Jamie 2 :(les aventures d'Inès et Jamie)

Chapitre 6

Attendre un coup de téléphone peut rendre fou. Nous en savons quelque chose et je pensais que cette angoisse m'avait quittée au moment où Adam avait été retrouvé. Mais nous voilà à nouveau dans l'expectative, à faire les cents pas dans la maison en espérant entendre sonner ce smartphone de malheur. Serons-nous vraiment soulagés quand Anders nous contactera enfin ? De toute façon seules deux issues se présentent : l'attraper ou le laisser filer. J'aimerai être dans la voiture de police à poursuivre ce ravisseur pour être en temps réel sur l'arrestation de ce type. Le voir s'enfuir aussi facilement sur son bateau la dernière fois m'avait laissée confuse et anxieuse. Aujourd'hui malheureusement je dois me contenter d'un rôle de figurant et cela me fruste d'autant plus. Que dire de Jamie qui, s'il le pouvait, se mettrait à donner des coups de poings dans les murs pour calmer ses nerfs. Quant à Mme Botten, elle est prosternée sur notre canapé depuis une demi-heure et ne cesse d'agiter les bracelets de son poignet en guise de boule anti stress.

Jamie vient d'aller chercher Adam, réveillé, qui pleurait. Nous nous câlinons tous les trois quelques instants avant que le téléphone ne sonne enfin.

- Anders ? Décroche Jamie en me laissant le petit dans les bras.

- On a retrouvé son téléphone. Il est à proximité de la gare routière donc on suppose qu'il est monté dans un bus.

- À côté de la gare routière ? Comment ça ? Je demande en entendant la conversation sur haut-parleur.

- Balancé dans un fossé.

- Balancé ? Je répète. Pourquoi as t'il jetté son téléphone ?

Jamie et moi échangeons un regard interloqué puis nous tournons vers Anna qui s'est levée de son assise.

- Non.... Vous n'avez pas fait ça ?

- Je suis désolé. Je... je...

- Vous l'avez prévenu ? S'insurge Jamie sur un ton sec.

- Anders, il a été aidé par sa compagne dans sa fuite. Je crois que vous devriez l'interroger rapidement.

Une heure plus tard nous assistons à une scène ahurissante. Une équipe de policiers débarque à nouveau chez nous pour emmener Anna sous nos yeux médusés. Elle n'oppose aucune résistance et se laisse mettre les menottes sans sourciller. Consciente de la gravité de son geste, qu'elle ne s'explique pas vraiment selon sa défense, elle accepte donc d'endosser une partie du crime de son conjoint en l'ayant prévenu pour l'aider à fuir. Cette femme en qui nous avions confiance depuis des années avait finalement décidé de nous trahir. Peut-être nous mentait t'elle depuis le début ?

Il y a tellement d'incohérences dans tout ça. Si elle était complice du kidnapping elle se serait enfuie avec lui et n'aurait pas pris le risque de revenir chez nous. Et pire, elle n'aurait pas attendue comme une idiote dans notre salon d'être démasquée. La version la plus logique reste à priori un geste passionnel pour protéger l'homme qu'elle aime, quelque soit la gravité de ses actes. Ferais-je la même chose pour défendre Jamie ? Difficile d'imaginer que je puisse franchir la ligne par amour et pourtant je pense que j'aurai pu faire n'importe quoi pour sauver mon enfant, alors peut-être bien que j'aurai pu agir comme Mme Botten. Si je peux essayer de comprendre il me faudra en revanche bien plus de temps pour pardonner.

Sauf que nous voilà à nouveau au point de départ avec notre ravisseur en cavale avec notre paquet de fric. Est-il monté dans un bus ou pas finalement ? Des agents ont fouillés la gare routière et une trentaine de bus sur le départ sans succès. J'en viens à penser qu'il a intentionnellement balancé son téléphone à cet endroit pour brouiller les pistes mais qu'il a dû fuir autrement. Notre seul espoir désormais réside dans le bon vouloir de notre gouvernante de nous révéler ses plans, encore faut-il qu'elle en soit informée.

Avant qu'Anders ne parte, je l'interpelle.

- Commissaire. Que va t'il se passer désormais ?

- Nous allons retourner au poste pour l'interroger et nous lancerons ensuite un mandat d'arrêt international à l'encontre du criminel.

- C'est tout ? Je m'insurge.

- C'est tout ce que nous pouvons faire pour l'instant.

- Et notre sécurité ? S'il revient ?

- Croyez-moi avec l'argent qu'il a il y a peu de chances qu'il reste dans les parages à vous chercher des noises. Et puis, votre vie n'est pas menacée...

- Pas menacée ?

Non mais il est sérieux !

- Votre mari peut faire appel à des services de garde du corps si cela peut vous rassurer madame. Mais ce n'est plus du ressort de la police d'assurer votre protection.

Je reste muette face à tant d'aplomb. Adam, toujours dans mes bras, hurle à nous faire exploser les tympans. Il ressent sûrement tout mon stress et ma colère. Jamie, a mes côtés, se résigne. Je devine qu'il est déjà en train de contacter des personnes de son réseau pour trouver des solutions. Des solutions que la police de ce pays ne nous fournira pas. Nous refermons notre porte pour entendre les sirènes des voitures qui quittent notre quartier et nous retrouver tous les trois sur le pallier sans réponse à nos questions. Une fois de plus, nous allons devoir nous débrouiller seuls.