24.Gerald

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 « I hate the way I don't hate you.

Not even close, not even a little bit,

not even at all. »

Ten things I hate about you ( Dix bonnes raisons de te larguer)

(Je hais surtout de ne pas te haïr.

Ni un seul instant, ni une seule minute,

ni même du tout. )




Février 2000, Nouvelle Orléans.

Sa main traîne sur la chute de reins de Grace. Elle glisse quelque chose à l'oreille de ma cible – Matthew Montgomery--, il hoche la tête, l'embrasse et disparaît derrière les portes de l'ascenseur. La soirée continuera sans lui.

Les familles les plus importants de Louisiane sont réunies pour un gala de charité. Qu'ils sont mignons, à se gaver soit-disant pour lutter contre la faim. Ce ne sera pas la première fois que des riches jouent les hypocrites pour se donner bonne conscience. Je suis grimé en serveur, ce qui me donne une certaine liberté, personne ne me reconnaît. Ça aurait pu me donner un avantage si j'avais pu approcher ma cible, mais Grace lui a tourné autour toute la soirée. Selon sa façon de la toucher, il l'a déjà vue. Ça ne ressemble pas à Grace d'aller en mission sans perruque, ni artifice.

Elle se dirige dans la direction opposée de Montgomery. Personne ne se demande pourquoi un serveur se dirige vers les toilettes avec son plateau. Comme le hall est assez grand, des mains récupèrent les dernières coupes et libère mon plateau. Je rejoins le couloir qui permet d'accéder aux commodités et laisse mon tableau sur le meuble. Avant d'aller aux toilettes, elle récupère son sac à main aux vestiaires qui sont sur le même chemin.

Personne ne va dans ces toilettes-là, pas en tant de soirée. Ceux de l'aile Ouest, à côté de la salle de réception, sont plus fréquentés. Ça me crée un avantage, personne ne cherchera à comprendre pourquoi je suis dans les toilettes destinées au personnel.

J'entre alors dans la pièce dédiée aux femmes. Toutes les portes sont fermées. Enfin, elles ne sont pas verrouillées, alors je les enfonce une par une. Un clic derrière mon crâne m'empêche de faire un pas de plus.

Le métal froid menace ma nuque. J'observe Grace dans le miroir au dessus des vasques. Dieu qu'elle est belle comme ça. Sa robe style empire rehausse ses seins dans un décolleté poignant. J'ai libre accès à ses émotions comme ça. Sa poitrine gonfle encore plus, trahissant un souffle erratique. Si je la prenais sur ces vasques, je ne voudrais pas que ça soit différent. Enfin, peut-être que je préférerais qu'elle n'ait pas son pistolet sur mon crâne. Ce serait plus pratique pour la toucher.

Elle ne va pas me tuer.

Sans faire de mouvements brusques, je me tourne pour lui faire face. Elle est encore plus belle en vrai. Les miroirs ne lui rendent pas justice. Je lève les bras en signe de reddition. Si quelque chose devait me tuer, je pense que ses yeux bleus seraient avant l'arme qui est pointée sur moi.

— Gee.

— Ta gueule.

Elle pourrait tirer. J'en ai l'impression.

— C'est moi qui aie l'arme.

Je garde les bras bien en l'air. C'est grisant d'être à la merci de la femme qu'on désire. Son corps se meut à l'autre bout de son bras. Elle ne tremble plus.

— Oh oui, je sais. J'avais oublié à quel point tu es sexy quand tu ne joues pas un rôle.

Tout le monde dans l'assistance l'a remarquée quand elle a fait son entrée. Dans les conversations que j'ai eu avec les nombreux invités, sa tenue un été un sujet brûlant. Grace aime se montrer indécente. C'est sa vengeance sur le passé où personne ne la remarquait. Elle attire les regards là où elle le souhaite pour mieux distraire. Si bien que personne ne s'est demandé ce que Grace DeBardi, danseuse New-Yorkaise, fait à l'autre bout du pays.

Because of us ( TERMINÉE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant