11. Grace

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« Valentine, my decline is so much better with you. »

Valentine - Måneskin

(Valentine, ma chute est plus belle à tes côtés.)


Novembre 2000, Florence.

Une fois nos valises bouclées pour le départ de demain, Gee et moi avons assisté au spectacle d'Helena dans lequel elle a restitué tous les pas appris aujourd'hui. Aucun de n'avons fait de remarque sur le complet décalage des mouvements de ma sœur par rapport à la musique, tant elle était heureuse. Pour pousser la fureur de ma mère, Gee a emmené Helena dehors pour sauter dans les feuilles d'or de la forêt du domaine, tandis que j'ai révisé mon texte et ma chorégraphie pour le tournage de la semaine prochaine.

Même si je ne l'ai pas fait exprès, je ne suis pas attristée d'avoir été absorbée par la danse au point d'avoir raté le dernier dîner avec mes parents. Au contraire, j'ai ressassé les paroles de ma grand-mère. Il me faut un délinquant à présenter à mes parents.

Vers vingt-et-une heures, ma sœur m'a demander de lui lire une histoire : De l'autre côté du miroir, de Lewis Carroll. Ses petits yeux se sont fermés avant que la reine de cœur n'ait fait sa première apparition. J'embrasse sa joue bombée, et éteins la lumière de sa chambre rose bonbon. Ma mère, dans l'encadrement de la porte, nous observe. Elle me laisse fermer la porte sans un bruit, et alors que je fais mine de partir.

— Graziella.

Je serre les poings. Ça ne sert à rien de lui rappeler mon – vrai – prénom, elle ne veut pas entendre.

Je déteste voir mes yeux dans les siens. Il n'y a pas si longtemps, je l'aurais décrite comme la meilleure maman du monde. Elle l'est peut-être encore, pour Helena.

— Elle t'aime beaucoup.

Je hoche la tête. Je le sais. Malgré tout, ma jalousie de gamine pourrie gâtée a disparu avec les années, son existence n'est plus une raison valable pour détester ma sœur.

— Tu devrais venir plus souvent. C'est ta sœur.

Une douleur me saisit les entrailles. Ma mère ne veut pas que je vienne pour elle, parce qu'elle veut voir sa fille. Suis-je encore sa fille pour elle ? Aujourd'hui, il n'y a plus qu'Helena, tout ce qu'elle fera sera pour elle.

— Elle pourrait être ma fille.

— Justement. Tu peux vivre des choses avec elle que tu n'aurais pas pu si aviez une plus petite différence d'âge.

« Si j'avais voulu vivre ces choses, j'aurais eu un enfant. » C'est ce que je veux lui répondre, mais je suis trop fatiguée pour le faire. Puis, elle n'a pas tort. Helena, c'est le bébé miracle que personne n'attendait. Dans d'autres circonstances, j'aurais sauté de joie à l'idée d'enfin devenir une grande sœur. Mais les circonstances ont fait qu'ils m'ont abandonnée au pire moment de ma vie, pour une inconnue arrivée dix ans trop tard.

— Elle peut venir à New-York.

Le regard faussement aimant de ma mère disparaît. Il fut un temps où elle croyait au rêve américain jusqu'au point de convaincre mon père d'aller vivre aux États-Unis. Tout ce qu'elle haït, tout ce que j'aime, tout ce que je suis, c'est elle qui me l'a insufflé.

C'est aussi elle qui a voulu rentrer en Europe pour la naissance d'Helena. Juste au moment où Gee et moi on se faisait la vie à l'américaine.

— Je suis désolée pour la gifle. Et... je suis heureuse pour Gerald et toi.

Because of us ( TERMINÉE )Where stories live. Discover now