Because of us ( TERMINÉE )

17. Gerald

« Oh my ears and whiskers, how late it's getting! »

Lewis Carroll – Alice's Adventures in Wonderland (Alice au pays des Merveilles)

(Par mes oreilles et mes moustaches, comme il se fait tard !)

Décembre 2000, New-York.

La poussette de Peter est la première à rentrer dans la collocation de ma fiancée et de ma belle-sœur.

— On va voir tonton Chris ?

Le visage du petit s'éclaire à l'évocation de mon idiot de frère. Je referme la porte derrière moi, mais l'appartement est vide.

— Chris ?

Peter m'imite et appelle mon frère à son tour. Je détache le petit pour qu'il puisse marcher librement. Ses pas sont de plus en plus assurés, il gambade déjà. Il ouvre le chemin dans le couloir, je dois presque lui courir après tellement il est rapide. Il grandit si vite.

— Non, non, mon chéri, on ne rentre pas dans les chambres sans prévenir.

Je prends dans mes bras avant qu'il ne pousse une porte.

— Mais... mais on a prévenu, parrain.

Sa petite bouille décontenancée ferait fondre un cœur de pierre. Ses petits yeux marrons brillent pour donner envie à tous ceux qui les voient, de le couvrir de bisous sur ses belles joues potelées.

— Marraine, elle me laize rentrer dans za chambre quand ze veux.

Je lâche la poignée sur laquelle je me suis appuyée, comme si elle m'avait brûlée. C'est la chambre de Gee.

— Aller, arrête de me faire ta tête de chien battu, tu vas presque m'avoir.

Il sort sa lèvre d'autant plus. Sans résister, je presse ses petites joues charnues avec mes lèvres. Ça le fait rire, alros que je lui fais des « bisous prout ».

— Gerald ?

Chris sort de la chambre de sa copine. La luminosité qui sort de sa chambre illumine le couloir. Mon frère remarque le bout de chou dans mes bras.

— Salut, p'tit bonhomme.

— Ze zuis pas petit !

Mon frère lui ébouriffe les cheveux.

— Grand bonhomme alors !

Peter, tout fier, se tend dans mes bras. Il est trop jeune pour remarquer les cernes qui entourent les yeux de son interlocuteur.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

Nevada sort sa tête, nouvellement rousse, de sa chambre, nous salue et retourne dans la chambre. À son comportement et à la voix de mon frère, j'ai un mauvais pressentiment.

— Bah super, ça fait trois semaines que t'as pas bu ton grand-frère et c'est comme ça que tu m'accueilles ? On devait passer l'aprem ensemble, entre mecs.

— Oh mince, il se triture le crâne, j'avais oublié.

Les deux mains qu'ils passent sur son visage s'y éternisent. Je me décide à rejoindre Nevada dans la chambre.

Le spectacle de la petite culotte par terr et des draps tout froissés auquel je me suis attendu n'a rien avoir avec le tas de sous-vêtements empilés dans la valise à strass que Nevada s'affaire à ranger.