41. Gerald

78 12 43
                                    

« You remind me every day I'm not enough, but I still stay »

Noah Cyrus – July

(Tu me rappelles chaque jour, que je ne suis pas assez, pourtant je reste.)



Juillet 2001, New-York.

Je n'ai pas dormi de la nuit. Les images de Gee prise par mon meilleur ami et son fiancé ne cessent de tourner dans mon crâne. Plusieurs fois, elle a embrassé ce connard devant moi, mais les voir si intime a arraché les miettes restantes de mon cœur. Après tout ce qu'on a vécu, je n'aurais pas cru ressentir cette douleur. Comme un mal sadique qui fini par plaire, je n'ai jamais autant désiré Grace que depuis que je ne peux plus la toucher. Tapis dans l'ombre de la salle de spectacle, comme un fan parmi tant d'autre, j'ai observé mes amis accéder à l'inaccessible.

Le chauffeur de taxi jette un coup d'œil dans le rétroviseur, surpris par mon rire. Après tout, Grace ne fait pas les choses à moitié. Malgré elle, son premier plan à trois était sur la scène la plus prestigieuse du monde. Je paie le taxi qui me dépose devant la dite salle. Le nombre de gens qui attendent d'entrer prouvent encore une fois à quel point Grace est exceptionnelle. Un vigile m'accompagne aux loges, à l'abri de l'œil curieux des paparazzi.

Là-bas, tout le monde court. Le spectacle commence dans une heure, pour les artistes c'est un jeu contre la montre qui a commencé. Le stress leur rappelle des détails qu'ils ont cru avoir réglés trois semaines plus tôt. Certains danseurs se maquillent, d'autres retouchent leurs coiffures et les derniers répètent la chorégraphie qu'ils sauraient, de toute façon, reproduire dans leur tombe. J'en reconnais certains de Julliard, d'après ce que j'ai compris, elle a demandé à la directrice l'autorisation pour monter sa propre compagnie avec les danseurs de son école. Ça ne m'étonne pas d'y retrouver des têtes d'affiches, elle n'a pris que les meilleurs.

Le vigile s'arrête devant la porte du fond, le nom de la star du jour y est imprimé en capitales. J'entre sans frapper.

— Et contre ma mère ?

Je n'ouvre pas complètement la porte. Elle est en pleine discussion. Sa voix est lourde, elle se retient de pleurer.

— Rien non plus.

La voix de l'homme qui lui répond sort d'un téléphone.

— Grace, tu devrais leur parler. Tu peux régler tes problèmes de famille sans menace ni meurtre.

— Rappelle-moi quand t'as du nouveau, dit-elle sèchement.

Je ne reconnais pas la voix de l'homme mais elle a l'air de lui faire confiance. Mon instinct me crie une chose : il en sait trop.

Il ricane à travers le haut parleur.

— Ça va faire deux ans que tu me le demandes toutes les semaines. Tes parents sont blancs comme neige, Grace.

— Ils sont loin de l'être.

Je glisse mon visage dans l'entrebaîllement. Elle retouche son maquillage, à l'aide d'une serviette, elle s'assure qu'aucune larme ne viendra le gâcher.

— Peut-être, dans ce cas ils le cachent bien. Trop bien. Même pour nous.

Il y a du bruit à l'arrière plan, il est dans la rue.

— Creuse plus, c'est ton métier.

Elle se lève pour s'approcher du téléphone. J'ai tout juste le temps de me cacher derrière la porte. Il rit encore.

Because of us ( TERMINÉE )Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang