Epilogue 1

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« Le cœur comme un tambour à confondre les roses et les bouquets d'orties. Les fleurs du mal ne poussent pas qu'dans les poèmes de Baudelaire. C'est au bouquet final que tu te dis qu'l'amour c'est la guerre. »

Rose noire – Georgio

Gerald.

Bip... Bip... Bip...

Les intervalles réguliers du moniteur me donne envie de dormir. À l'inverse de la lumière criarde qui m'éblouit. Aller, si je ferme les yeux, je peux grappiller quelques minutes de sommeil. Mes yeux sont déjà clos.

— Il va s'en sortir ?

Grace.

Elle s'est levée d'un bond. J'ai dû penser à voix haute.

— Oh mon dieu, Gerald !

Elle est là, avec ses cheveux d'or et ses lèvres carmin. Mon amour est de retour, il n'y a plus que nous deux. Elle glisse sa douce main dans la mienne. Je cligne plusieurs fois des yeux pour m'habituer au nouveau monde qui m'entoure. La déception me prend. Comment fait-on pour retourner dans le sommeil profond où les cheveux blonds qui me font face ne sont pas décolorés ? Sa main est douce mais ses doigts ne sont pas aussi longs. À son doigt, la bague que j'ai fait faire pour imiter la bague d'Alice me griffe la paume. Ses yeux me regardent mais ils n'ont rien de bleu. Pas un trait, pas un reflet. Pas même une ressemblance avec le marron terne que ses lentilles leur donnaient.

— Bonjour Monsieur Lense.

Cette voix... Un homme est se place derrière elle. C'est à lui que Nancy parlait. Un infirmier, déduis-je à sa tenue blanche. Malgré les circonstances, son visage me réveille comme un électrochoc.

— Montgomery.

C'est lui que je devais retrouver à la Nouvelle-Orléans avant que Grace ne s'enferme avec lui dans sa chambre d'hôtel. Elle l'a embrassé, ils ont sûrement couché ensemble et on ne l'a jamais revu.

— Est-ce que je suis mort ?

Ils m'assurent tous les deux que non. Quelle ordure. J'ai accusé Grace de l'avoir tué, j'ai failli la tuer, elle, à cause de ça.

Cette nuit, où elle avait fumé, je pensais qu'elle devenait un monstre, qu'elle était inarrêtable. J'ai pris peur. Je l'ai traitée de meurtrière alors que sa victime, qui n'en est pas une, se tient devant moi. En accusant Grace d'avoir tué un homme, je savais que je touchais la corde sensible de ses remords. Ce qu'on a fait chez les Mitchell, puis à Vegas, la hante plus qu'elle ne veut l'admettre.

— Vous avez eu beaucoup de chance, votre téléphone a empêché la balle d'atteindre votre cœur.

De la chance...

Je me tiens la tête. J'ai mal là.

— Vous avez eu une légère commotion lors de votre chute, ce qui a causé un étourdissement.

— Vous êtes médecin maintenant ?

Je lâche la main de Nancy qui voit là l'occasion de me donner un verre d'eau. Le lit se redresse de lui-même.

— Je suis où ?

— Saint-Pétersbourg, m'annonce-t-elle. Le FBI pense que tu es mort pour le moment. Ils t'accusent de choses... Et puis cette salope de Grace... Je te jure que s'ils ne l'avaient pas embarquée, je l'aurais tuée moi-même.

Les bruits incessants de mon cœur sur la machine m'insupporte et accroissent mon mal de crane. Je retire le capteur sur mon doigt, devant une Nancy paniquée.

Because of us ( TERMINÉE )Where stories live. Discover now