Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]

Chapitre 24

C'était un dôme doré et scintillant, qui paraissait tissé avec des fils.

- Qu'est-ce que c'est ? demandai-je, ébahi, à Rose.

- Une protection, me répondit-elle.

Je fronçai les sourcils.

- Une protection ? Mais de quoi ?

- Du château.

La réponse de Rose me parvint une seconde trop tard. Elle continua à parler, mais je ne l'écoutais déjà plus, subjugué par ce magnifique palais qui se tenait devant nous.

Le château, d'un blanc pur, était construit à flan de montagne et dominait ce qui me semblait être une ville. Même moi, qui me trouvais pourtant dans le ciel, j'avais l'impression d'être écrasé par sa grandeur...

- Éthéas ! m'interpela Rose. Tu m'écoutes ?

- Non, désolé. Tu disais ?

- C'est le premier lieu dans lequel nous devons chercher la Prophétie. Peut-être que le roi la garde précieusement.

- Mais alors...Il la connaît déjà, non ?

- Non. Il ne peut pas la connaître, car ne nous sommes pas encore arrivés. Si tu préfères, la Prophétie va en quelque sorte "se réveiller" lorsque nous la trouverons. Et là... Si elle tombe entre de mauvaises mains, nous sommes fichus.

- D'accord...

- Il nous faut atterrir, maintenant. Est-ce que tu vois un endroit où Trù pourrait se poser ?

Je cherchai un endroit dépourvu d'arbre des yeux.

- Là ! m'écriai-je en pointant du doigt l'endroit en question.

Mais Rose secoua la tête quand elle suivit la direction que je lui indiquais.

- Un endroit en dehors du dôme doré, ajouta-t-elle.

Ahhh ! Voilà qui changeait tout ! Alors que nous survolions les montagnes, je criai :

- Ici, sur la montagne ! Il y a un plateau !

Rose demanda aussitôt à Trù d'aller là-bas. Ce n'était pas très loin du dôme doré. Mon estomac fit un soubresaut lorsque Trù atterrit enfin. Je sautai à terre, pressé de me dégourdir les jambes.

- Rose...

- Oui ?

- Comment se fait-il que je n'ai pas eu le vertige, même en regardant en bas ?

- Le dôme, me répondit-elle simplement.

Elle finit par développer :

- C'est assez difficile à expliquer et étrange, mais le dôme contrôle tout. Et tes peurs, il les fait disparaître.

- D'ailleurs...Qu'est-ce que ce dôme ? A quoi il sert ?

- Je te l'ai déjà dit, Éthéas. Il sert à protéger le château.

- Mais le protéger de quoi ? insistai-je.

Elle hésita.

- Des imposteurs, révéla-t-elle. Les gens qui ne vivent pas dans la ville ou dans le château ne sont pas les bienvenus.

Je frissonnai.

- Et qu'allons-nous faire ?

Rose me sourit tristement. J'eus un mauvais pressentiment.

- Pénétrer à l'intérieur de ce dôme.

- Mais...C'est impossible ! Tu viens de dire que nous n'étions pas les bienvenus !

Elle acquiesça gravement.

- Effectivement. Tu te rappelles de ce que je t'ai dit à notre rencontre ?

- Tu as dit tellement de choses... De quoi parles-tu ?

- Je t'ai dit que cette aventure serait dangereuse. Que cela équivalait à une mission-suicide.

Je chancelai.

- Que risquons-nous, si on nous découvrait ?

Rose serra les mâchoires puis prononça lentement :

- Beaucoup.

- C'est-à-dire ? m'enquis-je.

Il fallait que je sache. Comme ça, je serai plus motivé.

- Tu veux tout savoir ?

J'acquiesçai, et Rose prit une grande inspiration.

- Pour moi, ce serait enfermement, torture, et pendaison. Pour toi...Comme tu ressembles à une humain, tu aurais droit à enfermement, torture lente et deux fois plus douloureuse que moi, et tu serais brûlé vif.

Je déglutis.

- On ne va pas y arriver.

Rose me décocha un regard furieux.

- Il le faut. Si tu y vas en te disant ça, c'est sûr que tu seras mort avant d'avoir tenté quoi que ce soit.

- Et si la Prophétie n'est pas dans le château ?

- Eh bien... Si nous avons de la chance et que nous arrivons à nous enfuir, il faudra aller chercher ailleurs. Si nous n'avons pas de chance...nous mourrons.

Rose se dirigea vers le bout du plateau, près du vide. Elle me tendit la main.

- Prêt, Éthéas ?

J'attrapai sa main dans la mienne et la serrai.

- Non. Et toi ?

Elle esquissa un bref sourire, qui illumina tout son visage.

- Non. Mais nous n'avons pas le choix.

Je soupirai. Rose serra brièvement ma main.

- Nous réussirons, Éthéas. Nous ne mourrons pas.

A moitié rassuré, je hochai la tête.

Et nous sautâmes dans le vide.