Chapitre 4

285 19 5
                                    

- C'est ridicule, je rétorque au commissaire en cherchant des yeux le regard de Jamie pour m'assurer qu'il pense comme moi.

- Rappelez-la immédiatement et faites la venir au poste, s'insurge Anders envers son équipier sans se soucier de ma réaction.

- Comment ça rappeler ? Je demande, interloquée.

- Écoutez, laisser nous faire notre boulot ! Si vous n'aviez pas caché cette information nous aurions peut-être déjà retrouvé votre fils !

Non mais il est fou ou quoi ? C'est Kate la coupable, pas Maria !

Un policier que je n'avais pas vu arriver derrière mon dos me force à me rasseoir avant que je ne m'emporte.

- Madame, y a t'il des éléments de ce type que vous auriez oublié de nous transmettre ?

- Non, mais non, mais ça veut dire quoi « de ce type » ? Vous faites fausse route, Maria ne ferait jamais jamais jamais une chose pareille.

Jamie s'est assis à mes côtés.

- Pourquoi est-elle suspecte ? Demande doucement Jamie.

- Les statistiques des enlèvements d'enfants montrent qu'ils sont de deux types : le premier et le plus fréquent est l'enlèvement par un des deux parents, notamment dans des cas de séparations difficiles ou de refus de gardes. Le second type est l'enlèvement d'opportunité, lorsqu'un enfant est subtilisé à l'un de ses parents pendant une activité extérieure : au parc, au supermarché... le kidnappeur se sert de la foule et la confusion pour agir vite. Dans ce deuxième cas, les enfants sont enlevés pour être revendus à des familles riches dans d'autres pays, qui veulent adopter sans passer par les procédures légales.

- Maria n'a rien à voir avec vos statistiques, c'est une amie... Je réponds plus calmement.

- J'y viens. Les statistiques sur les enlèvements de bébés sont différents. Ils ont la plupart du temps lieu dans les maternités, et par des femmes. Des femmes infertiles, seules, paumées, et qui par un besoin surpuissant de materner se retrouvent à prendre un bébé qui n'est pas le leur.

- Mais, vous pensez que Maria aurait pu enlever Adam parce qu'elle a fait des fausses couches ?

- On ne sait pas madame, mais on ne doit écarter aucune piste. Votre voisine disparue, votre amie désireuse d'avoir un enfant...

- Quel rapport avec la rançon ? Questionne Jamie.

- À priori aucun. Ce peut être une autre personne, c'est peut-être un complice qui veut faire d'une pierre deux coups, ou bien une fausse route pour gagner du temps, explique le policier sans sourciller.

Je suis abattue. Douter de tout et de tout le monde. Qui d'autre pourrait avoir un motif ? Je me décide à parler de Dulcie.

- Je... je... je voulais savoir s'il était possible qu'un enfant soit à l'origine de tout ça ?

Jamie me dévisage.

- Comment ça ?

- Et bien, Adam a deux sœurs et l'une d'entre elle a proféré des menaces car elle ne m'aimait pas et refusait l'arrivée de son demi-frère... se pourrait-il qu'un adulte malveillant ai voulu l'aider en ce sens ?

- Non mais quoi ??? S'écrit Jamie en se redressant droit comme un piquet au milieu du salon, ce qui fait se retourner tous les flics autour.

- Tu plaisantes là Inès ? Dulcie ?

- Monsieur calmez-vous, dit l'agent en tentant de contenir Jamie.

- Je ne sais pas, c'est juste que, tu as entendu le policier, il ne faut occulter aucune piste.

- Une piste ? Une piste ??? Répète t'il, furieux.

- Monsieur, asseyez-vous s'il vous plaît. Asseyez-vous.

- Je vais marcher dehors me calmer, clame t'il en tournant les talons sans même me regarder.

A peine la porte claquée, je me mets à pleurer. Toute cette situation, ce merdier, ce stress et la fatigue, je suis à bout. Et maintenant Jamie qui m'en veut, d'avoir dit tout haut ce que je pensais. Je savais que ça lui ferait du mal, c'est sa fille. Aurais-je dû me taire ? On vient de me faire comprendre que ma meilleure amie pourrait être impliquée et c'est déjà dur à avaler, alors quoi ? C'est de ma faute c'est ça ?

Les larmes ne s'arrêtent plus de couler tandis que plusieurs policiers me prêtent attention et m'apportent tour à tour mouchoirs et verre d'eau. Parmi eux, une femme métisse d'environ 50ans, au cheveux impeccablement tirés dans un chignon, sans maquillage ni artifices. On dirait qu'elle a cherché à supprimer toute trace de féminité de son visage, comme si elle voulait effacer son identité dans ce groupe d'hommes.

- Tenez buvez un peu, me dit-elle.

Je bois quelques gorgées et expire avec difficulté.

- Il va revenir ne vous inquiétez pas. Vous avez bien fait de nous parler de ça.

- C'est pas l'image que ça donne...

J'essuie mon nez qui coule, et frotte mes yeux gonflés par les pleurs.

- Vous êtes la maman, vous parlez avec votre cœur et votre inquiétude de mère, c'est normal. Quand on aura retrouvé votre fils tout reviendra à la normale rassurez-vous.

- Il faut qu'on envisage sérieusement la proposition de rançon, ajoute le commissaire Anders qui guettait notre conversation du coin de l'œil.

- Ce qui veut dire ?

- Avez-vous 2 millions de livre à disposition pour demain ?

- Je n'en ai absolument aucune idée. Il faut demander à Jamie. Mais je doute que nous ayons ces liquidités.

- Qui que soit le ravisseur, nous avons 24h pour réunir l'argent et procéder à l'échange. Mon équipe va tout faire pour trouver le responsable et le lieu où est retenu votre fils avant demain midi. Mais si nous ne savons toujours rien, il faudra envisager de se rendre au lieu donné avec un sac d'argent.

Et là, je ne suis plus dans ma vie, mais dans celle d'un polar d'Harlan Coben, en train de vivre l'ultime péripétie d'un héros malmené par la vie. Le seul élément rassurant de toute cette histoire demeure dans l'espoir qu'il ne s'agisse que d'une sombre histoire d'argent, due à la notoriété et la richesse de mon compagnon. Adam n'est sans doute que l'instrument d'un plan bien huilé d'un braqueur bien renseigné.

- J'ai retrouvé le suspect ! s'exclame alors un policier installé derrière un panel de 3 écrans plantés dans un coin de la salle à manger.

Je me précipite vers lui pour guetter ses ordinateurs afin de voir je ne sais quoi : une vidéo de mon fils dans les bras d'un homme en sweat à capuche ? Mais je me ravise en observant une liste de chiffres et de coordonnées ne m'indiquant rien que je ne puisse interpréter.

- On a localisé l'émetteur de la caméra installée dans votre chambre : on a le lieu où vit la femme que vous appelez « Kate ».

Et donc le lieu où est retenu Adam ?

- Allons-y !

Jamie 2 :(les aventures d'Inès et Jamie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant