Jamie 2 :(les aventures d'Inès et Jamie)

Chapitre 15

3 semaines déjà.
Le temps passe finalement assez vite quand on est constamment occupé. Du sport le matin, l'écriture d'un nouveau roman l'après-midi, et des longs moments de partage avec mon bébé, ponctués par des siestes bénéfiques de ci de là. Pour ce qui concerne mon retour à l'écriture, la révélation fut soudaine, la nuit après l'appel de Jamie qui m'avait laissée insomniaque. Le thème : la jalousie. Je me suis rendue compte que je pourrais écrire des pages et des pages d'histoires qui abordent cette émotion primitive et douloureuse, donc je me suis lancée. Étant en première ligne, l'inspiration me venait naturellement et cela m'a rassurée sur ma capacité en tant qu'auteur à écrire à nouveau. Seule et soumise à des inquiétudes quant à mon compagnon, mon esprit était des plus prolifiques et cela m'a fait un bien fou de coucher sur le papier mes angoisses.

Je me suis rendue compte que depuis ma grossesse, je n'avais plus eu l'occasion de me sentir utile ou de m'épanouir dans une activité à moi. Je m'étais un peu oubliée en tant qu'individu et n'étais plus « que » la conjointe de Jamie et la mère du fils d'une célébrité. Kate m'a aidée à me remettre d'équerre sur le plan physique, et l'écriture m'a redonné foi en moi et mes compétences. Les journées se sont suivies, toutes plus ou moins semblables mais pas moins intéressantes, la routine ayant quelque chose de rassurant je trouve. Au rythme des moments d'éveil d'Adam et de ses siestes, je vaguais à mes occupations et cela m'empêchait de trop cogiter sur l'absence de Jamie.

Entre nous, ces trois dernières semaines se sont révélées plutôt platoniques. Nous échangions presque quotidiennement, mais uniquement sur des banalités et sur Adam. J'ai l'impression, quelque part, qu'aucun de nous deux ne souhaitait affronter l'autre par téléphone et on se contentait donc d'éviter les sujets fâcheux. Cela impliquait malheureusement en contrepartie de n'avoir aucun échange vraiment intime, mais j'avoue avoir ma part de responsabilité car je ne lui ai jamais suggéré que j'en avais l'envie. Cependant, plus j'avais peur qu'il ne me trompe là-bas en Italie, moins j'osais évoquer mes sentiments à son égard, ou lui parler de façon plus légère, jouer les séductrices etc. Pourtant, je sais que les hommes ont besoin de désirer et se sentir désirés. Parler couches et biberons, très peu pour eux. Mais à aucun moment durant cette période loin de lui je ne me suis sentie de capable de lancer une conversation coquine, et ce qui me désole le plus est finalement d'avoir constaté que lui non plus.

- Ding Dong

Tiens donc, qui peut donc débarquer à 14h ?

- Anna vous pouvez allez ouvrir ? Dis-je à Mme Botten depuis l'étage, assise devant mon ordinateur sur un petit tabouret gris.

Le temps que je descende les escaliers me permet de deviner que c'est Kate, ma voisine et désormais coach sportive, qui vient d'entrer. Comme toujours, elle est rayonnante, souriante, ultra dynamique. Elle porte un ensemble tailleur blanc très classe, et ses cheveux sont bouclés à la perfection. Je m'interroge toujours sur le temps qu'elle passe chaque matin après ses séances de sport pour se faire des brushings impeccables. Moi c'est à peine si je me sèche les cheveux...

- Inès il faut que je te montre ça !! Me lance t'elle pleine d'enthousiasme en me pointant sous le nez un rouleau de plans précédemment calés sous son bras.

Elle s'oriente naturellement vers la salle à manger et déballe son matériel sur la table pour partager son travail. Je la suis, galvanisée par son énergie. Comme nous l'avions convenu, je la rémunère pour des projets de décoration en contrepartie de sa compagnie matinale pour des séances de sport. Elle tient à me montrer son avancement sur un projet de travaux de notre suite parentale.

- Regardes, me dit' elle en désignant des dessins et une planche de carton sur laquelle sont collés des morceaux de tissu, des couleurs, des photos d'objets de deco.

Je regarde attentivement ce qu'elle a préparé, et je suis rapidement séduite par le projet. Elle a su capter nos goûts tout en proposant des choses nouvelles que je ne connaissais pas.

- L'idée centrale pour moi, c'est de redonner à votre espace de couple une vraie cohérence tu vois.

Je la regarde perplexe, et la laisse continuer.

- Aujourd'hui, votre chambre est fonctionnelle : lit, dressing, salle de bain. Chaque espace est distinct, et vous vous retrouvez un peu à l'étroit avec le berceau en co-dodo de votre fils. Franchement quand j'ai vu qu'il se retrouvait coincé entre votre lit et le mur, je me suis dit qu'il fallait changer la position des meubles. Donc voilà l'idée : je vous propose de casser la cloison entre la salle de bain et la chambre, et de mettre en partie une verrière. Cela amènera la lumière de la chambre jusque dans cette pièce, et cela vous permettra de vous voir quand l'un ou l'autre prend son bain ou sa douche. Tu vois où je veux en venir ? Le couple, l'intimité... du coup, je décale totalement le lit dans l'autre sens, face à la verrière. Imagines ton homme, allongé, qui te voit sortir de ton bain...

- Kate ! Je lui réponds en sentant le rouge me monter aux joues.

Ma voisine est-elle vraiment en train de m'expliquer comment séduire à nouveau mon mec ?

- Euh désolé, je m'emballe un peu, mais bon tu as compris l'idée ? Je continue : du coup comme on a changé le lit de place, l'espace de ton côté est beaucoup plus grand pour mettre le berceau. J'en profite pour installer un beau fauteuil pour t'occuper de ton fils en étant confortablement installée, et là où tu dormais avant je propose de mettre une petite coiffeuse, un peu rétro. Au niveau des coloris, de l'ambiance, je suis partie sur un style année 30, avec une baignoire sur pieds en fonte noirs, des grands miroirs dorés, des moulures, bref une atmosphère style boudoir/maison close hyper sensuelle.

C'est sur qu'on est loin de l'ambiance actuelle en mode chambre de maternité avec tout mon attirail d'allaitement (coussin, tire-lait, couettes jaunâtres...).

- Hum hum, je marmonne, impressionnée par son travail.

Je dois avouer que tout est très beau. Chic et sobre à la fois. Les matières sont nobles, les tissus semblent de qualité... mais cela ne devrait pas m'étonner, elle est décoratrice de stars donc elle a l'habitude de pouvoir faire de très belles choses grâce à de colossaux budgets. L'avantage de ma situation réside effectivement dans ma situation financière, qui me laisse tout loisir d'accepter ce projet.

- J'adore.

- C'est vrai ? Me dit'elle en mimant d'applaudir.

- Oui, c'est magnifique et je pense que Jamie va aussi adorer.

- Ok c'est super, mais bon je n'ai pas fini, j'ai encore plein de choses à voir, des objets à chiner... Mais si déjà on est sur la même longueur d'onde c'est vraiment top !

- Merci beaucoup, vraiment, je lui réponds en souriant, avec presque l'envie de la prendre dans mes bras.

C'est à ce moment que mon téléphone se met à sonner dans ma poche de jean.

- Excuse-moi, je chuchote à Kate en décrochant et en m'éloignant légèrement pour mettre le combiné à mon oreille.

- Oui allô ?

- Allô ? Mme Carat ?

Je ne connais ni le numéro ni la voix de la personne qui m'appelle.

- Oui c'est moi ?

- Madame, je suis l'agent de M. Dornan. Je vous appelle actuellement depuis l'hôpital de Rome.

Jamie ? L'hôpital ??!

- Oui? dis-je fébrilement, le cœur soudainement emballé.

- Madame. Votre mari a eu un accident. Il est à l'hôpital.

Oh mon dieu non. Jamie.