Because of us ( TERMINÉE )

26.Grace

 « All the things you'd say, they were never true, never true.

And the games you'd play, you would always win, always win.

But I set fire to the rain, watched it pour as I touched your face. »

Adele – Set fire to the rain.

(Tout ce que tu disais n'étaient jamais vraies, jamais vraies,

et quand tu jouais, tu gagnais toujours, gagnais toujours.

Mais j'ai mis le feu à la pluie, puis je l'ai regardée tomber, ma main sur ton visage.)

Février 2000, Boston

Depuis mon séjour en Louisiane, j'ai eu le temps de ruminer ce que m'a dit Gerald. Comment l'oublier quand il fait la première page des journaux people avec sa fiancée. En dénonçant leur relation à Mark, j'ai accéléré l'officialisation de la nouvelle.

À vingt-trois heures, la fête bat son plein. Comme à chaque soirée de la fraternité, il faut jouer des coudes pour atteindre son but. J'ai seulement eu le temps de déposer ma valise à l'hôtel, de mettre une robe en tweed pour me protéger du froid avant de venir à la soirée. Je suis épuisée mais je ne manquerais pour rien au monde l'anniversaire de Gerald. Fête à laquelle je ne reconnais personne Certains visages me reviennent par ci, par là, sans plus.

J'ai tant bien que mal réussi à atteindre la cuisine à l'opposé de l'entrée. Là encore, aucun signe de quelqu'un que je connais. Ils ont invité tout le campus à cette soirée. Pour changer. Une fois mon jus de cranberries en mains, j'esquive les corps qui menacent de renverser mon verre.

Comme d'habitude, Luke, Gerald et son frères sont assis sur le canapé blanc. Quelle idée d'avoir un canapé blanc dans la fraternité la plus fêtarde de l'état. Nancy, assise sur les genoux de son fiancé, s'en va. Il est temps pour moi d'entrer en action.

Je découvre mes lèvres dans mon plus beau sourire. Le blanchiment dentaire coûte trop cher pour ne pas être mis en valeur. Il a son petit effet : Luke, bourré, s'enchante de me voir. Chris râle, il n'a rien contre moi cette fois, mais contre ma tenue, trop sage à son goût. Et Gerald...

Il n'a pas le temps de réagir. Le liquide coule sur ses cheveux et son visage. Le canapé blanc récupère les résidus, aussi bien que son polo blanc.

— T'as oublié la leçon ? Je t'ai déjà dit que les polos c'est pour les connards.

Personne n'a entendu. Je me suis penchée à son oreille de façon à laisser à ceux de derrière une jolie vue.

— T'es devenu un gros con, Gerald ?

Ma joue est si proche de sa joue, la tentation de lui mordiller l'oreille est grande. L'effet est réciproque, à moins que ce ne soit de la colère, sa respiration se fait plus violente contre ma peau. Il a glissé ses lèvres sur ma mâchoire, l'air de rien.

Je lui claque un baiser sur sa barbe de trois jours.

— Bon anniversaire, Gee !

— Alors, vous ne vous faites plus la gueule ? Demande Luke.

Il a l'air mièvre qu'il a constamment à cause de l'alcool. Je ne relève pas sa remarque. Officiellement Gerald et moi sommes toujours de très bons amis. En revanche, Chris a assez d'énergie pour ça.

— T'es vraiment débile. Elle vient de lui salir son Ralph Lauren.

— Bah en même temps, il lui allait pas très bien, lui répond mon ami.