Chapitre 66

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~Pov 1ère personne~

Le combat opposant le Tokyo Manjikai au Tenjiku s'était terminé par la mort de Izana et celle de Kisaki, celui qui avait conduit le dirigeant du Tenjiku dans sa tombe et mit Kakucho à l'hôpital.

La police avait été appelée et, nous autres, de la génération terrible, avions été embarqué au poste. Jamais je ne m'étais faite arrêter auparavant alors, contrairement à Ran, Rindou et les autres qui étaient assis dans une cellule de garde à vue avec des inconnus, pendant que des officiers se chargeaient de retrouver leur dossier, je me trouvais assise directement en face d'un agent.

Mon casier judiciaire était vierge, je n'étais nulle part en vue dans leur fichier. Puisqu'il s'agissait de ma première infraction, il y avait de la paperasse à remplir pour me rentrer dans le système.

"J'ai des informations selon lesquelles tu aurais gravement blessé un jeune homme mais..." Il m'a jeté un coup d'œil hésitant avant de continuer. "Et bien, tu n'as pas le look de quelqu'un comme eux..."

"Vraiment ? Maintenant il y a un look particulier à avoir pour tabasser quelqu'un ?" Il a toussé, mal à l'aise sous le regard que je lui lançais.

"Y a-t-il un parent que je pourrais contacter ?" Ma mère n'était pas une option, pourtant c'était mon seul parent.

"... Non..." Bien sûr, je pourrais le laisser l'appeler mais à cette heure-ci, elle devait sûrement être évanouie sur le canapé.

"Ton père ?" J'ai haussé les épaules. "Et ta mère ? Tu ne vas pas me sortir qu'ils sont morts, quand même ?!"

Il m'agace...

"Appelez ma mère si ça vous chante." J'ai poursuivi en lui dictant son numéro, puis j'ai attendu. Je la connaissais suffisamment pour savoir que cet appel allait très mal se passer et qu'en rentrant à la maison, si je rentrais, ce serait un cauchemar, elle n'allait pas me lâcher.

J'ai regardé l'officier s'éloigner un peu, son portable pressé contre son oreille. Je n'étais pas persuadée qu'elle répondrait du premier coup, mais j'ai su qu'elle avait dû décrocher. En prenant note de la posture tendue de l'officier et des coups d'œil hésitant qu'il me lançait, j'ai eu envie de rire.

Après une poignée de minutes où j'avais patiemment attendu, il est revenu s'asseoir sur son siège, de l'autre côté du bureau qui nous séparait. Il semblait moins qu'enchanté d'avoir eu affaire à ma mère, c'était une femme de nature désagréable.

"Aurais-tu une autre personne que je pourrais contacter ? Un adulte qui serait en état de venir te chercher." Il n'y avait qu'un seul adulte sur lequel je pouvais compter.

"Ouais..." J'ai été dans mes contacts avant de faire glisser mon téléphone vers l'agent. "Appelez-le, je pense qu'il viendra." S'il ne le faisait pas, personne d'autre ne le ferait.

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Une demi-heure s'était déjà écoulée depuis que l'agent de police qui m'avait questionné avait appelé Satshiki. Il me réprimanderait sûrement mais il ne me hurlerait pas dessus de manière insensée.

J'avais fini menottée à une chaise, non loin des agents, là où ils pouvaient garder un œil sur moi tout en évitant de m'enfermer avec des hommes louches. Durant les minutes qui s'étaient écoulées, Shion et Mochi étaient passés par un interrogatoire. En ce qui concernait mes petits amis, je n'avais aucune nouvelle.

J'imaginais qu'ils devaient être en train d'attendre leur tour bien sagement. De mon côté, je n'allais plus attendre bien longtemps étant donné que Satshiki venait tout juste de franchir les portes du poste de police.

Même avec la distance, je pouvais voir la contrariété qui déformait ses traits. Il a regardé autour de lui, jusqu'à ce que ses yeux croisent les miens. Après la contrariété, c'était du soulagement, puis de l'ennui qui traversèrent son visage.

Satshiki a approché un agent. Je les ai vu échanger quelques mots avant qu'un autre agent ne vienne me chercher pour me conduire jusqu'à celui qui lui avait fait signe.

"Il nous faut une adresse. Elle recevra une convocation au tribunal." Je suis arrivée juste à temps pour entendre ça. J'allais avoir un procès.

"Bien sûr, je vais vous donner la mienne." Il leur a donné l'adresse de sa salle, là où il vivait depuis qu'il avait vendu sa maison, et j'ai enfin été démenottée.

Une fois leur échange terminé, nous avons quitté le bâtiment ensemble. On ne m'avait pas autorisé à voir Ran et Rindou, même si j'en ignorais la raison.

"Comment est-ce que tu te sens ? J'ai appris pour ces gamins, ton ami." Je savais qu'il parlait de Izana, le flic avait dû lui dire.

"Ce n'était pas un ami... Un collègue tout au plus." Je ne le considérais vraiment pas comme un ami. En fait, à bien y penser, je ne pense pas que j'avais d'amis tout court. Autre Ran et Rindou, je n'étais proche de personne.

"Ça me va si tu ne souhaite pas en parler. Passons à autre chose, comment penses-tu que ta mère va réagir si tu lui dis ? Personnellement, je te conseillerais de ne pas lui parler de cette histoire." Nous avons atteint sa voiture et y sommes montés.

"Elle est déjà au courant. C'est la première personne que le flic a contacté." Il s'est visiblement tendu à cette information. Au fil des années, il avait entendu suffisamment de choses pour savoir que ça n'allait pas être une partie de plaisir lorsque je rentrerais.

"Reste chez moi pour la nuit. Je t'accompagnerai chez toi demain."

Alors qu'il avait commencé à rouler, je gardais les yeux tournés vers la fenêtre. Les événements de la soirée se rejoignent dans mon esprit. Izana était mort et Kakucho était à l'hôpital. Nous n'étions que des gamins et pourtant, nos choix nous confrontaient à des choses que jamais nous n'aurions dû vivre à nos jeunes âges.

À bien y penser, celui pour lequel je me sentais vraiment désolé était Kakucho. C'était le plus jeune d'entre nous, un collégien, qui devait maintenant faire face à la mort de son plus proche ami.

Une chose positive avait résulté de cette soirée, Ran et Rindou allaient bien. Qu'aurais-je fait s'ils avaient été ceux qui s'étaient fait tirer dessus ? Comment aurais-je réagi ? Que me serait-il arrivé si je les avais perdus ?

J'avais la nausée rien que d'y penser. Il fallait à tout prix que ça s'arrête, les gangs. Avec la mort de Izana, le Tenjiku était mort avec lui, je ne faisais plus partie de gangs et je ne comptais pas en rejoindre un à nouveau.

Maintenant, en admettant que le procès auquel j'assisterai se passerait bien... Je comptais finir mes études et obtenir mon diplôme. L'université n'était pas faite pour moi alors les chances pour que j'y aille était nulle, je me trouverai un travail correct. La dernière variable pour mon minable plan de vie était les frères Haitani et les choix qu'il prendrait à l'avenir. 

Be my girl. TrWhere stories live. Discover now