Jamie 2 :(les aventures d'Inès et Jamie)

Chapitre 8

Je frappe à la porte à deux reprises, bien décidée à enfin découvrir cet appartement et le lieu de vie de Kate. Quand on y réfléchit, elle habite le bâtiment voisin à ma maison depuis plus de 3 mois et je n'étais encore jamais venue la chercher ou la retrouver chez elle. Kate venait toujours chez nous pour démarrer nos séances de sport ou échanger sur les projets de déco. Officiellement je me trouvais l'excuse d'Adam à garder pour ne pas prendre d'initiatives et sortir de ma tanière. Officieusement, je crois qu'à aucun moment il ne m'était venu à l'esprit d'aller chez elle.

Mais maintenant que je suis là, je n'ai qu'une envie : découvrir son appartement qui doit être magnifiquement décoré compte tenu de ses talents. J'espère aussi trouver des souvenirs ou photos qui évoqueraient sa famille et son passé et me permettront de l'interroger sur des tas de sujets restés en suspens. Je ne connais rien d'elle et je suis totalement responsable de mon ignorance car je ne me suis jamais intéressée à sa vie. Aujourd'hui, cela va changer.

Je toque à nouveau et l'appelle. Pas de réponse. Pour autant j'entends de la musique en travers de la porte, preuve qu'elle est bien chez elle. Peut-être est-elle sous la douche ? Je décide d'essayer d'ouvrir la porte, au cas où, et coup de chance, la poignée s'abaisse. Si elle est réellement occupée ou dans sa salle de bains je vais l'attendre dans le salon afin de ne pas lui faire peur. Manquerait plus qu'elle se croit agressée et me flanque un coup de poêle parce qu'elle m'a pris pour un cambrioleur !

Lorsque j'entre je tombe directement dans ce qui semble être la pièce principale, un salon-séjour d'environ 20 mètres carrés. A mon plus grand étonnement c'est assez petit et très épuré niveau style. Un canapé gris, une table de salle à manger avec 3 chaises (pourquoi 3? Étrange), une cuisine aménagée mais non accordée et pour finir le plus surprenant : une décoration quasi inexistante. La musique est très forte, un morceau de pop qui passe sur une station radio populaire. Je l'appelle :

- Kate ??

Bordel mais où est-elle ? Cette histoire commence de plus en plus à ressembler à un épisode de série policière ou le protagoniste va tomber sur un cadavre dans la chambre ou la baignoire.

Au delà du brouhaha des notes musicales du poste de radio je distingue des bruits, à priori des rires étouffés. Cela vient d'une des pièces voisines au séjour. Kate chante peut-être sous la douche. Mais à bien entendre, je distingue finalement deux voix, donc deux personnes. Elle est avec quelqu'un. Merde !!! Je suis entrée comme une voleuse et n'ai même pas songé à la possibilité qu'elle soit accompagnée. Je vais pour sortir de l'appartement, un peu honteuse, puis me stoppe net dans l'entre bâillement de la porte. Quelque chose vient d'attirer mon attention. La deuxième voix. Je la reconnais.

Non... ce n'est pas possible. Je dois confondre. Mon cœur se met à battre sous la montée de stress. Ma main tremble, en suspension au dessus de la poignée de la porte d'entrée que je m'apprêtais à franchir.

Il faut que j'en ai le cœur net.

Je fais demi-tour, prend mon courage à deux mains, et me dirige dans un silence religieux vers la pièce d'où émanent les bruits. Plus je m'approche, plus j'ai le cœur serré, le ventre raidi, la bouche sèche. Arrivée devant la porte close de ce que j'ai deviné être la chambre, je n'hésite plus un seul instant, et ouvre brutalement.

Kate est là, sur un grand lit recouverts en partie de draps en satin gris, positionnée à quatre pattes, les cheveux longs lâchés et tenus par la main d'un homme qui les lui tire vers l'arrière. L'homme est en train de lui faire l'amour, il est debout au bord du lit et fait des vas et viens tout en lui maintenant la tête dirigée vers le plafond et la bouche ouverte. Et cet homme, c'est Jamie.

Je hurle ! Je suis à la fois paralysée, choquée, traumatisée par cette scène auquel j'assiste impuissante depuis la porte de la chambre. Je hurle tellement fort que j'ai l'impression d'être au fond d'un aquarium et que personne ne m'entend, que mes cris sont étouffés. Et puis Jamie me parle, me répond, mais je ne comprend pas ce qu'il me dit tellement je suis perturbée, presque au bord de l'évanouissement.

- Inès !

- Inès !

- Tout va bien Inès, je suis là, me dit Jamie sans que je ne puisse réagir.

Et puis je sursaute, et me redresse promptement.
Je réalise doucement, dans ma torpeur, les tempes prêtes à éclater et le corps en sueur, que je suis dans mon lit.

- Inès, chérie, tu fais un cauchemar, répète Jamie qui me caresse doucement le dos tandis qu'il s'est redressé assis dans le lit à mes côtés.

Adam, qui dort à côté, s'est mis à pleurer, sans doute réveillé par mes cris. Mais à ce stade, encore entre le rêve et la réalité, je n'ai aucune force ou capacité de me lever et de faire la part des choses. Mon dieu ce cauchemar était si réel, si intense. Il y avait tellement de détails, de choses possibles... comment mon cerveau peut'il me flouer ainsi ?

Jamie, après m'avoir rassuré quelques secondes, s'empare de sa béquille pour se lever et aller bercer Adam pour le calmer. Il n'a plus son plâtre depuis quelques jours donc il se déplace plus facilement.

- Heu... désolé... je murmure en m'essuyant le front trempé de transpiration.

- C'est pas grave, il va se rendormir. Ça va mieux ? Tu avais l'air de faire un horrible cauchemar. Tu as crié, fort.

- Oui, je...j'ai eu peur...

- Repose toi, reprend ton souffle. Je vais m'occuper d'Adam, me propose t'il en câlinant son fils dans ses bras.

- Merci. Je vais aller me rincer sous la douche je suis en sueur.

Je me lève, le cœur toujours à 100 à l'heure, et manque de tomber tellement je suis tremblante. Au moment de rentrer dans la salle de bains, dans la pénombre de notre chambre, Jamie me demande :

- C'était quoi ce cauchemar ?

Que lui dire ? Que je tombais dans le vide ? Que je me faisais attaquer par un animal sauvage ? Sur le coup, je n'ai pas eu l'impulsivité de mentir et d'inventer quelque chose. La réponse, que j'aurai peut-être dû garder pour moi pour éviter une conversation houleuse, est sortie spontanément.

- J'ai rêvé que tu me trompais.