45. Grace

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« Oh does it hurt how i don't look at you with fear ? »

Aurora – The Devil Is Human

(Oh, cela te blesse-t-il que je ne te regarde pas avec crainte ?)

45. Grace

Septembre 2001, New-York.

Vers sept heures du matin, peu de gens sont déjà au travail. À part Mark qui lui n'a pas de vie et des enfants qui le détestent.

L'immense ascenseur est plein. Les financiers drogués au travail, sans pour autant aimer ce qu'ils font, arrivent en même temps que moi pour commencer leur journée. Au ding qui m'annonce que nous avons atteint le quatre-vingt-dixième étage de la tour nord, je m'élance sans détour vers le bureau de Mark. La secrétaire essaie de m'arrêter mais n'y parvient pas avant que je n'aie pénétré dans la pièce.

Que font ces gens au travail aussi tôt ? Deux hommes sont assis devant le bureau du saint patron, qui m'accorde son attention.

— Tout le monde dehors, ordonné-je.

— Pardon Monsieur, j'ai appelé la sécurité.

La secrétaire me tire le bras, mais à l'aide de mes muscles centraux, mes pieds sont ancrés dans le sol, déterminés à ne pas quitter le bureau sans avoir accompli ma tâche. Ma stature ne traduit pas mes vibrations intérieures qui doutent de mon instinct de survie. Si la sécurité trouve mon pistolet dans une des tours jumelles, je risque d'avoir de gros ennuis. L'agent Morgan me tuera plus tard. Les endorphines enivrent mon cerveau sous l'appât du danger. Notre avenir repose entre les mains de Mark.

— C'est bon, laissez-la Mademoiselle Olender.

Il me fait signe d'attendre à côté mais j'insiste. Je ne vais quand même pas patienter pour le menacer.

— Nous en avons fini pour le moment, cède-il.

Une fois que le deuxième homme, plus petit est poilu que le premier, a fini de lécher les bottes de son patron, je ferme la porte – à clef – derrière lui et prend place dans un fauteuil installé dans une deuxième partie de son immense bureau.

Il se lève, fait le tour du meuble de verre qui trône au milieu de la pièce et se déplace jusqu'à moi. Le soleil sanglant qui se lève crée un décors de sang dans lequel la silhouette de Mark se démarque. Je comprends son sentiment de toute puissance, avec la vue que son bureau donne, on finit par croire qu'on contrôle New York, et qui contrôle New-York, contrôle le monde.

— Un café ?

Je refuse. Mark hoche la tête et appuie sur l'interphone à côté de son téléphone.

— Un café et un jus d'orange.

Je me lève péniblement pour appuyer sur ce même bouton. Mark reste délibérément à côté, pour me faire subir le rapprochement de nos deux corps.

— Ne vous faites pas ce mal, Mademoiselle Olender. Monsieur Lense va le faire lui même.

Le malice décore ses pupilles, il se dirige vers le frigo et la machine à café, situé dans une autre partie de la pièce pendant que je retrouve ma place depuis laquelle je le vois s'affairer. Mark Lense qui me sert, ce n'est pas tous les jours.

— Vous avez déjà tué, Mark.

Ses épaules vibrent avec son ricanement. Une fois son café et mon jus d'orange prêts, il les dépose sur la table basse, sans s'asseoir de suite.

— Je vous en prie Graziella, appelez moi Monsieur Lense.

Je me mords la lèvre et laisse ma langue apaiser la morsure séductrice.

Because of us ( TERMINÉE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant