Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]

Chapitre 61

Rosessa était là, allongée sur le sol. J'aurais pu reconnaître sa silhouette entre mille !

Je me précipitai aussitôt vers elle, baissant ma garde. Je tombai à genoux près d'elle, et pris ses mains entre les miennes.

A mon contact, elle ouvrit les yeux.

- Éthéas ?

Elle me parlait à présent normalement. Elle n'était plus en colère contre moi, contre ce que j'avais fait, contre qui j'étais. J'en fus soudain soulagé.

- C'est moi.

- Tu es là, murmura-t-elle.

Elle cligna des paupières, mais je la secouai (peut-être un peut trop brutalement) par les épaules.

- Ne te rendors surtout pas !

Elle porta une main à sa tête.

- Que s'est-il passé ?

Je scrutai son visage.

- Tu ne te souviens de rien ?

Elle s'agita.

- Non, pourquoi ? Où sommes-nous ?

- Sur une île, dans un temple. Tu ne te souviens vraiment de rien ? répétai-je, angoissé.

Elle ouvrit la bouche, mais n'eut pas le temps de répondre, car une silhouette apparut dans mon champ de vision.

Je me relevai immédiatement et avisai Luzraël. Je ne fus aucunement surpris de la trouver là.

- N'approche pas !

Bien sûr, il ricana, et marche à grands pas vers moi. Je serrai les mâchoire, me plaçant devant Rosessa, avec l'intention de la protéger, au cas où les choses tourneraient mal. Et il y avait de très fortes probabilités pour que ça tourne mal... Luzraël et moi, dans la même pièce, tous les deux en colère, ça faisait généralement des étincelles... Au sens propre comme au sens figuré, d'ailleurs !

- Qui est-ce ? demanda Rosessa.

Elle ne se souvenait apparemment de rien du tout !

- Il s'appelle Luzraël. Et il n'est pas particulièrement sympathique, déclarais-je, entre mes dents serrées en m'en faire mal à la mâchoire.

Luzraël regarda Rosessa derrière moi d'un air satisfait, ce qui me hérissa le poil.

- Tu es content, ça y est ? Tu voulais m'atteindre, me faire du mal, en t'en prenant aux gens que j'aime... C'est fait, bravo !

Ma voix frémissait de rage, que je peinais à contrôler. Combien de temps avant que je ne me jette sur lui ?

Il croisa les bras et m'adressa un sourire goguenard.

- Ce n'est que le début, Éthéas.

Je me crispai.

- Je ne te laisserais pas faire à nouveau du mal à Rosessa !

- Rosessa ? (Il jeta un coup d'œil derrière moi.) Ah. Il semblerait que je n'ai pas percé tous les secrets de cette demoiselle...

- A nouveau ? Qu'est-ce qu'il m'a fait, Éthéas ?

- Si tu ne lui racontes pas, je peux m'en charger...

- Non ! Tu ne l'approches pas !

- Tu ne pourras pas la protéger indéfiniment, tu sais.

- Tu viens d'avouer que tu y étais pour quelque chose. Rosessa n'était plus la même, et tout ça était de ta faute ! Tu as menti !

- J'ai toujours excellé dans l'art du mensonge...

Luzraël eut le culot de me sourire. Mais cela restait froid, sans vie.

- Que s'est-il passé ? Pourquoi ne veux-tu rien me dire ? Éhtéas ! Explique-moi, enfin !

La voix de Rosessa était pressante. Très pressante. Alors que je m'apprêtai à lui répondre, quelqu'un (que je commençais à bien connaître) nous interrompit :

- Je vais te montrer, Rose-Essaline, ce que tu souhaites savoir.

Personne n'eut le temps de rétorquer quoi que ce soit.

Mon crâne parut se fendre en dents, et mes ongles me lacérèrent la peau du bras tant j'avais mal.

- Tu vas tout voir dans l'esprit d'Éthéas.

Le noir se fit, et je m'écroulai sous des cris inquiets.