33.Grace

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إنه نفس المطر الذي كنت تعشقه... أغرقك

Hadeel Al-Hadif

(c'est cette même pluie que tu aimais tant qui te noie à présent.)




Mars 2001, New-York.

J'ai mal à la tête mais mes yeux refusent de s'ouvrir. La couverture chaude est trop douce et le matelas trop ferme pour que je mette fin à cet échantillon de paradis. Le matelas s'affaisse. L'intrus se colle à moi, il est chaud, ce n'est plus un intrus, c'est une bouillotte. Je roule vers lui.

Ce n'est pas normal qu'un bras m'entoure. Je me lève.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

J'ai sauté du lit pour ne pas sentir son toucher. Un sourire mesquin naît sur son visage, l'ombre sur son menton fait négligé, il ne s'est pas rasé depuis quelques jours.

— Enfin réveillée.

Après un rapide coup d'œil, je constate que ce n'est pas ma chambre. Trou de mémoire. Est-ce que j'ai... Non, je n'ai pas couché avec lui. Je suis en pyjama, mon pyjama, si j'avais couché avec lui, je serais nue. Mais pourquoi est-ce que je suis chez lui ?

Son regard se balade sur mon corps. Il me rappelle toutes ces fois où je l'ai autorisé à faire ainsi

— Comment ça « Enfin réveillée ? » ?

Du menton, il désigne la fenêtre, la nuit est tombée depuis longtemps. J'avance à petits pas vers la baie vitrée, il y a trop de nuages pour qu'on voit la ville d'ici.

— On est quel jour ?

— Lundi.

Mes poils se hérissent. Il sort du lit. Je me retourne pour lui dire de ne pas faire un pas de plus mais... J'ai la bouche pâteuse. Il est torse nu.

— Déjà ?

Ma voix est faible. Je ne sais toujours pas ce que nous faisons là, à moité nus, dans sa chambre.

— J'ai couché avec toi ?

La peur dans mon ventre est égale à mon désir pour lui. Je fais un pas en arrière.

— Je suis peut-être un connard mais je ne couche pas avec les cadavres.

Connard. Inconsciente.

Ça y-est, ça me revient. La boîte, le joint, le monstre. Il a un pansement au dessus de l'arcade sourcilière.

— C'était toi.

— Heureusement que j'étais là. T'allais mettre le feu à l'immeuble.

Je me hisse sur la pointe des pieds pour atteindre, du bout des doigts, le haut de son œil. La coupure avait l'air plus grosse dans mon souvenir.

— Qui aurait cru que tu pouvais blesser avec un couteau à beurre ?

Ses yeux brillent comme ils le faisaient... avant. Quand il n'y avait que nous deux. Sa fossette est même apparue à l'angle de sa bouche. Je tangue en arrière, pas assez pour tomber mais assez pour lui donner une raison de mettre sa main sur ma taille. À ce contact, je défaille.

Ma main glisse sur ses lèvres. Mon pouce dessine leur contour. Elles sont charnues, comme dans mon souvenir. J'avais pris ses lèvres de la même façon après avoir tué Alexander.

— Qu'est-ce que t'as fumé ?

— J'ai pris la drogue de Nev.

J'ai honte. Mais je ne détournerai pas le regard.

Because of us ( TERMINÉE )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant