48.Grace

77 10 1
                                    


"We thought we should let you know that you killed your own people."

Bellamy – The 100 (S5E11)

(On pensait qu'on devrait te faire savoir que tu as tué ton propre peuple.)



Septembre 2001, Cleveland.

Toute la ville est présente. Si pour certains, cette journée est l'occasion de s'épancher et de formuler ses Adieux aux êtres chers, pour la majorité d'entre nous c'est l'opportunité de cultiver notre réseau. J'en ai profité pour présenter le gouverneur d'Ohio à Hugh. Les deux hommes s'entendent bien, l'un cherche à se faire apprécier par un potentiel votant, l'autre cherche à devenir le premier. Hugh termine son année à Harvard et, dès que le bébé naîtra, me rejoindra à Paris pour étudier dans une des meilleures universités en politique.

Gerald n'aura pas cette chance ; avec le décès de son père, il a été forcé d'arrêter les études à Boston pour se concentrer sur la reconstruction de l'empire Lense. En perdant son père, il est devenu le nouvel actionnaire majoritaire du groupe financier, le privant de toute liberté.

Comment ai-je pu penser que la mort de Mark nous libérerait ?

Il doit se frotter les doigts, de là où il est, à voir les lianes qu'il a laissées s'enrouler autour de nos chevilles.

Je tire mon réconfort en David qui joue avec les enfants. Il ne connaîtra jamais son père comme je l'ai connu, ni comme ses frères. Mark a perdu plus qu'il n'a gagné en rejetant ses fils, David a le cœur en or que son foutu pognon ne pouvait acheter.

— De tous ces gens, tu es la dernière que j'aurais pensé voir avec des larmes pour lui.

Je renifle pour ne pas laisser paraître ma surprise.

— Ce sont des larmes de joie.

L'agent Morgan sort son mouchoir blanc de sa poche de veste. Je le prends volontiers pour effacer le mascara qui s'étale au rebord de mes yeux.

— Vas dire ça à d'autres. Toutes mes condoléances.

Il pose une main respectueuse dans mon dos, me menant dans la dépendance à l'abri des regards .

— Alors, tu te sens mieux maintenant ?

— Ne dis pas...

— Je te l'avais dit.

Je lui tourne le dos pour fermer les rideaux des vitres qui donnent sur la piscine d'hiver. Les invités déambulent dans cette zone à la découverte de toutes les commodités que le jardin à à leur offrir.

— T'avais autre chose à me dire. ?

Je ne l'ai pas rappelé depuis son dernier message. Entre les attentats, les enterrements, le retour de mes parents et les préparatifs du mariage, je n'ai pas eu une seconde à moi. Lui non plus, tous les services d'état sont mobilisés depuis deux semaines.

Il dépose une feuille pliée en trois sur la table du salon. Dans l'obscurité les rideaux épais ne laissent passer qu'un fin faisceau de lumière extérieur qui met en évidence le blanc du papier.

— Les résultats du test ADN sont arrivés après notre dernier échange.

Son index frétille nerveusement sur le papier. Il me refuse silencieusement l'accès à l'information qu'il dit vouloir m'apporter.

— Oui, je sais. Alors ?

Je croise les bras pour refléter son visage fermé, ce qui le déride. Fier de lui, il explique :

Because of us ( TERMINÉE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant