49.Grace

117 10 28
                                    

Dernier chapitre les loulous ! 

« Mama says we're sinners but I ain't scared to die (...) at least we're going to hell together. »

Ellise – Together

(Maman dit qu'on est des pécheurs mais je n'ai pas peur de mourir (...) au moins on va en enfer ensemble.)

49. Grace

Septembre 2001, New-York.

— Gee. Oh mon Dieu, qui t'a fait ça ?

J'ai demandé à Gerald de me rejoindre dans la dépendance. L'obscurité l'a fait trébucher contre la table au milieu du salon mais il est là, indemne, debout devant moi. Ce n'est pas mon cas. Ses yeux s'écarquillent sur les ecchymoses et les plaies qui commencent à poindre sur ma peau. Quand on a la peau qui marque vite, pas besoin d'attendre longtemps pour avoir l'air d'une victime.

— Toi.

J'efface sa stupeur des traits de son visage. Mon pousse lisse la ride qui naît entre ses sourcils tandis que je profite de notre proximité pour lui glisser deux billets d'avions.

— T'as toujours rêvé d'aller en Russie. Si vous vous éloignez un peu de la ville, vous verrez les aurores boréales.

Je renifle de regret. J'ai toujours voulu voir les aurores boréales.

— C'est quoi ça ?

Ma gorge se resserre. Comme ça, on dirait son frère, David, un enfant complètement perdu.

— Considère ça comme mon cadeau de mariage, mariez-vous là-bas. Nancy veut un mariage d'hiver, elle adorera.

C'est mon rêve à moi aussi. Une robe qui se fond dans la neige, un rouge à lèvre carmin tranchant comme l'amour que j'ai pour lui, un mariage de cœur glacés qui s'échauffent dans le serments de leurs âmes.

Sa grande main recoiffe les cheveux poisseux qui se sont échappés de mon chignon. Les fleurs blanches tâchées de mon sang, s'étalent sur le sol.

— Je ne partirai pas. Hé, regarde-moi. Susan est morte, je ne vais pas épouser Nancy. Tu peux quitter Hugh et on s'enfuira ensemble. On se mariera ensemble à Saint-Pétersbourg, juste en dessous d'une aurore boréale.

Secouer la tête me fait mal, Morgan a frappé fort. Ma nuque et ma joue sont les plus amochées.

— Je ne peux pas, répété-je encore et encore.

— Pourquoi ? Éclate-il. Ne me dis pas que tu l'aimes. Tu ne peux pas l'aimer. C'était ton plan n'est-ce pas ? Non, tu ne peux pas l'aimer. Tu es Grace, tu n'aimes pas. Ce sont les autres qui t'aiment, pas l'inverse.

Il panique. Ses pupilles remplacent ses iris, son pouls bas dans sa jugulaire, ses ongles s'enfoncent dans mes cheveux. Je m'apprête à lui dire Adieux mais j'assène le coup de Grâce.

— Tu ne m'as jamais demandé pourquoi je ne t'ai jamais dit 'je t'aime'.

Il se fige.

Je ne peux pas lui dire en revoir sans qu'il comprenne. C'est odieux, je le fais languir, mais je ne survivrais pas à d'autres remords.

— Demande-le-moi.

Je laisse tomber ma tête contre le mur, ma main a récupéré la sienne. Nos doigts entremêlés sont couverts de mon sang.

— Pourquoi ?

— Les mots ne valent rien dans un monde de menteurs.

Aucun mot, surtout les mots d'amour. Les mots qu'on ne dit bien qu'avec le cœur. Avec la terrible souffrance qui accompagne la passion, qui nous pousse à agir souvent à contre-sens. Mon amour, je le donne avec mes actes, pas avec mes mots. C'était ça mon problème, ce qui le blessait. Je ne lui ai jamais donné ce qu'il recherchait.

Because of us ( TERMINÉE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant