Chapitre 32

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Je me retrouvai sous terre, dans un tunnel sombre, comme si cette conversation avec cette étrange femme retenue prisonnière par le roi n'avait jamais existé.

Je me rendis compte, encore un peu chamboulé par cette rencontre imprévue, que des marches inégales en pierre se trouvaient devant moi. Je les gravis, mais le haut de ma tête heurta violemment quelque chose de dur. Avec mes doigts, à l'aveugle, j'entrepris donc de tâter le plafond au-dessus de moi. Ma paume rencontra une plaque de bois. Comme le reste du plafond était de terre et de pierre, je songeai qu'il devait s'agir d'une trappe.

Alors je la poussai le plus fort possible, mais elle était particulièrement lourde. Après de nombreux essais, je parvins finalement à l'ouvrir. La lumière de l'extérieur m'éblouit. Lorsque j'émergeai hors du tunnel, je vis le ciel à travers le dôme, ce qui m'indiqua que je me trouvais encore dans la capitale. La femme m'avait laissé du temps pour aller chercher Rose. Mais il fallait que je me dépêche, avant que le roi ne se rende compte de ma présence dans sa ville.

J'étais dans un ancien puits, dans un joli jardin bien entretenu. Je sautai par dessus le rebord en pierre et atterri dans l'herbe. Il n'y avait aucun bruit, c'était le silence total.

Je me redressai doucement et avisai une petite porte sur ma droite, encastrée dans la haute haie bien taillée. Je me dis qu'il devait sûrement s'agir d'un petit portillon donnant sur la rue.

Alors, après avoir regardé à droite et à gauche pour m'assurer que personne ne m'épiait, je marchai jusqu'à la petite porte et abaissai la poignée. La porte eut du mal à s'ouvrir, entravée par quelques branches. Après quelques essais, je parvins à l'ouvrir et je m'empressai de la passer pour la refermer derrière moi.

Je jetai un coup d'œil partout là où je pouvais. Je ne comptais pas me faire surprendre par quoi que ce soit. Il fallait que je trouve Rose, et que nous ressortions de sous ce dôme le plus vite possible.

La luminosité baissait. Il fallait que je me dépêche.

En marchant, je ne pus m'empêcher de regarder fréquemment derrière moi. J'avais la désagréable impression que quelqu'un me suivait. Alors je pressai le pas, jusqu'à arriver à une petite place fleurie. Il n'y avait personne, et tout était silencieux, mort. Et il faisait de plus en plus sombre.

Les rideaux n'étaient pas tirés derrière les fenêtres, ce qui me rassura : le roi n'avait pas encore donné l'ordre de se cloitrer chez soi. Alors ils devaient encore être tous dehors, mais où ?

Je longeai les bâtiments, sans trop savoir où chercher, où aller pour trouver Rose.

Je tombai miraculeusement sur une rue encore éclairée. Il y avait un parc. Je m'empressai de rentrer à l'intérieur, mais dès que je vis tout le monde rassemblé, je grimpai dans un arbre.

A travers les branches, j'observai ce qu'il se passait en bas. Il y avait des chaises, et tout au bout, une estrade. Ce qui me semblèrent être des gens de la capitale étaient assis sur ces chaises en silence. Je cherchai la tête de Rose parmi eux, et la trouvai sans trop de difficulté, comme si j'avais un sixième sens pour la repérer.

Une personne était debout sur l'estrade et parlait. De là où j'étais, je ne pouvais pas entendre ce qu'elle disait, mais tous l'écoutaient religieusement, les mains jointes sur les genoux. La personne qui s'exprimait était une grande créature toute grise.

Soudain, tout le monde se leva. Les chaises disparurent sous mes yeux ébahis, et ils se mirent tous à la queue leu-leu devant l'estrade.

Je regardai attentivement la première personne se présenter. C'était une femme, avec des cheveux turquoise et des petites cornes. Elle grimpa sur l'estrade et la créature grise lui fit toucher un gros cristal doré qui se trouvait derrière elle.

Je retins un cri. La femme disparut brusquement, purement et simplement, comme si elle n'avait jamais existé. Par contre, le dôme doré au-dessus de ma tête se renforça.

Après que quelques personnes soient passées et que la même chose se soit passée, je compris : ces gens mourraient ce soir pour renforcer la puissance du dôme.

Ils allaient tous mourir devant moi, et je ne pouvais rien faire pour empêcher que ça arrive.

Et le pire, c'était que Rose se trouvait parmi eux.

Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]Where stories live. Discover now