Chapitre 13

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Déjà 3 jours passés seule et pas encore d'appel de Jamie. Tout juste ais-je eu droit à un sms à son arrivée à Rome dimanche matin, et depuis plus rien. Nous nous sommes quittés en froid certes, mais je ne pensais pas qu'il afficherait clairement sa contrariété de cette façon. Le problème, c'est que je suis également têtue et ne souhaite pas faire le premier pas. Donc pour le moment, je me contente de lui envoyer par ci par là des photos d'Adam, dans l'espoir de l'attendrir et de lui donner envie de prendre des nouvelles. Ce n'est visiblement pas la bonne stratégie... je devrais peut-être faire la morte ?

Mes journées vont me paraître bien longues si je ne trouve pas d'autres façons de m'occuper que ma seule activité sportive matinale avec Kate. Le désavantage d'avoir des domestiques, c'est qu'on a plus aucune tâche ménagère à effectuer, donc du temps pour soi, du temps à tuer. Mais moi, je ne sais pas m'ennuyer, j'ai besoin de combler le vide. Je part m'occuper d'Adam, ce qui est fatiguant mais très peu stimulant sur le plan intellectuel, je n'ai rien à faire. Mes journées se résument à répéter les mêmes gestes pour le nourrir, le bercer, le promener, et l'endormir. Alors oui, je peux prendre soin de moi, aller au coiffeur ou à la manucure. Mais pour qui ? Pour quoi ? Jamie est absent et franchement je n'ai pas besoin d'un brushing pour accueillir Anna.

Vautrée sur le sofa de notre salon avec un yaourt 0% en guise de dessert, j'ai tout le temps de me prendre la tête, malheureusement. Il est 21h, Adam dort, Anna est partie, et je suis seule dans mon immense maison, à réfléchir au stratagème que je peux mettre en place pour inciter Jamie à briser la glace. Vêtue de mon pyjama le plus moche et le plus confortable, je comate devant un programme de télé réalité insipide. En Angleterre ils ont vraiment des télé poubelles pire qu'en France. A côté, les marseillais sont des érudits. C'est justement devant l'engueulade bruyante de deux cagoles peroxydées que je suis interrompue par la sonnette d'entrée.

Qui peut bien venir à une heure aussi tardive ?

Ma première pensée est pour Jamie. Mais je l'exclus rapidement : il n'aurait pas sonné. Peut-être la voisine alors ? Je me lève, râleuse, et vais pour ouvrir à cet inconnu impoli.

- Bonsoir Inès, il faut qu'on parle.

Putain. Amélia.

S'il y a bien une personne à qui je ne pensais absolument pas, c'est à l'ex-femme de Jamie. Et qu'est-ce qu'elle vient foutre chez nous ? Il ne me faut finalement qu'une seconde pour cocher les cases dans mon cerveau et comprendre la raison de sa présence.

Dulcie. Claque. Maman en colère.

J'ouvre la porte d'entrée en grand pour l'inviter à entrer, désespérée de deviner que la conversation qui va suivre ne sera pas joyeuse...

- Je t'en prie, souffle-je en la laissant passer.

Le silence s'installe le temps que nous allions nous asseoir dans le salon, à nouveau. Je me jette rapidement sur la télécommande pour éteindre la télé, honteuse d'être surprise à regarder ces débiles. Je n'ai pas besoin qu'Amélia me prenne pour une cassos en plus d'une femme impulsive. Parce que c'est évidemment la raison de sa venue, je vais me faire sermonner comme il se doit, une fois de plus.

- J'ai appris ce qu'il s'était passé, me dit-elle, calme dans un premier temps.

- Ah...

Suis-je censée m'excuser ? Franchement cette histoire prend une ampleur incroyable.

- C'est Jamie qui me l'a dit en déposant les filles samedi.

Quoi ?

Que Dulcie ai cafté, franchement, c'était inévitable. Mais que Jamie me dénonce à son ex, c'est quoi ce délire ? Il me jette en pâtures aux fauves ?

- Écoutes, je n'avais pas l'intention de lui donner cette claque. J'étais épuisée et à bout de nerfs, c'est parti tout seul.

Et me voilà encore à sortir le même refrain. Mais que dire d'autre ?

- Ok Inès, est-ce que je peux te poser une question ? Est-ce que tu aurais claqué Adam de la même façon s'il était allé trop loin dans ses paroles ?

Elle ne me laisse pas répondre, et enchaîne.

- Je pense que non. Parce que c'est ton fils. Et parce qu'aucune mère n'a envie de frapper son enfant, même quand elle est à bout et épuisée. Tu comprendras donc pourquoi je ne peux pas me mettre à ta place et compatir ? Moi aussi, j'ai été poussée à bout par mes filles, mais jamais, jamais je n'ai levé la main sur elle.

- Cela ne se reproduira plus, je rétorque, n'ayant rien d'autre de valable à défendre.

- Effectivement cela n'arrivera plus. Jamie et moi avons décidé de réduire le temps que les filles passeront avec vous ici. Elles ne viendront qu'une semaine par mois, et seulement quand Jamie sera disponible. Je ne veux plus qu'elles soient seules avec toi, me balance t'elle froidement.

Franchement, cela fait mal d'entendre ça.
Et à quel moment Jamie et elle ont-ils eu le temps de débattre de tout ça ? Certainement pas samedi alors qu'il était pressé pour prendre son avion. Cela veut dire qu'il l'a appelé pour en discuter, alors que moi, il ne m'a pas appelé.

J'ai l'impression d'avoir un pic dans le cœur.

- Comme tu veux, je dis à voix basse, lasse.

- Une dernière chose : que tu le veuilles ou non, Jamie a été mon époux pendant presque 10ans, je le connais donc très bien. Refais une seule fois ce que tu as fais avec Dulcie, et il n'y aura pas de retour en arrière avec lui, lance t'elle avec arrogance en se relevant.

J'ai à peine le temps de me redresser qu'elle est déjà prête à partir, debout devant la porte d'entrée. Après un dernier regard semblable à un avertissement, elle quitte la maison sans un mot ni un au revoir, me laissant plantée dans l'entrée dans mon pyjama dégueulasse.

Jamie 2 :(les aventures d'Inès et Jamie)Where stories live. Discover now