Chapitre 4

35 9 6
                                    

Je décidai de faire confiance à cette fille, malgré le fait qu'elle croyait en la magie (ce que je trouvais impossible, même si apparemment, j'avais atterri dans un autre monde), et que je ne connaissais rien d'elle, pas même son prénom. J'avais l'étrange impression de déjà la connaître, mais j'étais persuadé de ne jamais l'avoir vue avant d'arriver ici. Une fille comme elle, je pense que je m'en souviendrais !

Il fallait que je me concentre sur notre fuite. Car je doutai du fait que la magie nous vienne en aide.

- Qu'est-ce qu'on attend, alors ? m'exclamai-je brusquement. Où est ton fameux passage secret ?

La fille me regarda. Longtemps. Je l'observai à mon tour, un peu gêné, et elle arrêta, puis se tourna un moment vers la porte. Et enfin, elle me répondit :

- Juste là.

En me montrant le mur en face de celui que j'avais frappé quelques instants plus tôt. Mur qui était lisse, sans aucun levier ni autre mécanisme pour l'ouvrir.

- Comment comptes-tu l'ouvrir ? demandai-je à la fille, sceptique.

- Je vais l'ouvrir avec ma magie. Mais il faut y croire, ajouta-t-elle en me regardant fixement avant de détourner rapidement les yeux pour les fermer.

Je vis qu'elle se concentrait. Ses mains tremblaient. Puis elle rouvrit les yeux.

- Arrête de m'en empêcher ! s'exclama-t-elle.

Je ne sus pas de quoi elle parlait. Je ne fais absolument rien. Elle referma les yeux, puis les rouvrit à nouveau brusquement, l'air profondément agacée. D'un doigt, elle m'indiqua le coin de la pièce le plus éloigné d'elle. J'allais m'y assoir sans discuter, et elle parut enfin se détendre.

Mais, même après quelques minutes de silence et de concentration de sa part, le mur ne bougeait toujours pas.

- Qu'est-ce que nous allons faire ? demanda la fille à voix haute, en regardant vers le haut.

Je n'avais jamais cru en Dieu, mais cette fois-ci, je me dis que je pouvais quand même tenter de l'implorer. Le problème, c'était que je ne savais pas comment faire. Il y avait-il une méthode particulière ?

- Ils arrivent, murmura la fille, plus pour elle-même que pour moi.

Je m'aperçus avec étonnement qu'elle pleurait. Comment faire pour réconforter une fille ? Ce furent les larmes sur ses joues qui me décidèrent. J'implorai Dieu de nous accorder sa clémence :

- S'il-Vous-plaît, protégez-nous !

C'était peut-être un peu direct, mais je pouvais toujours essayer.

Et là, il se passa quelque chose d'incroyable. Une lumière dorée éblouissante inonda brusquement la pièce. Je me couvris d'abord les yeux de mes mains, puis les retirai, curieux de savoir ce qu'il allait se passer ensuite. Était-ce réellement Dieu qui descend des Cieux pour nous aider ?

Une boule blanche se trouvait au centre de la pièce, nimbée de la lumière dorée. L'étrange boule blanche paraissait...brisée en deux parties égales. Comme le symbole du yin et du yang, un côté était noir d'encre, tandis que l'autre n'était qu'un innocent blanc pur.

La boule éclata soudain en minuscules particules qui se dissolurent dans l'air de la pièce.

Je me tournai vers la fille. Peut-être avait-elle compris cet étrange phénomène ? Mais elle avait l'air aussi surprise que moi ; ses yeux vairons étaient écarquillés en regardant l'endroit où était apparue la mystérieuse boule.

Soudain, un claquement sec résonna dans la petite pièce, et le mur du fond s'ouvrit brusquement en deux.

- Tu as réussi, souffla la fille en me fixant, une expression indéchiffrable sur le visage.

Je me raclai la gorge.

- C'est simplement un miracle, je répondis en m'avançant vers l'ouverture.

Le mur était en terre, et l'intérieur du passage en pierre.

- Où mène-t-il ? demandai-je.

- Nous verrons bien, me dit-elle en s'engouffrant dans le passage.

Je restai planté devant l'entrée, hésitant.

- Dépêche-toi ! cria-t-elle, les yeux soudain fermés. Elles arrivent !

En effet, j'entendis quelques secondes plus tard des petits grattements, comme si elles creusaient la terre pour rentrer dans le terrier où nous étions cachés. Ce bruit me décida, et je m'élançai vers le passage, au moment où il se referme. Je glissai sur le sol jusqu'à l'étroite ouverture, me brûlant ainsi le dos et les jambes à travers mes vêtements.

Je me relevai de l'autre côté, époussetant la terre qui s'était accrochée à moi. J'entendis un second claquement, ce qui signifiait que la porte du passage venait de se refermer.

Nous nous retrouvâmes dans le noir. La fille alluma un de ses doigts. Ses yeux brillaient au-dessus de la faible lueur. Elle me regarda avec curiosité, puis posa son doigt lumineux sur mon épaule. Instinctivement, je reculai. La lumière, c'était chaud, donc c'était censé me brûler. Mais, bien au contraire, elle me refroidit, comme si j'étais déjà brûlant de chaleur.

Puis, au bout d'un moment, je m'illuminai peu à peu, comme une fleur qui s'ouvre. Je contemplai mon corps lumineux avec ébahissement, puis considérais la fille, qui avait éteint son doigt. Je surpris une certaine douceur dans ses yeux.

- Éthéas, me présentai-je en lui tendant une main lumineuse.

Son expression se fit instantanément plus dure, sans que je comprenne pourquoi.

- Tu peux m'appeler Rose, répondit-elle tout de même.

Et elle commença à marcher.

Je devinai que le prénom qu'elle m'avait donné n'était pas le sien. J'avais l'impression que c'était la première fois que quelqu'un lui demandait son prénom. Je ne voulais pas la brusquer ni la contrarier, aussi marchai-je en silence à sa suite, éclairant l'étroit passage de ma lumière.

Et je révisai mon opinion : la magie existait bel et bien. J'en avais la preuve devant les yeux.

Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]Where stories live. Discover now