Chapitre 56

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~Pov 1ère personne~

Mon souffle se dessinait dans l'air froid de ce mois de décembre, à chacune de mes expirations. De sublimes décorations illuminaient toutes les rues du pays et l'atmosphère se voulait festive à l'approche de Noël.

Mes chaussures faisaient craqueler l'épaisse couche de neige qui recouvrait le sol. Chaque pas était pour moi une véritable épreuve, une lutte pour ne pas atterrir sur les fesses.

Je ne supportais pas ce temps, c'était invivable pour une personne aussi frileuse que moi. Malgré le tee-shirt, surmonté d'un sous-pull, d'un pull et d'une grosse veste d'hiver, malgré l'écharpe, le bonnet, les gants et les bottes de ski dont j'étais vêtu, je savais que j'allais tomber malade.

En ce moment, je me trouvais au marché de Noël, en compagnie des deux personnes qui m'avaient forcée à sortir de mon lit bien chaud pour me traîner dans le froid, contre ma volonté.

Dans un premier temps, je m'étais plainte comme la fille chiante que j'étais habituellement mais... Maintenant, je devais le reconnaître, malgré le froid polaire auquel j'étais confrontée, c'était beau.

Mes mains étaient tenues par Ran et Rindou, respectivement placés à ma gauche et à ma droite. L'un était intenable, l'autre très calme. Un de mes bras allait bien, l'autre commence à s'engourdir à force d'être tiré, secoué et presque arraché.

"Regarde ça ! Ça t'irait bien, T/P ! Tu n'es pas d'accord ?" J'ai tourné la tête dans la direction que pointait impatiemment l'aîné Haitani.

Quand mes yeux se sont posés sur la source de son intérêt, sur cette fameuse chose qui m'irait supposément bien, j'ai bien cru que j'allais l'étrangler. C'était un putain de costume de vache laitière, un très laid à ça.

"Ça m'irait bien.. ? Ça m'irait bien ?! Gros con !" J'ai lâché sa main pour lui mettre une gifle. "Tu essaies de me faire passer un message peut-être ? Je t'en prie, exprime-toi si tu l'oses !" Il s'est contenté de rire, vraisemblablement amusé.

"Arrêtez... Les gens regardent, vous ne voulez pas finir la soirée en garde à vue, n'est-ce pas ?" Mon sourcil s'est haussé en signe de défi. Je ne me souciais pas de finir au poste.

Le regard suppliant de Rindou m'a fait céder et nous avons repris notre promenade, sans acheter l'horrible costume pour le plus grand malheur de Ran. De toute manière, même s'il l'avait pris, jamais je n'aurais accepté de le porter.

Nous sommes passés devant une multitude d'étals, ne nous arrêtant que pour regarder. La seule fois où nous avions acheté, c'était à un stand de dangos, histoire de ne plus avoir l'estomac vide.

J'ai mangé tranquillement alors que nous arrivions à la fin du marché. Les rues étaient toujours décorées, nous avons donc continué dans cette direction pendant que nous discutions de nos plans respectifs pour Noël.

"Notre mère rentrera pour passer le réveillon avec nous cette année !" Rindou semblait heureux à l'idée de la voir. Depuis le temps, j'avais pu la rencontrer de nombreuses fois et c'était une femme gentille, bien que très occupée.

"T'emballe pas trop, elle annulera sûrement encore." L'amertume que Ran éprouvait envers sa mère n'avait fait qu'augmenter avec le temps.

Il lui reprochait de ne pas avoir été assez présente lors de leur enfance et de lui avoir laissé l'éducation de son plus jeune frère sur le dos. En grandissant, ses reproches avaient grandi avec lui.

Je la voyais comme une mère célibataire qui se crevait le cul pour réussir à offrir le meilleur à ses deux enfants. Elle n'était pas abusive ou ne leur criait jamais dessus, elle avait simplement loupé la croissance de ses fils.

"Essais d'y croire un peu plus, Ran... Je suis persuadée qu'elle fera tout pour être avec vous deux." Même si elle était absente, je les enviais. Leur mère se souciait d'eux.

Il a baissé les yeux sur moi, me regardant avec une lueur de tendresse qui n'était réservée qu'à moi.

"Et toi, qu'as-tu prévu pour les fêtes ?" J'ai ralenti le pas, mâchant plus lentement mon dango pour me laisser le temps de réfléchir avant de lui donner une réponse.

"C'est vrai ça, on parle de nous mais... Qu'est-ce que toi tu vas faire ?" Maintenant, mes deux garçons avaient leur attention braquée sur moi.

"... Je vais le passer avec ma mère et ma grand-mère, j'imagine..." En fait, je n'avais absolument aucune idée de ce que j'allais faire ce jour-là.

"Si tu veux, tu n'as qu'à le passer chez nous." Aussi gentille que soit la proposition de Rindou, Noël était une fête de famille, je n'étais pas un membre de leur famille et puis... Même s'il le cachait, Ran, tout comme son frère, était impatient de passer du temps avec leur mère.

"Nan ça ira, mais merci." Je leur ai adressé un faux sourire. En y pensant bien, je n'étais même pas sûr de fêter Noël. Ma mère n'avait toujours pas pris de sapin et nous n'avions rien décoré.

À l'occasion, peut-être devrais-je demander à Satshiki ce qu'il prévoyait, le connaissant, il passerait certainement ce moment dans sa salle de sport avec les gamins sans foyer qui venaient s'y entraîner, il le faisait tous les ans, il n'y avait pas de raison pour que cette année soit différente.

Pendant que nous marchions, sans que je ne m'en rende compte, nous avons atteint un parc. Je ne l'ai réalisé que lorsque Ran s'est détaché de moi pour courir vers le lac. Un lac gelé et Ran au même endroit, 9A ne me disait rien qui n'aille.

" Ran, ne cours pas, tu vas glisser !" Tout comme moi, son frère l'a regardé faire, honteux du fait qu'il soit le plus âgé mais le moins responsable.

"... Il ne grandira jamais..." J'ai tapoté le dos de Rindou en signe de compassion.

Un cri provenant du principal intéressé à attiré notre attention. Il était agenouillé au sol, trempé jusqu'à l'os et rampant visiblement pour s'éloigner de la rive. Cet imbécile avait tenté de marcher sur la glace et c'est tout naturellement qu'elle avait cédé dès son premier pas.

"Ce n'est pas comme si je ne l'avais pas prévenu." Malgré, les appels désespérés de Ran, j'ai passé mon bras dans celui de son frère et j'ai commencé à m'éloigner. S'il écoutait ce qu'on lui disait, il ne rencontrerait pas ce genre de problème

Be my girl. TrOù les histoires vivent. Découvrez maintenant