43. Grace

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"Ifonly my heart were as cold as I pretend it is. Maybe I could get overthis."

Jessica Katoff

(Si seulement mon cœur était aussi froid que je le prétends, peut-être que je pourrais surmonter tout ça.)





Septembre 2001, New-York.

— Tout est dessus.

Il s'empresse d'insérer la clé USB dans son ordinateur. Le chargement va prendre du temps, alors je m'installe sur le canapé. La dernière fois que je me suis retrouvée seule dans une suite d'hôtel avec lui, Gerald campait de l'autre côté de la porte.

— T'en as mis du temps, maugréé-t-il en tapant sur son clavier. Le gala de charité était il y a deux mois.

Il n'a pas besoin de savoir que j'ai les documents depuis plus longtemps que ça. Ça m'a pris du temps d'effacer les traces qui lient Gerald et Emma – sa mère – à cette affaire.

— Il me manquait un document clé.

Je sors l'enveloppe du mon sac. Le papier craft a l'air jaune avec la mauvaise luminosité de cet hôtel miteux.

— C'est le statut de la fondation.

Il détourne son attention de l'écran, happé par une information aussi précieuse que les bijoux d'information que je viens de lui livrer.

— Ici, je désigne la quarante-troisième page du contrat, il y a une clause qui place les fonds à Lugano, en Suisse.

— Le détournement de fonds, comprend-t-il.

Au lendemain de la collecte de fonds, Mark Lense a fait la une du New-York Times avec un scandale : quarante-quatre millions ont été dérobés à sa fondation la nuit même du Gala.

— Sur les cinquante millions récoltés, seulement six servent à lutter contre la traite des femmes, lui expliqué-je. C'est le même ratio chaque année.

— Ce qui paraît logique, commente l'agent Morgan, au vu de ses activités.

Il observe le relevé de compte qui tombe de l'enveloppe. Je le connais par cœur, il déclare un transfert de fonds sur un compte caribéen, non-identifiable.

— On a retrouvé les quarante-quatre millions, nous félicite-il.

— Non. Il les a encore déplacés. Vois cette fondation comme son assurance vie, il récolte l'argent qui n'est pas lié à Lense Corp et l'envoie sur une île quelque par aux caraïbes au cas où il se ferait gauler.

— Tu penses qu'il nous sent venir ?

Je me détache du canapé. La moquette rouge amorti le bruit de mes cent pas.

— Vous, je ne sais pas, mais moi moi oui. Ça fait trois ans qu'il attend que je le coince.

Bip. Un regard en direction de son ordinateur suffit à Morgan.

— C'est tout bon pour moi, j'ai tout ce qu'il me faut.

Il se lève à son tour et remballe ses affaires. Il veut prendre les documents mais ma main manucurée s'abat dessus avant qu'il n'en ait l'occasion.

— Pas pour moi.

Il se pince l'arrête du nez, pas surpris mais agacé.

— C'est non.

Because of us ( TERMINÉE )Where stories live. Discover now