné. La plupart des gars étaient réglos et travaillaient au moment du kidnapping. Pour les autres, pas de casiers ou d'éléments recoupant avec nous. Mais ils allaient éplucher ça plus en profondeur. Tu parles...

Ce matin, j'ai appelé Maria. Je me suis excusée, j'ai pleuré, elle aussi. On était comme deux idiotes pleurnicheuses à se faire de grandes déclarations émouvantes. Cette conversation avec elle m'a redonné le sourire et fait réaliser une fois de plus l'amie extraordinaire qu'elle est. Son mari Philippe est rentré de voyage et elle a préféré ne pas lui parler des suspicions qui couraient à son égard, de peur de créer des tensions inutilement. Son silence m'arrange car j'aurai été éhontée à notre prochaine rencontre.

Pendant la sieste d'Adam vers 15h je décide d'aller me faire un café dans la cuisine. Jamie est parti se reposer dans notre chambre tandis que je carbure à la caféine pour tenir : chacun sa méthode. En pénétrant dans la pièce, je tombe sur Anna, en pleurs devant l'évier, le téléphone portable à la main.

Je m'avance vers elle pour lui signifier ma présence et lui demande :

- Ça ne va pas Anna ?

Elle ne m'a pas entendue entrer et sursaute légèrement, puis se précipite pour essuyer ses larmes afin de faire front. Mais je vois bien qu'elle souffre, ce qui m'attriste et me fait culpabiliser car c'est sans doute à cause du kidnapping.

- Oui oui ça va, excusez-moi madame, sanglote-t'elle.

- Asseyez-vous, je lui propose en désignant une chaise. Je vais faire du thé.

- Non madame c'est à moi de faire le thé !

- Oh, s'il vous plaît, je peux bien faire ça. Vous avez l'air très triste. Vous voulez en parler ?

Elle s'assied tandis que je lance la bouilloire et cherche ma boîte de thés dans le placard du haut.

- Non, ce n'est rien. Et puis franchement après ce que vous venez de vivre vous ne devriez pas vous souciez de mes problèmes...

- Donc vous avez des problèmes ? Vous savez Anna, ce matin j'ai parlé longtemps avec mon amie et ça m'a fait énormément de bien. Parfois le simple fait de « sortir » notre peine permet de la diminuer.

Elle a les yeux bouffis. Je m'assieds face à elle et lui adresse un sourire compatissant.

- C'est juste que, ça n'arrive pas au bon moment, après toute cette histoire avec votre fils. J'étais tellement mal madame si vous saviez. J'ai eu peur pour vous aussi, je, je... j'aime vraiment votre famille et travailler ici vous comprenez.

- Nous aussi. Vous auriez pu prendre quelques jours de congés avant de revenir, surtout si vous avez vous aussi des soucis à gérer.... est-ce que je peux vous être utile ? Je questionne, pensant qu'il s'agit peut-être d'une problème d'argent ou matériel.

- Non, dit-elle la voix raillée.

Puis elle se remet à pleurer.

- C'est, c'est mon compagnon. Il m'a quitté.

Quitté ? Aujourd'hui ? Merde je ne pensait pas à un truc aussi dur.

- Vous êtes sûre ? Ce n'est pas une petite crise de couple ?

Ma question est vraiment nulle, je suis une psychologue de comptoir. Mais je ne savais pas quoi dire d'autre...

- Oui, c'est sur. Il vient de m'envoyer un sms pour me dire qu'il partait vivre à l'étranger !

- Ah oui carrément. Mais euh... c'est indiscret de vous demander pourquoi ?

- Je sais pas trop. Hier il est passé en trombes chez nous pour récupérer quelques affaires à lui et me dire que tout était fini. Qu'il en avait marre de notre « vie de merde » et qu'il allait partir refaire sa vie ailleurs. Au bout de 3 ans vous vous rendez compte ??? Me dit-elle en faisant les gros yeux.

- Effectivement, c'est rude. Il a la quarantaine comme vous ?

Encore une question debile, pour lui sortir des statistiques sur la crise de la quarantaine ? Je fais une piètre confidente.

- Euh oui... pourquoi ?

- Euh, comme ça... Mais, votre couple allait bien ces derniers temps?

- Bah, oui. Enfin je crois.

Elle marque un temps d'arrêt pour réfléchir.

- C'est vrai que depuis qu'il avait perdu son boulot il y a un mois ça s'était un peu dégradé entre nous. Il tournait en rond dans l'appartement, il arrêtait pas de dire que je passais mon temps chez des riches et que je faisais exprès de pas rentrer etc.

- Il faisait quoi comme boulot votre mari ?

- Électricien.

- Électricien vous dites ?

PUTAIN DE MERDE

Jamie 2 :(les aventures d'Inès et Jamie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant