Chapitre 2

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Midi. Jamie est endormi sur son fauteuil et moi je passe mon temps à guetter la porte en espérant voir la sage-femme passer et m'annoncer qu'on va enfin aller en salle de travail. J'ai beau être sous anesthésiant, j'en ai ras le bol d'attendre surtout que je ne peux absolument rien faire : je ne peux pas me lever et marcher, pas manger et pas boire. Quand est-ce que ce bout de chou se décidera t'il à descendre dans mon bassin ?

Vers 14h, après d'innombrables mouvements dans le lit pour trouver une position confortable et plusieurs relances de péridurale dans le cathéter, un médecin entre enfin dans la pièce pour m'ausculter. Jamie s'approche du lit pour me tenir la main tandis que nous attendons avec impatience des nouvelles positives.

- Bon, nous allons devoir envisager une autre solution, lance le médecin en retirant son gant en plastique de sa main gauche, qui m'auscultait le vagin une seconde plus tôt.

Je serre la main de Jamie par réflexe. C'est aussi l'un des seuls membres que je peux encore faire bouger.

- Comment ça une solution? Il y a un problème ? Dis-je la voix chevrotante.

- Votre bébé n'arrive pas à s'engager dans le bassin, poursuit il d'un ton sérieux. Cela fait plusieurs heures que le travail a commencé, on peut attendre encore une heure ou deux mais...

Mais ?

- Vous envisagez une césarienne ? Demande alors Jamie naturellement, comme s'il était un expert des accouchements compliqués.

Je le regarde, que dis-je, je le dévisage. Comment ça une césarienne ? N'est-ce pas réservé aux femmes toutes menues qui font des gros bébés ? A cet instant précis, l'intégralité de ma grossesse difficile remonte à la surface : les nausées, les périodes alitées avec le risque de fausse couche, les 23kilos pris, le diabète gestationnel, la sciatique... Putain jusqu'au bout ! J'aurais tout eu, tout vécu, et j'arriverai même pas à mettre au monde mon bébé naturellement. Les larmes montent, mon menton tremble et l'émotion me submerge dans cette pièce aseptisée, blanchâtre et si peu chaleureuse. J'aimerai m'enfuir pour pleurer seule aux toilettes mais je suis coincée sur ce lit brancard avec deux poteaux à la place des jambes et un bébé dont la tête coince à l'entrée de mes cuisses. J'éclate en sanglots.

- Chérie, murmure Jamie en m'embrassant le dos de la main.

- On attend encore une heure de voir si le bébé descend. Tout est encore possible. Mais s'il n'a pas avancé dans votre bassin alors il y aura trop de risques d'insuffisance respiratoire et d'arrêt cardiaque, il faudra le sortir rapidement. La césarienne est la meilleure option que nous ayons.

Entendre ce médecin énumérer autant de choses négatives en une seule phrase ne m'aide aucunement à m'apaiser. Mais ce n'est pas comme si j'avais le choix.

- Ça va aller, me souffle Jamie. Ils font ça tout le temps.

- C'est pas ça, je dis en sanglotant.

- Tu as peur d'avoir mal ?

Avoir plus mal que les contractions ? Impossible.

- Non. C'est juste que, j'ai tout raté. Cette grossesse, c'est un fiasco de À à Z. Et maintenant ça, la césarienne.

Le médecin debout à mes côtés, compatissant et mal à l'aise, s'éloigne pour nous laisser de l'intimité. Je le vois me faire un signe du regard comme quoi il repasse dans une heure.

Jamie 2 :(les aventures d'Inès et Jamie)حيث تعيش القصص. اكتشف الآن