Chapitre 42

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Mes yeux s'ouvrirent.

Je m'appuyai sur un coude pour me redresser, mais je hurlai de douleur et retombai au sol. J'avais affreusement mal aux côtes, là où cet abruti de Luzraël m'avait frappé. C'était la première fois que je me prenais des coups, des vrais, qui faisaient mal, et qui n'étaient pas pour plaisanter.

Je soulevai mon haut et baissai la tête pour regarder mes blessures. Bon. Je n'étais pas médecin, mais ça ne m'avait pas l'air si grave que ça, par bonheur !

J'avais à présent la confirmation que Luzraël n'était pas quelqu'un de bien. Il en avait après moi et Rosessa, mais faisait celui qui était tout gentil avec Rosessa, pour je ne sais quelle raison.

En serrant les dents pour contenir ma douleur irradiant de mes côtes, je m'asseyais sur le sol. Je regardai autour de moi. Rosessa était toujours endormie, Trù gisait à côté d'elle, mais il n'y avait pas la moindre trace de Luzraël...

Je ne m'appesantis pas sur le sujet et me levai pour voir Rosessa.

Je pris son pouls au niveau du poignet, et soupirai de soulagement. Elle respirait encore !

Pour la première fois depuis que j'avais utilisé ma magie, je me sentais faible. Comme si j'avais épuisé ma réserve magique...

- Rosessa, murmurai-je. Réveille-toi, s'il te plaît...

- Elle ne se réveillera pas, fit la voix de Luzraël derrière moi.

Je me retournai, aussi vite que mes côtes me le permettaient. Méfiant, je le scrutai. Il allait peut-être encore tenter de me jeter contre une des parois rocheuses de la caverne, et j'avais épuisé toute ma magie. Je devais être prudent.

- Comment ça, elle ne se réveillera pas ?

Il pencha la tête sur le côté, un peu comme s'il s'interrogeait, ou qu'il était en pleine réflexion sur sa réponse. Mais je savais qu'il connaissait déjà la réponse qu'il allait me fournir, mais qu'il voulait encore jouer avec moi.

Très bien. Dans ce cas, jouons. Que le meilleur gagne !

- Elle ne se réveillera que si je le décide.

Je plantai mes ongles dans mes paumes pour contenir ma colère.

- Qu'est-ce que tu entends par "si je le décide" ?

- N'est-ce pas évident, mon petit Éthéas ? se moqua Luzraël. Je l'ai plongée dans un sommeil magique !

Il paraissait si heureux, si euphorique... J'en eu la nausée.

- Et... ? Que faut-il que je fasse pour que je la réveille ?

- Oh... Fais comme dans La Belle aux Bois Dormants, gloussa-t-il.

J'écarquillai les yeux, puis me repris.

- Je sais que ce n'est pas ça.

- Mais c'est que tu es doué à ce petit jeu, dis donc !

- Arrête de te moquer de moi !

- Sinon quoi ?

- Je sais que tu es un imposteur !

Il rejeta la tête en arrière et éclata d'un rire lugubre.

- Tu en es bien certain ? Regarde-toi, Éthéas. (Il se mit à compter sur ses doigts.) Tu n'as rien qui fait de toi l'Élu. Ta magie est médiocre, tu es déjà épuisé, alors que je suis en pleine possession de ma puissance ! Tu ne connais pas ce monde...

- Pourquoi est-ce que tu lui as fait du mal ? demandai-je en indiquant Rosessa allongée.

Il me sourit soudainement d'un air machiavélique.

- Je ne la fais pas souffrir, que je sache. C'est toi que je fais souffrir en ce moment-même.

- Et je peux savoir pourquoi ?

Il devint rouge de colère.

- C'est toi l'imposteur, Éthéas ! Toi qui t'appropries mon rôle depuis le début !

- Et qu'est-ce que tu en sais, si tu es l'Élu ou non ?

- J'ai fait les rêves !

- Et qu'est-ce que ça prouve ? J'en ai fait aussi.

Je vis dans son regard qu'il était pris au dépourvu par ma réplique.

- Tu n'as pas fait LE rêve que Rose et moi avons fait.

- J'en ai fait d'autres. Que tu n'as pas forcément fait, d'ailleurs.

- Je les ai forcément faits !

- Même Rose ne les a pas faits !

Je ne prononcerai pas le surnom que je lui avais donné devant Luzraël. Il ne devait pas savoir.

Il ouvrit la bouche, mais je lui coupai l'herbe sous le pied.

- Elle a dit que je resterai avec vous jusqu'à ce que vous trouviez cette fichue Prophétie ! Je resterai, et nous verrons bien à ce moment-là qui est l'Élu ou non.

Ma voix portait le ton du défi. Luzraël l'avait senti lui-aussi, car il étrécit soudain les yeux.

Je me relevai et nous nous avançâmes face à face, nez à nez.

- Que le meilleur gagne, dit-il, ses yeux noirs et vides dans les miens.

Je me fis la réflexion que c'était bizarre.

Car il s'agissait justement de la même phrase que j'avais dite un peu plus tôt, dans ma tête.



Le Monde Interdit T1 [EN RÉÉCRITURE]Where stories live. Discover now