Chapitre 14

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Ce matin, au petit déjeuner, c'est l'hécatombe. La nuit a été rude, Adam refusait de dormir et moi je ne trouvais pas le sommeil, trop agitée par les propos d'Amélia. Histoire d'en rajouter une couche, le quotidien du Sun qui diffuse aujourd'hui tout son contenu via son site internet affiche des photos de moi avec Kate en train de nous parler en tenues de sport lundi. Les titres indiquent « Inès sur la bonne voie pour retrouver son corps, et son chéri ? ». Incroyable à quel point ces crétins de paparrazis sont prêts à crêcher devant chez nous pour obtenir ce genre de clichés et vendre leurs torchons. Sur les photos, on me voit moulée dans un legging peu flatteur qui dévoile mes bourrelets, raison de l'intitulé de l'article sans doute. Comme si j'avais besoin qu'on m'enfonce une fois de plus, en me piquant sur le sujet épineux de mon poids de grossesse à perdre. Le pire, c'est que je n'ai rien vu lundi. Il faudra donc que je me montre bien plus vigilante à l'avenir. Encore un peu de malchance et on va retrouver une vidéo de moi qui gifle Dulcie sur Facebook si ça continue. Non mais sérieux !

Dans la soirée, je décide d'appeler Maria, que je n'ai pas eu depuis l'incident de la semaine dernière au dîner.

- Allô ? Réponds Maria.

- Hey, je te dérange pas ?

- Non du tout, alors, comment ça va ? Ça s'est arrangé avec ton Jules ?

- Pas vraiment, dis-je, attristée.

Puis j'éclate en sanglots.
On peut mettre ça sur le compte du baby blues, sur la solitude, sur un tas de trucs. Mais on peu reconnaître une chose : depuis mon accouchement j'en ai pris plein la tête. Je crois que je suis arrivée au fond du trou, et j'ai l'impression que la vie me tend une pelle pour continuer à creuser encore plus profond.

- Oh ma belle, ne pleure pas, me réponds mon amie, inquiète. Tu veux que je vienne ?

- Non non, je réponds en séchant mes larmes. Je... je crois que j'avais besoin que ça sorte. Enfin, je dis ça mais je ne fais que de pleurer en ce moment.

- Hey, écoutes-moi ma chérie. C'est normal, tu viens de devenir maman. Autorises toi de craquer, personne n'est Wonder Woman .

- Si. Toi tu es Wonder Woman, dis-je sur le ton de la blague.

Jean qui rit jean qui pleure.

- Affff, détrompes-toi, on a tous nos faiblesses. Mais toi, tu es une personne extraordinaire, n'en doutes jamais. Tu traverses juste une période difficile, mais ça ne durera pas.

- Je ne vois pas le bout du tunnel Maria. Je suis désolé pour vendredi, j'ai honte de mon attitude si tu savais.

- Inès, arrêtes. Tu as le droit de craquer et tu as le droit de t'engueuler avec ton mec. C'est pas parce que c'est Jamie Dornan qu'il a raison sur tout.

- Oui mais... il fait toujours la gueule. Et Amélia vient de passer pour me sermonner. Comme si j'avais besoin de ça... je sanglote.

- Amélia ? Non mais sérieux qu'elle se mêle de son cul celle-là, elle est gonflée !

Je rigole une seconde. Ah Maria... mon rayon de soleil.

- On peut se voir bientôt toutes les deux? Ça me ferait du bien.

- Bien-sûr ! Une session shopping ça te dit ? Je vais te refaire une garde robe de folie pour le retour de ton bogoss OK ?

La perspective de me laisser emporter par le tourbillon Maria me redonne le sourire. Il n'y a qu'elle pour me faire oublier mes soucis.

- Oui, c'est super. Jeudi ?

- Jeudi 17h?

- 17h, c'est parfait.

- Bonne nuit ma belle, et prends soin de toi.

Je raccroche, le moral légèrement en hausse en comparaison à ma dernière demi-heure. Puis je décide dans la foulée d'appeler Jamie, pour en finir une bonne fois pour toute avec cette épée de Damoclès.

5 sonneries. Il ne décroche pas.

J'ai deux options, allumer la télé et dévorer un pack de chips en pleurant devant un nanard, ou bien aller me coucher en me disant que demain est un autre jour et tout ira mieux. J'opte pour la deuxième option, car si je compte perdre du poids il faut à tout prix que j'évite de grignoter des cochonneries. En montant l'escalier je sens mon téléphone vibrer, c'est Jamie qui me rappelle. Je décroche, et m'assois au milieu des marches.

- Salut, prononce doucement Jamie.

- Salut.

- Ça... ça va ?

- Oui. Et toi ?

Bordel je ne sais même pas quoi lui dire.

- Tu m'as appelé ? Poursuit' il et je le sens pressé au ton de sa voix.

J'entends alors en arrière plan le son d'une femme qui parle, et d'une musique d'ambiance du style musique de bar ou de restaurant.

- Oui, euh, je te dérange ? Je le questionne, intriguée.

- Non je... je suis avec des collègues du tournage.

Une voix de femme s'écrit alors « Jamie tu viens!!! », de façon insistante et me semble t'il, alcoolisée.

- Ah ok bon bah je te laisse on se rappelle plus tard alors.

- Oui ok, désolé. Adam va bien ?

- Oui. Tout va bien.

- Ok bye, puis il raccroche.

En fait non tout ne va pas bien.

En l'espace de quelques minutes je viens de vivre l'ascenseur émotionnel le plus perturbant possible : je suis passée de la colère, la peine, l'espoir puis l'inquiétude et la jalousie. Les montagnes russes, à l'envers, et sans barrière de sécurité. L'essoreuse a salade. Le programme décapage de la machine à laver.

Pendant que je me morfond seule à Londres, assaillie de reproches, mon conjoint fait la fête en Italie avec des collègues femmes, je ne sais où. Est-il au courant qu'Amélia est passé me voir hier? As t'il vu les photos du Sun de ce matin ?

Ouah. Je crois que je vais avoir besoin d'un somnifère pour espérer dormir.

Jamie 2 :(les aventures d'Inès et Jamie)Where stories live. Discover now